« Dans le conflit israélo-palestinien, le problème est le poids de l'histoire »
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« Dans le conflit israélo-palestinien, le problème est le poids de l’histoire »

« Dans le conflit israélo-palestinien, le problème est le poids de l’histoire »
Après un soulèvement contre le mandat britannique en Palestine, des soldats britanniques escortent un groupe de prisonniers arabes hors de la vieille ville de Jérusalem, le 26 octobre 1938.

Professeur associé d’histoire à l’université Paris-Sorbonne, puis à l’Inalco, Henry Laurens a été, de 2001 à 2003, directeur d’études et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain (Cermoc) à Beyrouth, puis directeur de l’Institut français du Proche-Orient. En 2003, il devient titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France. Il est l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages sur le Proche-Orient, dont La question de la Palestine en 5 volumes de 1999 à 2015 chez Fayard. En 2022, il publie Le passé imposé (Fayard).

Quand l’émancipation juive en Europe a-t-elle eu lieu et quel impact a-t-elle eu sur l’émergence du nationalisme juif ?

En 1791, l’Assemblée constituante émancipe les Juifs de France selon le principe : « Reconnaître tout ce qui les concerne en tant qu’individus, nier tout ce qui les concerne en tant que nation (communauté). « En Europe occidentale, cette émancipation ne fut complète que dans les années 1860. En Europe orientale, la nation était définie autrefois par une langue, une religion et un État. Dans ce système, les Juifs n’avaient pas leur place. Ils avaient plusieurs options : partir vers l’Europe occidentale et les Amériques, s’enfermer dans l’orthodoxie religieuse, faire une révolution (le marxisme), adopter un nationalisme socialiste non territorial (le Bund) ou pas.

Cet article est tiré du « Hors-série Le Monde : 40 cartes pour comprendre le conflit israélo-palestinien »Juillet 2024, en vente en kiosque ou en ligne en visitant le site de notre magasin.

Une autre solution est le sionisme, qui reprend la définition en trois composantes : une religion (le judaïsme), une langue (à inventer) et l’État (qui remonte à Hérode). Tous ces mouvements de population se comprennent dans le contexte de la première mondialisation, lorsque la combinaison du chemin de fer et du bateau à vapeur permettait de se rendre en Amérique ou au Moyen-Orient.

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Dans le même temps, quelle était la situation des Arabes dans l’Empire ottoman ?

Les papiers d’identité ottomans mentionnent la citoyenneté ottomane et l’appartenance religieuse, mais sans indicateurs ethniques, même si la plupart des communautés religieuses chrétiennes ont tendance à se définir comme des nations. À la fin du XIXe siècleet siècle, on constate une multiplication des références identitaires chez les Arabes ottomans : régionalisme (syriens, iraquiens), recours au passé retrouvé (phénisme au Liban, pharaonisme en Égypte, syrianisme au Levant et arabisme). arabe « peut être compris dans deux sens : soit il signifie une généalogie relative aux tribus de la péninsule arabique, soit il désigne quelqu’un qui parle arabe.

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