Dans le nord du Canada, un hameau habité disparaît peu à peu, s’enfonçant dans le permafrost
Ils vont devoir partir, ce n’est qu’une question de temps. À Tuktoyaktuk, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le pergélisol (ou pergélisol) fond à un rythme inquiétant. Cette couche de sol gelé, censée rester en dessous de 0°C en permanence, ne tient plus. À mesure que la glace fond, des pans entiers du hameau sont emportés par la mer. Les quelque 1 000 habitants, dont certains ont parlé au New York Times, envisagent leur avenir avec incertitude.
Tuktoyaktuk abrite le peuple Inuvialuit – le nom donné aux Inuits dans cette région du Canada. Ils y vivent depuis des siècles. Mais ces dernières années, la nature, mise sous pression par le changement climatique d’origine humaine, leur a tourné le dos. Tuktoyaktuk est depuis longtemps le point de départ des missions d’exploration de l’Arctique. Désormais, ce sont des chercheurs spécialisés dans le pergélisol qui viennent en permanence y effectuer des mesures.
Les scientifiques s’intéressent beaucoup à l’évolution du pergélisol à Tuktoyaktuk
L’Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du monde. C’est cette augmentation des températures qui entraîne la fonte du pergélisol. Cependant, le quart du pergélisol terrestre se trouve au Canada. Et les glissements de terrain n’ont cessé de s’intensifier dans la zone occidentale de l’Arctique au cours des vingt dernières années. « Cela se produit partout maintenant. »prévient Dustin Whalen, un scientifique mandaté par le gouvernement et chargé de former les populations locales sur les risques liés à la fonte du permafrost.
William Dillon fait partie de ceux formés. Le sexagénaire a créé sa propre équipe au sein de la communauté pour prendre des mesures et recenser les changements visibles dans la toundra. Si les scientifiques s’y intéressent tant, c’est parce que le permafrost, lorsqu’il fond, libère des gaz à effet de serre captés depuis très longtemps dans le gel.
Pour l’instant, l’émergence de nouvelles plantes, qui absorbent le dioxyde de carbone, contribue à contrebalancer le phénomène de réchauffement. « D’ici la fin du siècle, les émissions du permafrost seront équivalentes à celles du troisième ou quatrième pays émetteur au monde »prévient cependant Dustin Whalen.
Les Inuvialuit cherchent de l’espace pour les vivants et les morts
À Tuktoyaktuk, certains résidents ont déjà déménagé. Les maisons les plus proches de la mer reposent parfois uniquement sur du sable. Terrain très instable maintenant que le pergélisol ne tient plus. Des glissements de terrain vont se produire, c’est une certitude. Avant cela, les maisons sont soulevées et placées ailleurs, plus loin du rivage, sur des vérins. Les premiers déménagements de ce type ont eu lieu en avril 2020. Les habitants le savent : cette solution ne peut être que temporaire.
Les Inuvialuit ont une autre préoccupation majeure : leurs morts. Le cimetière de Tuktoyaktuk penche dangereusement vers la mer. Alors qu’auparavant les habitants devaient allumer un feu avant d’enterrer leurs morts pour creuser la terre, celle-ci glisse désormais sous leurs pieds.
« On ne déplace jamais un cimetière dans la culture inuvialuit, souligne le maire de la ville, Erwin Elias. Mais nous ne voulons pas que nos enfants finissent par voir des cercueils flotter dans l’océan. »
GrP1