Les nouvelles les plus importantes de la journée

Dans l’est de la France, des Ukrainiens déplacés sommés par l’État de rentrer chez eux

Dans l’est de la France, des Ukrainiens déplacés sommés par l’État de rentrer chez eux
Des ressortissants ukrainiens se dirigent vers un centre d'accueil, après leur arrivée à l'aéroport Paris-Beauvais, à Tillé (Oise), le 2 mars 2022.

Olesia Bolhunovska a une maîtrise très approximative de la langue française. Mais, quand on demande à cette Ukrainienne de 41 ans ce qu’elle a ressenti lorsqu’elle a reçu, le 7 octobre, une lettre lui demandant de restituer le logement, loué par une association, qu’elle occupe à Thionville (Moselle), les mots fusent : «C’était un choc, une panique. » Originaire de Kharkiv, elle a fui l’Ukraine en mars 2022 avec sa mère, âgée de 63 ans, et son fils de 11 ans : « Des bénévoles nous ont amenés de la frontière polonaise au Luxembourg. De là, nous sommes allés à Thionville, où j’avais un ami. Au début, je n’ai pas trop essayé. Je pensais que le conflit ne durerait pas. Mais cela s’éternise et la situation est chaque jour plus difficile à Kharkiv. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Europe, les conditions d’accueil des réfugiés ukrainiens remises en question par plusieurs pays

Depuis fin septembre, dans la région Grand-Est, des dizaines de déplacés comme elle ont été sommés de restituer les logements qui avaient été mis à leur disposition par les associations, le plus souvent avant le 31 octobre, veille des vacances d’hiver. Les associations ukrainiennes admettent que dans d’autres régions, « le passage vers un autre logement a été géré en amont, en douceur, sans tensions majeures »mais notez qu’à l’Est, « L’accompagnement par l’intégration n’est pas allé jusqu’au bout ».

Les associations locales d’hébergement, à l’origine des lettres d’expulsion, affirment agir à la demande des services de l’Etat. Certaines lettres reçues par les déplacés détaillent les raisons de cette décision : « Toutes les démarches nécessaires à l’insertion professionnelle et à l’autonomisation n’ont pas été suffisamment réalisées pour vous inscrire dans un parcours d’intégration globale sur le territoire »indique un courrier signé par l’Association d’accueil et de réinsertion sociale de Meurthe-et-Moselle. Elle invite ensuite les concernés à trouver une solution personnelle de relogement : « À défaut, une orientation vers un hébergement d’urgence pourrait être proposée, sous réserve de places disponibles. »

Les personnes déplacées ukrainiennes bénéficient d’un statut particulier au sein de l’Union européenne : un permis de séjour temporaire. En France, leur hébergement repose sur l’intermédiation locative : grâce aux subventions de l’État, des associations louent des appartements qu’elles mettent à disposition des personnes déplacées. « Cette mesure transitoire s’accompagne d’un engagement à tout mettre en œuvre pour évoluer vers une solution durable en matière de logement, l’Etat n’ayant pas vocation à assurer la prise en charge définitive des personnes »rappelle la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Sur les 1 600 personnes déplacées accueillies dans le département, seules 591, réparties dans 228 logements, en bénéficient.

Il vous reste 48,35% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Quitter la version mobile