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dans le quotidien d’une soignante en Nouvelle-Calédonie

dans le quotidien d’une soignante en Nouvelle-Calédonie

Alors que la situation reste « difficile » dans l’archipel, les soignants travaillent dans des conditions compliquées. franceinfo a suivi une soignante à Nouméa.

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Les abords du Médipôle à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), mai 2024 (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La situation reste tendue à Nouméa, où la police multiplie les opérations pour rétablir l’ordre, notamment dans les quartiers nord de la ville où les barrages routiers sont omniprésents. Ces perturbations perturbent le quotidien des habitants. Il est difficile de trouver de la nourriture, d’aller travailler ou même de bénéficier de soins médicaux. Le Médipôle, hôpital public de Nouméa, est rendu très difficile d’accès pour le personnel et les patients en quête de soins. franceinfo a rencontré une soignante de première ligne qui parle de son organisation pendant la crise.

Elle s’appelle Mélissa et dès qu’elle le peut, elle va rendre visite à ses voisins les plus vulnérables. Ce jour-là, elle apporte des oignons congelés et une réserve inépuisable de joie de vivre et d’énergie qui réconfortent Gracienne, 78 ans, terrée chez elle depuis le début des violences. « Nombreux sont ceux qui disent ‘nous allons vous aider, mais je ne les vois pas’. Je suis malade et mon mari aussi., témoigne Gracienne. Mélissa jongle en faisant les courses. « Je fais mes courses à pied avec un sac à dos, je vais dans les magasins ouverts et je fais la queue. Comme tout le monde, je suis limité en termes de pain et de lait, donc on partage”confie-t-elle.

La mère de deux garçons, aide-soignante au Médipôle depuis 20 ans, exerce en réalité trois métiers. «Je m’occupe des enfants et je travaille comme aide-soignante auprès des personnes âgées», elle explique. Mais à cause des émeutes, elle ne peut plus aller voir ces personnes âgées, c’est donc aussi une perte de salaire pour elle. À l’hôpital, les quarts de travail de ces derniers jours ont été particulièrement éprouvants. L’établissement surveillé par la police a été épargné mais il était entouré d’une succession de bâtiments incendiés ouverts aux quatre vents.

Mélissa y a dormi la semaine dernière, ce qui est plus pratique avec le couvre-feu de 18h à 6h toujours en vigueur. « Ça aussi commence à poser problème car il n’y a pas assez de place. Ce n’est pas fait pour ça. On partage les lits, on partage les draps. En plus, on apporte nos propres draps. », décrit-elle. Désormais, c’est avec une navette maritime qu’elle travaillera à l’hôpital de Nouméa en raison des multiples blocages sur les routes.

« D’un autre côté, les transports ne sont pas sécurisés non plus, donc à un moment donné on prend aussi le risque d’être repéré, d’être pris par des forces de l’ordre en civil, c’est tout à fait possible »

Mélissa, aide-soignante à Nouméa

sur franceinfo

Autre inquiétude : des conditions de travail dégradées, du fait du manque de personnel et du manque de matériel. « La situation est préoccupante pour nous, soignants, car on voit très bien que les difficultés s’accélèrent, on a du mal à les anticiper », avoue Mélissa. Elle évoque notamment le problème du « transport ». « Les transports du personnel, des produits d’hygiène, des tenues, de la nourriture pour les patients, pour les soignants. On nous a par exemple demandé par mail de venir avec notre propre papier toilette. Ce sont des choses banales et basiques mais mises bout à bout, cela crée une certaine anxiété »assure Mélissa.

Des contraintes qui se posent aussi pour les patients. « Il y aura le problème de nos personnes âgées, de nos mères vulnérables. Nous sommes dépassés par la situation. Nos patients à domicile qui pourraient sortir sont compliqués et s’ils sortent ils prennent des risques et nous sommes inquiets », elle dit.

Parmi les personnes qu’elle soigne, Mélissa a également reçu des émeutiers blessés lors d’affrontements. Pour eux, « Beaucoup de blessures et de brûlures, quelques blessures par balle. Il m’est arrivé de discuter avec eux, mais on a le sentiment qu’il y a du regret pour ces gens. Ils nous disent qu’ils sont toujours très heureux d’être à l’hôpital et nous les avons eus « Ils nous rassurent en nous disant que normalement il ne faut pas s’inquiéter, qu’ils ne viendront jamais faire des dégâts dans notre maison, qu’ils ne sont pas malades et qu’ils sont alcooliques, ce mot est-il fiable ? »demande Mélissa.

Le reportage de Sandrine Etoa-Andegue et Eric Audra à Nouméa.

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