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Daniel Ortega assigne son frère à résidence

Le président nicaraguayen Daniel Ortega lors du 45e anniversaire du début de l'offensive finale de l'insurrection populaire, à Managua, le 28 mai 2024.

Daniel Ortega s’en est d’abord pris à des étudiants qui manifestaient en avril 2018 contre la réforme de la sécurité sociale. Puis à ceux qui ont protesté contre la répression qui a suivi, faisant 355 morts. Il a ensuite attaqué, incarcéré et harcelé des journalistes, l’Église, l’ONU, des universités, des médecins, des diplomates, arrêté des candidats à la présidentielle issus des partis d’opposition, fermé 3 600 ONG et fini par expulser et dépouiller plus de 300 opposants de leur nationalité. Il s’en est même pris à Miss Nicaragua, qui a dû s’exiler avec sa famille.

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Ces derniers jours, c’est finalement son propre frère, Humberto Ortega, 77 ans, que l’ancien guérillero sandiniste de 78 ans – au pouvoir entre 1979 et 1990 puis depuis 2007 – s’en est pris à lui en l’assignant à résidence..

Il faut dire que le petit frère n’a pas mâché ses mots. Dans une interview avec les médias en ligne Infobae, publié le 19 mai, Humberto Ortega a critiqué le « dictature » établi par le président. « Nous allons à la catastrophe, même si les choses semblent aller biena-t-il déclaré. Depuis la crise de 2018 (…), l’imposition d’un régime policier, qui donne naissance à une tendance autoritaire, ne permet pas l’exercice démocratique. »

Humiliation

Mais ce qui a le plus irrité le dirigeant autocratique, ce sont ses déclarations sur sa succession après sa mort. Humberto Ortega a en effet assuré que personne, dans l’entourage de son frère, ni parmi les dirigeants sandinistes actuels, ne serait en mesure de combler le vide laissé par le chef de l’Etat. Même Rosario Murillo, son épouse et vice-présidente, n’est pas considérée comme la figure la plus puissante du gouvernement.

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Selon le journal espagnol El País, qui cite une source proche de la famille, ces déclarations ont été reçues comme une humiliation par Rosario Murillo, 72 ans, dont l’intention serait de succéder à son mari avec leur fils, Laureano Ortega Murillo. « Mais ni Laureano ni Rosario n’ont le soutien des bases historiques sandinistes », explique cette source à El País.

La réaction du couple présidentiel a en tout cas été immédiate. Le jour même de la publication de l’interview, les autorités ont confisqué les ordinateurs et les téléphones d’Humberto Ortega, selon les médias en exil. La police nicaraguayenne a ensuite informé, sans plus de précisions, qu’elle avait installé « une unité de soins médicaux spécialisés » chez lui. Une mesure interprétée par l’opposition comme une assignation à résidence.

Combattant, aux côtés de ses frères Daniel et Camilo, contre la dictature de la famille Somoza dans les années 1970, Humberto Ortega fut ministre de la Défense dans le premier gouvernement de Daniel Ortega, entre 1979 et 1990. Après la victoire présidentielle en 1990 de sa rivale Violeta Barrios de Chamorro, il fut maintenu à la tête de l’armée, ce que son frère ne lui pardonna jamais. Puis, dans le contexte de la répression de 2018, Humberto Ortega a exprimé son opposition à la dérive autoritaire de son frère et a même appelé à la libération des prisonniers politiques, ce qui lui a valu le traitement de « pion de l’empire américain » par son frère.

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Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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