Dans « The Substance », Demi Moore éventre le culte de la jeunesse à grands éclats d’hémoglobine
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Dans « The Substance », Demi Moore éventre le culte de la jeunesse à grands éclats d’hémoglobine

Dans « The Substance », Demi Moore éventre le culte de la jeunesse à grands éclats d’hémoglobine

CINÉMA – Quand Dorian Gray rencontre Frankenstein. Le film d’horreur Le fond de Coralie Fargeat, Prix du Scénario du 77e Festival de Cannes, sort en salles ce mercredi 6 novembre. Cette fable tragique et folle sur l’âgisme et le culte de la beauté met en scène Demi Moore face à Margaret Qualley. Âmes sensibles s’abstenir.

Ce n’est un secret pour personne, à Hollywood (et ailleurs), la lutte contre les signes du temps qui passe est bien réelle. Cela se fait pour les plus aisés avec des scalpels et des injections. Coralie Fargeat a imaginé une autre voie.

Dans Le fondDemi Moore est Elisabeth Sparkle, une ancienne star de cinéma reconvertie dans le fitness. Quand son patron (interprété par le terrible Dennis Quaid) lui dit « à 50 ans, c’est fini » avant de la virer, elle coule. On lui propose alors une solution pour retrouver une forme de jeunesse : « La Substance ». Grâce à un processus franchement écoeurant, elle donne naissance à un sosie. L’emballage promet même « une meilleure version d’elle-même » : Sue, jouée par Margaret Qualley.

Margaret Qualley, la doublure de Demi Moore

Le principe est simple, l’un vit sa vie normale pendant sept jours avant d’échanger avec l’autre. Sue, que le réalisateur choisit de sexualiser à l’extrême dans des vêtements en latex ultra moulants, avec de nombreux gros plans de ses fesses, devient instantanément une star. La seule règle pour les deux femmes qui ne font qu’une, c’est de respecter cet horaire précis, sinon les circonstances sont dramatiques. Et surtout dégoûtant.

Christine Tamalet Margaret Qualley dans le rôle de Sue dans « The Substance »

Christine Tamalet

Margaret Qualley dans le rôle de Sue dans « The Substance »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Coralie Fargeat, à qui l’on doit aussi le film Vengeancemaîtrise son sujet. Dès la première minute du film, le ton est donné, on ne pourra échapper à l’horreur, à moins de fermer les yeux et de se boucher les oreilles. Chaque son est amplifié, les très gros plans permanents. Autant vous prévenir : si vous tremblez en voyant une aiguille chez le médecin ou lorsque votre voisin saigne du nez, vous n’êtes pas fait pour Le fond.

Et cela monte crescendo au cours du film, pour se terminer par une explosion de sang, de chair putréfiée et d’organes à l’air libre. Bref, la promesse de l’horreur corporelle est plus que respectée. Mais l’excès d’hémoglobine n’est pas vain et sert à quelque chose. Le fond vise à remettre en question le culte de la jeunesse, cette course contre la montre qu’elle est finalement impossible de gagner.

L’horreur corporelle contre l’âgisme

Pour ce faire, Demi Moore accepte de se mettre littéralement à nu pendant une bonne partie du film. Force est de constater que l’actrice de 61 ans, devenue plus rare à Hollywood ces dernières années, a encore quelque chose à son actif, et surtout, beaucoup de recul. Elle a déclaré dans une interview avec Le Gardien début septembre, le scénario ressemblait fortement à ce qui se passe aujourd’hui dans l’industrie du cinéma.

 » Une femme fait très vite face au rejet et donc au désespoir. Tout ce qui avait un sens pour elle lui a été retiré. La conséquence est cette violence incroyable. Pas celui qu’on nous impose, mais celui qu’on s’inflige », a expliqué l’actrice. Avant d’ajouter : « C’est brutal. On se juge, on recherche la perfection, on essaie d’effacer les défauts que l’on voit, parfois on aggrave les choses. »

Le fond est donc aussi un film sur la vanité et le culte de la beauté à tout prix, et pour incarner cet idéal, le réalisateur a choisi Margaret Qualley. Mannequin et star montante du cinéma, la fille d’Andie MacDowell a déjà prouvé qu’elle n’était pas une bimbo Femme de ménage Ou Pauvres créatures.

Oui, Le fond en fait parfois trop, poussant volontairement les spectateurs à rire de l’absurdité et du ridicule du gore poussé à l’extrême. Mais avec les influences de La mouche par Cronenberg, ou encore par Carrie par Brian de Palma, Le fond remporte son pari très risqué. Mais cela ne nous a pas empêché de détourner le regard plus d’une fois.

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