Divertissement

Dans la ville où il a grandi, Ahmed Sylla a échappé au pire… mais pas à son meilleur ami


Par Lucie Gosselin | Rédactrice

Journaliste passionnée, je réalise depuis plus de 10 ans des enquêtes, des portraits, des reportages et des interviews.

Ce mercredi 7 août 2024, Ahmed Sylla est de retour au cinéma avec une comédie intitulée  »Super Papa », réalisée par Léa Lando et dans laquelle il tient le rôle-titre. L’humoriste, révélé il y a treize ans par Laurent Ruquier dans  »On n’demande qu’à en rire », poursuit une jolie carrière qu’il partage entre la scène et le cinéma. Mais sa vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille…

Dans la ville où il a grandi, Ahmed Sylla a échappé au pire… mais pas à son meilleur ami


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Tout s’est bien passé pour lui depuis sa participation sur le spectacle Nous voulons juste en rirePourtant, avant d’accepter en 2011 de se confronter aux notes parfois cruelles de Laurent Ruquier, Catherine Barma, Jean Benguigui et Michèle Bernier, Ahmed Sylla n’a pas eu la vie la plus paisible. Le jeune homme a grandi au cœur des bagarres et des bandes de la banlieue nantaise, et a vu la mort de près. Pire encore, son meilleur ami est mort, criblé de balles.sur fond de trafic de drogue. Des procès qu’il a longtemps passé sous silence, pour préserver son image et sa carrière naissante, mais auxquels il avait finalement accepté de revenir avec Romain Frayssinet en mai 2023, sur sa chaîne YouTube.

Retour en 2011. En arrivant sur le plateau de Laurent Ruquier, la magie opère immédiatementExit Nantes, les bagarres et les deuils impossibles, Ahmed Sylla se fait un nom, et vit son rêve parisien. À l’instar de Kev Adams, Arnaud Tsamère, Florent Peyre, Waly Dia ou Artus, l’humoriste devient alors un visage incontournable de la scène française, et enchaîne les shows à succès. À mes délires, Avec un grand A Et Différentle trentenaire est revenu il y a quelques mois avec un quatrième spectacle appelé Origamiavec lequel il continue de remplir des salles dans toute la France.

Depuis quelques années, l’humoriste fait également son apparition au cinéma. Après quelques petits rôles peu médiatisés, Ahmed Sylla a conquis le cœur du public ainsi que des cinéastes, qui lui confient peu à peu des rôles de plus en plus importants. En 2017, il donne la réplique à Alice Belaïdi dans L’Ascensionpuis deux ans plus tard à Alban Ivanov en InséparableEn 2022, il retrouve l’ex-partenaire de Gianni Giardinelli dans Classiqueobtient le rôle-titre de Des jumeaux mais pas tropet continue avec Les femmes de la place. En 2023, on le retrouve dans La guerre des Lulus avec Didier Bourdon, puis obtient le rôle-titre de Notre tout petit mariage aux côtés de Camille Lou, qui se dévoilera être un échec commercial avec seulement 353 000 entrées.

Ahmed Sylla revient au cinéma avec un nouveau rôle de super-héros

En janvier dernier, il a décroché le rôle principal dans Comme un princeavec Julia Piaton, un film qui n’a encore une fois attiré que 245 000 personnespuis en avril deIci et làavec Hakim Jemili et Hugo Becker, qui a fait légèrement mieux, avec 334 000 entrées… Ce mercredi 7 août, Ahmed Sylla est de retour dans un nouveau long-métrage, et espère profiter du succès des films français actuellement en salles, commeUn petit quelque chose en plus de et avec Artus et Le Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney. L’humoriste est à l’affiche pour super-papaune comédie qui rappelle le titre d’un téléfilm que TF1 a diffusé il y a quelques mois avec Michaël Youn et Jenifer… mais avec un ton un peu différent.

En effet, si sur TF1, Michaël Youn a découvert des super pouvoirs en étant capable de lire les pensées de tous les adolescents y compris celles de son propre enfant, Ahmed Sylla, lui, se pliera en quatre pour réaliser tous les souhaits de son fils de 8 ansmême les plus fous. Tom, le héros qu’il incarne, va vite se retrouver dépassé par les désirs de sa petite Gaby, mais va tout faire pour réaliser chacun de ses rêves. Dans cette nouvelle comédie, il donne la réplique à Zabou Breitman, qui incarnera la belle-mère du héros, et à Claudia Tagbo, vue récemment dans une toute nouvelle série sur TF1 intitulée RIP Aimons-nous les uns les autres vivants.

Une enfance au cœur de la drogue

Si la carrière professionnelle d’Ahmed Sylla est aujourd’hui une belle réussitesa vie n’a pas toujours été des plus heureuses. Né en 1990 à Nantes, le jeune homme est issu d’une famille sénégalaise, arrivé en France trois ans avant sa naissanceSes parents, commerçants, lui ont donné un frère aîné, puis une sœur et un frère cadets. Mais le jeune homme n’a jamais été très loquace sur sa vie privée… Il y a quelques mois, dans l’émission Sept à Huit, il évoquait pudiquement la disparition de son père, sans entrer dans les détails. Invité de Ne touchez pas à ma TV en janvier 2017, il refusera même de répondre aux questions par Cyril Hanouna, qui l’a interrogé sur son enfance et son adolescence passées dans le quartier HLM nantais des Dervallières.

Ahmed Sylla a longtemps gardé pour lui cette partie de sa vie. Jusqu’en mai 2023, date à laquelle il décide de briser l’armure pour la première fois, au micro de Roman Frayssinet. L’humoriste fait alors de rares confidences sur ce passé compliqué, dont il gardera des séquelles indélébiles. Un fait, en particulier, hante l’humoriste à jamais : la mort tragique de son meilleur ami en 2008, sur fond de trafic de drogue.« Je n’ai jamais dit ça de ma vie. » a assuré, les larmes aux yeux, l’humoriste récemment vu dans la dernière saison de MDR sur Prime Video, avant de continuer, avec difficulté : « En 2008, j’ai perdu l’un de mes meilleurs amis, Il s’appelait Toko. Il a été tué dans mon quartier..

La mort de Toko a fait grand bruit à l’époque.

À l’époque, la mort de Toko avait été largement rapportée dans les médias. Toko Botowamungu, un homme de 21 ans, était abattu au coeur du quartier des Dervallièresoù habitait Ahmed Sylla. Poursuivi en voiture par deux hommes armés, le jeune homme avait tenté de fuir dans une course folle, mais il avait heurté un arbre et avait été immédiatement abattu. Les auteurs des faits ont été rapidement identifiés : deux frères, âgés de 28 et 26 ans au moment des faitsL’un d’eux s’était rendu prisonnier au lendemain du drame, affirmant n’avoir jamais voulu tuer Toko ; l’autre s’était enfui en Algérie, où il avait été arrêté deux ans plus tard par les autorités algériennes, sans toutefois être extradé.

Jugé en Algérie par le tribunal correctionnel de Bouira en janvier 2012, il a été condamné à dix ans de prison, tandis que le procureur général avait exigé la peine de mortUne peine sensiblement inférieure à celle infligée en France à son frère, condamné en 2011 à 20 ans de prison, confirmée par la cour d’assises devant laquelle le prévenu avait fait appel.

Dans les heures qui ont suivi la tragédie, Plus de 1000 personnes se rassemblent dans la rue pour une marche blanche retentissante. Parmi ceux qui rendent hommage au jeune Toko figure son meilleur ami de tous les temps, Ahmed Sylla. L’été dernier, ce dernier, s’est ému au micro deAmuse bouche avait a rendu hommage à l’homme qui fut le premier à lui dire, avant tout le monde, qu’il réussirait et ferait carrière : « Je suis émue car c’est lui qui m’a dit le premier : tu vas y arriver, tu vas devenir quelqu’un ». Et d’expliquer, plus en détail, les circonstances de ce drame qu’il avait gardé en lui pendant plus de quinze ans. « C’était une mort très violente, nous n’avions jamais vécu quelque chose de pareil. D’accord, il y avait la drogue, le chômage, etc. Mais on n’avait jamais vécu quelque chose d’aussi fort, et je m’en souviendrai toujours. Je fais mes courses, quelqu’un m’appelle et me dit : il s’est passé quelque chose de fou, Toko est mort (…) Je prends ma voiture, je laisse les courses à la caisse. J’arrive et vois mon ami au sol, criblé de balles.Il a été tué par des gens avec qui nous avons grandi. il expliqua.

Ahmed Sylla, ce déclic après avoir échappé à la mort

Dans cette même interview où il se livrera comme jamais sur cette vie complexe passée au cœur de la banlieue nantaise, Ahmed Sylla révèlera qu’il a lui aussi frôlé la mortaux côtés de deux amis : « Je suis dans une voiture et je dis à mes deux amis qui sont avec moi que nous sommes suivis (…) J’ai eu très peur aussi ce jour-là. J’entre dans une petite rue. Je vois une voiture noire juste derrière moi qui arrive à ma hauteur. Le chauffeur baisse sa vitre. J’ai un réflexe qui, je crois, nous a sauvé la vie.parce que je crois qu’ils nous ont pris pour d’autres gars. J’ouvre ma portière, et comme j’étais un peu connu dans tout le quartier pour faire rire les gens (…) j’étais connu pour ça… Au moment où j’ouvre la portière pour montrer mon visage, le passager me reconnaît, et dit : Non, ce n’est pas eux. »

L’affaire aurait pu s’arrêter là, mais son ami chauffeur est sorti et s’est énervé :  »Que veux-tu ? » Le passager de la voiture qui avait reconnu Ahmed Sylla et un autre sortent de la voiture, armés, et se dirigent vers le jeune homme : « La main de mon pote a été arrachée par les plombs qui ont rebondi sur le bouchon du réservoir. Il y avait beaucoup de plombs, ils ont fait exploser ma fenêtre. Je me retrouve avec le sang de mon ami sur mon t-shirt. Je suis paralysé, je ne peux plus conduire. » Ahmed Sylla comprend alors que cette vie n’est plus la sienne. Il décide de la fuir et monte à Paris pour tenter sa chance dans la comédie. Un choix difficile mais courageux et salutaire, qui lui ouvrira la voie vers une carrière bien méritée.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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