« Dans l’ombre », série passionnante au coeur des machinations politiques françaises – rts.ch
Adaptée du roman éponyme légèrement édité de l’ancien Premier ministre français Edouard Philippe et du député européen Gilles Boyer, la série « Dans l’ombre » de Pierre Schoeller propose six épisodes palpitants sur une course à la présidence vue de l’intérieur. On peut le voir sur France 2 à partir du 30 octobre.
En 2024, l’informatique est devenue incontournable et l’idée d’une fraude au vote électronique lors d’une investiture de droite est un excellent point de départ pour une série palpitante. Cynisme, paranoïa, suspicions, suspense, rencontres tendues et rencontres folles sont les ingrédients de ce thriller politique stressant, filmé tantôt comme un documentaire, tantôt comme un thriller glaçant, et porté par Melvil Poupaud, Swann Arlaud et Karin Viard.
Un thriller politique captivant
Le premier est le candidat Paul Francoeur. Coincé dans un fauteuil roulant suite à un banal accident de la route, ce veuf, ex-ministre, s’est convaincu qu’il pouvait relancer la France. Pour conquérir l’Elysée, il s’appuie sur son ami César, l’archétype même de l’apparatchik célibataire qui sacrifie sa vie pour lui depuis vingt ans. Enfin, Marie-France Trémeau, grande perdante de l’investiture, mais indispensable à Francoeur pour remporter la présidentielle, reste lucide. Elle sait que « la France est féminine, mais le pouvoir est masculin ».
Dans cet infernal panier de crabes, la conseillère en communication Marylin (Evelyne Brochu) et le directeur de campagne Le Major, un cadre lourdaud incarné divinement par Philippe Uchan, travaillent eux aussi jour et nuit pour leur candidat. Mais l’entourage de Francoeur doit rester sur ses gardes, sans trop en dévoiler face à l’auteur aussi arrogante qu’agaçante Leïla Argument, incarnée par l’impeccable Maud Wyler, autorisée à suivre ce coin de campagne cher à Depardon pour laisser un trace en librairie.
Une série digne de « House of Cards » et « Black Baron »
« In the Shadow » rivalise largement avec ses prédécesseurs « House of Cards » ou « Black Baron », tant la tension contamine chaque épisode de la série. Si la matière première du livre était déjà très prometteuse, le choix d’en confier la réalisation à Pierre Schoeller s’est avéré déterminant dans la réussite de l’entreprise. En 2011, il réalise le captivant « L’exercice de l’Etat », les coulisses du pouvoir racontées sous un angle humain avec le duo Olivier Gourmet et Michel Blanc.
La mise en scène de « In the Shadow », incisive avec cette caméra plongée au plus près des visages tendus, dans cet environnement politique jugé impénétrable, renforce à merveille la nervosité ambiante. Dans cette atmosphère parfois étouffante, quelques réponses jubilatoires éclatent : « Si Francoeur a la France dans son cœur, heureusement qu’il ne s’appelle pas Francu ! », a lancé l’apparatchik avec une pointe de cynisme en critiquant un clip de campagne moche.
Cynisme et coups bas
Dans ce monde où les coups bas sont non seulement autorisés, mais largement encouragés, ce n’est pas tant de savoir qui a truqué la nomination qui compte, mais plutôt de comprendre comment contrôler la presse, tromper la justice et apaiser les adversaires. pour ne pas compromettre la victoire finale.
A l’heure où les politiques souffrent d’une grave crise de confiance, les partisans du « tout pourri » se régaleront avec « In the Shadow ».
Philippe Congiusti/sf
« Dans l’ombre » de Pierre Schoeller, avec Swann Arlaud, Melvil Poupaud et Karin Viard. À voir sur France 2 et france.tv à partir du 30 octobre 2024.