Dans « La Caravane » animée par un magicien des mots

Il était une fois une « Caravane ». Dans ce conte raconté au présent et dans le monde réel, Catherine Anne, auteure et réalisatrice, dresse le portrait d’une famille presque ordinaire. Un peu aussi comme une comédie musicale, avec accordéon, guitares, tambourin, flûte, servis par les comédiens. Une « Caravane » particulièrement destinée au jeune public (le texte est édité à l’Ecole des loisirs) mais aussi à tous, chacun y trouvant son compte. Il s’agit de rois, de princes et de châteaux, mais aussi d’errance, de sans-papiers, d’amitiés impossibles… « J’écris du théâtre pour composer dans le monde, un îlot de résistance, de rêve et de parole sincère. Je n’écris pas que pour les enfants. , j’écris pour les enfants aussi, car je veux écrire pour tout le monde », explique Catherine Anne.
La « Caravane », donc, marche depuis la nuit des temps. Ou depuis hier. Peut-être un peu plus. Peu importe. Milan, Paulette, Dora, Clow, Pavel et Luna sont les personnages. Interprété par Fabienne Pralon, Pol Tronco, Lalou Wysocka et Martin Sève. Tous luttent avec une énergie vivifiante. Milan est le « roi papa », qui, dit-il, a pris la route pour garder sa liberté, laissant pour un temps un palais riche et magnifique. Le jeune Pavel y croit encore. Clow ne s’imagine même plus être un prince. Alors que Luna, la grand-mère joue le jeu, un peu comme Paulette la nouvelle épouse du « roi », quant à Dora, elle ne s’imagine pas un seul instant « princesse » mais rêve d’aller à l’école « dans au moins une année entière en au même endroit », comme toutes les petites filles.
Mais Milan ne bouge pas, « quoi de plus beau que de voyager ? « , il répète. Et de vanter toutes les qualités, voire les vertus de cette petite maison sur roues, un palace portatif, gonflé d’une multitude de sacs multicolores, paniers, coussins et autres accessoires utiles de jour comme de nuit. Tout se passe ici, l’espace d’une journée ou un peu plus. Le royaume mentionné n’existe probablement pas. Mais si le roi n’a pas de sujets, il a quand même une très grosse fortune, sa petite famille. Qu’il fasse tout son possible pour protéger les étrangers et les administrations ou encore la gendarmerie, demandant toujours des justificatifs d’identité, des papiers qu’il possède à peine. Depuis longtemps on s’en doutait. Avez-vous forcément besoin de beaux documents bien attestés pour vivre honnêtement et heureux ?
Dans « La caravana », on s’amuse aussi avec les mots et le public est invité à cette fête, car sur la route on joue avec les échos du langage. « Sinon, je vais te chercher l’oseille », lance Milan par exemple, ou encore « tu me casses le blé ! ». A quoi Clow répond : « nous disons tire mes oreilles (et) tu me déranges ». A peu près ça fait mouche, mais dont la poésie est aussi une invitation à un autre voyage, une autre découverte, celle de personnages un peu différents, un peu mystérieux peut-être, mais surtout profondément humains. Avec qui nous voulons devenir amis. « La Caravane » passe, et ce n’est pas que la petite voiture d’un magicien des mots.
Grb2