La société civile ukrainienne regorge de militants transportant des armes, du matériel, de la nourriture et des médicaments aux soldats sur le front. Officier de réserve et expert en transmission radio, Serhiï Beskrestnik, 49 ans, s’est trouvé une mission solitaire et unique : prêcher pour l’hygiène électronique.
A travers sa chaîne Telegram, qui compte 81 000 abonnés, « Flash » (son nom de guerre) prodigue inlassablement des conseils. Comment échapper à la surveillance des drones russes et aux frappes ultérieures. Comment protéger les communications sensibles et décrypter celles de l’adversaire. Brouillez les drones ennemis sans brouiller les vôtres. Sensibiliser aux évolutions très rapides de la guerre électronique, du haut commandement au soldat des tranchées, du civil proche du front à l’industriel travaillant à l’arrière.
Dépêche-toi. L’armée russe progresse très rapidement, tant dans la production industrielle que dans l’intégration tactique des systèmes de guerre électronique. Les drones de reconnaissance Zala, Supercam et Orlan tournent constamment dans le ciel, projetant leurs caméras sur une bande de 70 kilomètres de profondeur derrière le front ukrainien, de jour comme de nuit. « Ils surveillent tous les véhicules militaires. Une fois repérés, ils sont suivis jusqu’à leur unité ou leur parking, où ils sont battus. »explique ce jovial ingénieur barbu en uniforme militaire, qui a travaillé pour le groupe français Sagem (aujourd’hui Safran) au début des années 2000.
Le délai entre la détection et la frappe est parfois très court, moins de dix minutes. D’où ce conseil donné par M. Beskrestnik : « A proximité du front, les équipements militaires doivent être systématiquement camouflés sous de la verdure ou des bâtiments. Évitez les stations-service très fréquentées, soumises à une surveillance systématique. Évitez de stationner plus de dix minutes dans un espace ouvert et gardez toujours une distance de plus de 50 mètres entre les véhicules. »
Le drone kamikaze russe Lancet, qui opère en tandem avec le drone de reconnaissance Zala, peut frapper des cibles mobiles, comme ce camion lance-roquettes BM-21 détruit alors qu’il roulait sur une route au nord de Kharkiv le 15 mai.
À la recherche de nouveaux équipements
Le véritable choc a été la destruction de deux lanceurs du système anti-aérien américain Patriot début mars près de Pokrovsk, dans le Donbass. Ce système extrêmement coûteux et crucial pour tenir à distance les bombardiers russes a été repéré par un drone Supercam puis détruit par une frappe de missile balistique Iskander alors qu’il était stationné à l’air libre au bord d’une route. Il avait abattu plusieurs bombardiers ennemis au cours des semaines précédentes, c’est pourquoi les drones russes le poursuivaient avec la plus grande énergie.
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