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Dans le monde arabe, des réactions à fronts inversés, qui reflètent la double dimension du Hezbollah

Une femme réagit à l'annonce officielle de la mort de Nasrallah, devant la mosquée Mohammad Al-Amin (sunnite), place des Martyrs, à Beyrouth, le 28 septembre 2024.

Étonnement, abattement, mais aussi jubilation. Le monde arabe a réagi dans le désordre à l’annonce, samedi 28 septembre, de la mort de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, soulignant la dimension particulièrement clivante de cette figure.

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Acteur majeur de l’histoire du Moyen-Orient au cours des trente dernières années, l’homme au turban noir était autant adulé pour son rôle de libérateur du Liban en 2000, et sa capacité depuis cette date à tenir tête à Israël, qu’il a été vilipendé pour son implication dans l’écrasement de la révolution syrienne et son asservissement aux intérêts de l’Iran.

Ainsi, samedi soir, tandis qu’une foule en colère manifestait devant l’ambassade des États-Unis à Bagdad, brandissant l’étendard jaune du Hezbollah, de jeunes Syriens criaient leur joie et distribuaient des gâteaux à Idlib, dans le nord. l’ouest, dernier refuge de l’insurrection anti-Assad.

Ambivalence

Cette ambivalence se retrouve dans les réactions officielles. La Syrie, alliée du Hezbollah au sein de « l’axe de la résistance », dénoncée « une attaque ignoble » et fustigé « le mépris de l’entité sioniste pour le droit international ». Le communiqué de Damas ajoute que « Le peuple syrien n’oubliera jamais » LE  » soutien «  apportée par Nasrallah, une référence au déploiement des forces du Hezbollah aux côtés des troupes loyalistes pendant la guerre civile syrienne (2011-2018), qui a contribué à la survie du régime d’Assad.

Ces propos contrastent avec l’extrême prudence à laquelle les autorités syriennes se sont montrées depuis le début de l’escalade israélienne au Liban, mi-septembre. Les autorités de Damas savent qu’elles auraient trop à perdre si elles venaient en aide au Hezbollah, écrasé sous les bombes de l’armée israélienne. En signe de solidarité avec le mouvement chiite, le gouvernement syrien a proclamé trois jours de deuil officiel.

Sans surprise, les autres maillons du camp pro-iranien ont également dénoncé avec force la suppression du « sayyed », titre honorifique dont se pare Nasrallah, en tant que descendant du prophète. Les rebelles Houthis au Yémen, bombardés dimanche par des avions israéliens, ont déclaré que cet acte « va renforcer (leur) détermination « . Le Hamas palestinien a stigmatisé un « acte terroriste lâche ». En Irak, pays qui ne fait pas formellement partie de « l’axe de la résistance » mais dans lequel opèrent une multitude de milices pro-iraniennes, le Premier ministre Mohamed Chia Al-Soudani a qualifié l’assassinat de  » crime «  ayant « a franchi toutes les lignes rouges ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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