Divertissement

Dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon, une cérémonie politique et artistique contre l’extrême droite

Nuit d'Avignon, dans la cour d'honneur du Palais des Papes, dans la nuit du 4 au 5 juillet 2024.

Il est une heure et quart du matin, ce vendredi 5 juillet, lorsque le message suivant retentit dans la Cour d’honneur du Palais des Papes : « Nous sommes tous antifascistes ! » (« nous sommes tous antifascistes »). Deux mille personnes, dont beaucoup de jeunes, reprennent en chœur le slogan italien, en frappant des mains et en levant les bras. La Nuit d’Avignon commence. Une nuit « d’union démocratique, de force, d’espoir, de blocage de l’extrême droite »résume Tiago Rodrigues sur scène. Jusqu’au lever du jour, le directeur du Festival sera le maître de cette cérémonie inédite – mêlant discours et gestes artistiques –, réponse à un contexte politique historique.

Cette initiative, lancée par Tiago Rodrigues quelques heures après les résultats du premier tour des élections législatives, a été organisée avec le soutien de la commune d’Avignon, collectivités locales qui soutiennent le Festival, les coordinateurs du « off » et deux syndicats (la CGT-Spectacle et le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles). « Comme le dit le sociologue et philosophe Edgar Morin, nous devons former des « oasis de fraternité », cette nuit en fait partie »estime Françoise Nyssen, présidente du conseil d’administration du Festival d’Avignon. L’ancienne ministre de la Culture (de mai 2017 à octobre 2018) du gouvernement d’Édouard Philippe n’en revient pas de se retrouver sur la scène de la Cour d’honneur. Elle succède à JoeyStarr, qui a lu un long extrait de Étiquette noirede Léon-Gontran Damas, et de la comédienne Andréa Bescond (qui revient cette année Les chatouilles dans le « off »), est venu rappeler que « L’infirmière autorisée n’est pas une option ».

C’est Boris Charmatz et sa troupe de plusieurs dizaines de danseurs, dont un bon nombre d’amateurs (dont Laure Adler), qui ont ouvert cette Nuit au rythme du remix de Toi moi par le groupe techno Meute. « Le patrimoine c’est le Palais des Papes et le Festival d’Avignon, l’un sans l’autre est mort. Nous avons un besoin vital de création et de patrimoine »a lancé le chorégraphe, artiste complice de cette 78e édition du Festival. Il a fallu de la danse et de la musique pour redonner espoir à un public combatif mais abasourdi par le risque d’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Toute l’assemblée a chanté Nous ne perdons rienavec le groupe engagé HK et les Saltimbanks : « Tant qu’il y a de la lutte, il y a de l’espoir/Tant qu’il y a de la vie, il y a du combat » (…) Maintenant vous savez pourquoi nous nous battons/Dans un autre monde, nous n’avons pas le choix. » Plus tard dans la soirée, la belle énergie de la compagnie franco-catalane Baro d’evel (programmée au Festival), et son chant de résistance – « Parce que les choses vont mal, il faut améliorer sa vie » –, est comme un baume pour le cœur.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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