Dans l’éducation nationale, des dérapages en cascade sur l’éducation sexuelle
Quel rôle joue l’éducation nationale dans l’éducation sexuelle ? Mercredi 27 novembre, devant les sénateurs, le ministre de la Réussite éducative, Alexandre Portier, a déclaré que « la théorie du genre (avait) pas sa place à l’école. Il répondait à une question du sénateur Max Brisson (Les Républicains, Pyrénées-Atlantiques) sur le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (dès le collège), que le ministre ne juge pas » dans l’état pas acceptable « . Le texte est en cours de finalisation avant un vote prévu mi-décembre au Conseil de l’enseignement supérieur. La formule a déclenché l’ire des syndicats d’enseignants et de diverses institutions et associations de défense des droits des enfants et des minorités.
En effet, il n’existe pas de théorie du genre, terme utilisé comme repoussoir par un courant réactionnaire, mais des études sur le genre. De nombreux observateurs ont perçu dans cette formule la marque d’un droit qui refuse que l’éducation sexuelle soit abordée au sein de l’école. Ceci est déjà prévu par une loi de 2001, à raison de trois séances par an, rarement réalisées en pratique. Le nouveau programme fait également l’objet, depuis plusieurs jours, d’une offensive conservatrice dans les médias appartenant à Vincent Bolloré, comme Le Journal du dimanche.
Les propos d’Alexandre Portier, qui à eux seuls ont suscité des réactions, ont aussi semé un véritable imbroglio gouvernemental. L’entourage de la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a pris l’initiative d’informer les journalistes, mercredi soir, que les deux ministres étaient sur la même ligne : « La théorie du genre n’a pas sa place à l’école »a-t-on indiqué, avant d’assurer que l’expression « identité de genre » n’apparaîtrait pas dans la version finale du programme. Lundi, l’équipe de Mme Genetet affirmait pourtant encore Monde que » identité de genre (a fait) fait partie des motifs de discrimination inscrits dans le code pénal.
« Moment de flottement »
Lors d’un déplacement qui a réuni les deux ministres dans la matinée du jeudi 28 novembre, Anne Genetet a pris les commandes, affirmant « pilote « le programme. Elle a répété à plusieurs reprises que « la théorie du genre (n’existait pas) pas « , et qu’il y avait, à ce sujet, « une seule ligne, celle du ministère”.
Ce qui s’est passé? Dans les couloirs de l’éducation nationale, on parle d’un « moment de flottement ». Selon nos informations, il n’a en effet jamais été question de supprimer la notion d’identité de genre du programme d’éducation sexuelle. Dans l’entourage d’Anne Genetet, on reconnaît un » erreur » sur ce point, le ministre ayant souhaité « une réduction, pas une élimination « . Sur dix-sept occurrences dans la dernière version, nous serions passés à « moins de dix »maintenons-nous, toujours dans l’idée de lutter contre les discriminations.
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