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Dans le Gard, la ville de Salindres en colère après l’annonce de la fermeture de l’usine Solvay

L'usine Solvay, à Salindres (Gard), le 18 avril 2024.

Sur le pont qui enjambe la voie ferrée et qui permet d’accéder à la plateforme chimique, ils ont installé une tente, des tables, des drapeaux et des collecteurs d’eau comme obstacles pour empêcher le passage des véhicules. Avec un message écrit : « Salindres, Solvay m’a tué. »

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Depuis plus de dix jours, les salariés de Solvay, une usine spécialisée dans la chimie du fluor, qui produit notamment de l’acide trifluoroacétique (TFA) pour la fabrication de pesticides et de médicaments, sont en grève renouvelable. Ils protestent contre la fermeture du site annoncée pour 2025, et la suppression de 68 emplois.

Une vingtaine de salariés, travaillant dans la branche GIE (structure qui traite les rejets de toutes les usines du site chimique, également propriété de Solvay), resteront en activité. Samedi 5 octobre au matin, ils ont été rejoints par plus de 300 habitants venus avec leurs familles des villages voisins participer à une marche. Car l’annonce, tombée brutalement le 24 septembre, a provoqué l’émoi dans tout un bassin d’emploi.

Polluants éternels

Une première vague de départs pourrait avoir lieu dès janvier. « Personne ne s’attendait à cela de la part d’une entreprise qui verse 400 000 euros par an à ses actionnaires »explique Damien Olry, délégué syndical CGT, qui ne croit pas à l’argument économique avancé par la direction : « Ils ferment pour éviter une avalanche de scandales. » Enzo Ferroudji, un autre salarié, « dégoûté et en colère »veut « battre jusqu’au bout ». Dans cette usine, la moyenne d’âge est de 43 ans. « Beaucoup d’entre nous ont des hypothèques. Certains doivent rembourser 1 200 euros par mois. Nous avons des familles, des responsabilités. »

Salindres, commune de 3 700 habitants située au nord du Gard, dans l’ancien bassin minier alésien, s’est construite autour de cette grande plateforme industrielle apparue il y a 169 ans. « On sait qu’un emploi en chimie, c’est quatre emplois indirects. La mort de Solvay, c’est la mort du Haut-Gard.»estime Jean-Louis Peyren, secrétaire de la FNIC-CGT. Dans cette partie du département fortement marquée par l’histoire des mines, les habitants observent les fermetures les unes après les autres depuis plus de vingt ans : Jallatte, Richard Ducros, Péchiney, Alcatel, Crouzey.

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Mais Salindres, c’est aussi une zone de contamination extraordinaire aux éternels polluants, comme l’avait révélé en février Le monde. Avec une concentration exceptionnelle et jamais détectée auparavant dans les sols de ce secteur. La cause ? De gros doutes pèsent sur l’activité de Solvay. « 99,99 % des substances présentes dans les eaux autour du site sont fabriquées par Solvay, notamment le TFA et l’acide triflique »» ont déclaré les membres de Générations Futures à l’annonce des résultats.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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