Dans les plaines du Midwest, l'immigration, réponse au manque de travailleurs
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Dans les plaines du Midwest, l’immigration, réponse au manque de travailleurs

Dans les plaines du Midwest, l’immigration, réponse au manque de travailleurs

Ukrainiens, Afghans, Mexicains, etc. Ils ont immigré au Nebraska, un État conservateur du centre des États-Unis. Loin des débats houleux de la campagne présidentielle, les entreprises, en manque de travailleurs, les accueillent à bras ouverts et appellent Washington à réformer le système d’immigration légale.

A la périphérie de la capitale Lincoln, le long de l’autoroute, entre champs et aéroport, se dresse l’usine du constructeur Kawasaki. Une banderole affichée sur la clôture indique : « nous recrutons ».

Ramiro Avalos, Mexicain, y travaille depuis deux ans et inspecte les tout nouveaux métros qui seront bientôt en service à New York.

Avec sa femme et ses deux enfants, ils se sont d’abord installés en Californie. Jusqu’à ce qu’il découvre cette ville de 300 000 habitants, avec ses « paysages, parcs, calme, absence de bouchons, vie peu coûteuse, criminalité très faible. (…) Ma famille et moi avons décidé de venir ici. »

Cet homme jovial n’a alors eu aucun mal à trouver un emploi : « J’ai postulé pour Kawasaki alors que je vivais encore à Los Angeles. (…) J’ai eu l’entretien et j’ai obtenu le poste ».

Dans les plaines du Midwest, l'immigration, réponse au manque de travailleurs

Comme lui, un tiers des salariés du site viennent d’un autre pays.

« Sans cette main d’œuvre, nous serions obligés d’arrêter le travail, de refuser des commandes ou de fabriquer nos produits dans un autre pays »détaille Mike Boyle, responsable du site Kawasaki de Lincoln.

A quelques kilomètres de là, face à des silos abandonnés, l’usine TMCO fabrique des objets métalliques. Ici aussi, un tiers des 230 salariés sont des immigrés ou des réfugiés.

« Sans flux constant d’immigration, le marché du travail est tendu »note la directrice de cette entreprise familiale, Diane Temme Stinton, en faisant référence au « besoin de main d’œuvre plus qualifiée ».

 » Obsolète « 

Pourtant, l’immigration est un sujet explosif à l’approche de l’élection présidentielle du 5 novembre.

Tandis que Joe Biden limite les entrées à la frontière avec le Mexique, puis annonce des mesures de régularisation pour les conjoints de citoyens américains, son rival, Donald Trump – qui a obtenu 58,5% des voix au Nebraska en 2020 -, use d’une rhétorique particulièrement virulente à l’égard des migrants.

Pour Bryan Slone, président de la Chambre de commerce du Nebraska, l’enjeu est « beaucoup plus large que la frontière sud »et aller « au-delà de l’élection et des candidats ».

Pour le Nebraska, c’est une question de survie, pour que le « Les communautés grandissent et prospèrent »il insiste.

Industrie, agriculture, services, … « Il n’y a tout simplement pas assez de personnes (…) pour occuper les emplois essentiels au fonctionnement de notre société »souligne un rapport de la Chambre de Commerce.

Le Nebraska compte 1,97 million d’habitants, dont 7,1 % sont nés à l’étranger.

Et dans les petites villes de cette région rurale, pour maintenir ouvertes les écoles, les maisons de retraite, les épiceries, « Les gens disent ‘nous en avons besoin maintenant' »souligne Kathleen Grant, responsable d’une organisation d’associations locales.

Bryan Slone appelle le Congrès de Washington à modifier les règles du jeu de l’immigration légale. A la tête d’une coalition d’acteurs économiques, il raille un système  » obsolète « .

« Ne rien faire aurait pour effet de ralentir notre économie »il prévient.

Accordez davantage de permis de travail, réduisez les délais : « Nous avons besoin d’un processus qui permette aux gens d’entrer dans ce pays, d’être contrôlés, puis régularisés et de bénéficier de la même qualité de vie que celle dont disposaient nos grands-parents lorsqu’ils sont arrivés ici en tant qu’immigrants. »il plaide.

– Processus  » très long « 

Mike Boyle, directeur de l’usine Kawasaki, espère également que la future administration fédérale, qu’elle soit dirigée par Joe Biden ou Donald Trump, « s’efforcera de rendre les procédures d’immigration légale plus faciles à gérer et d’attirer davantage de personnes dans le pays. »

Actuellement, le processus d’obtention d’un permis de travail et de séjour « peut être très long »regrette Mary Choate, de l’association locale CLIA d’aide aux immigrés.

Elle cite l’exemple des gens « qui a demandé l’asile en 2017 »compte tenu de leur entretien prévu en 2020 reporté pour cause de Covid, puis reprogrammé en 2022 : ils « J’attends toujours la décision ».

Pour autant, affirme Mike Boyle, il n’est pas question d’ouvrir grand les frontières : « ce sont deux sujets complètement distincts »selon lui.

Les élus oscillent entre soutien à l’économie locale et regards inquiets vers la frontière mexicaine.

Le sénateur républicain Merv Riepe estime que« En devenant un État favorable aux immigrants, le Nebraska peut potentiellement remédier à sa pénurie de main-d’œuvre »mais souligne la nécessité de prévoir les coûts liés à ces arrivées.

Du côté démocrate, la sénatrice Carol Blood insiste sur le fait que « Les États-Unis doivent établir une meilleure voie vers la citoyenneté » et avoir davantage de juges de l’immigration pour réduire les délais. Mais, dit-elle, nous devons également renforcer les ressources à la frontière.

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