ENTRETIEN – Jeudi dernier, l’animateur de 65 ans est revenu de manière fracassante sur le devant de la scène sur RMC Story. Le premier numéro de son jeu emblématique a réuni 1,8 million de téléspectateurs.
Vendredi matin, les dirigeants de RMC Story n’en ont pas cru leurs yeux. La veille, la chaîne relançait « Le Bigdil » avec Vincent Lagaf’ plus de vingt ans après son arrêt sur TF1. Et à la surprise générale, la première du jeu a attiré 1,8 million de téléspectateurs, soit 9,1 % de part d’audience. Avec 21,3 % de PDA sur les 25-49 ans, l’émission est le divertissement le plus vu sur la TNT. Alors que le deuxième numéro est programmé vendredi à 21h10, l’animateur a accepté de revenir sur ce succès.
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TV MAGAZINE. – Avez-vous regardé la première du « Bigdil » ?
Vincent LAGAF’. – Bien sûr ! J’avais vu la V1, le son n’était pas mixé, les couleurs n’étaient pas étalonnées… Avec ma compagne, on a regardé l’émission avec plaisir mais avec un peu de trac.
Pourquoi ?
J’ai passé une nuit épouvantable. Est-ce que ça a marché ? Est-ce que j’ai bien fait de le faire ? Est-ce que le public ne va pas être déçu ? Est-ce qu’on a bien fait de reprendre le même Bill, le même décor, les mêmes cadeaux ? Je me suis posé tout un tas de questions donc j’ai mal dormi et je me suis endormi vers 6 heures. Puis, vers 9 heures, je me suis levé, j’ai enlevé le mode avion de mon téléphone, j’ai bu mon café et là ça a commencé. Patadam patadam, patadam, patadam, des tas de messages. Stéphane Sallé de Chou [directeur général du pôle entertainment de RMC Story, RMC Découverte et RMC BFM Play, NDR] m’a appelé et dit : « T’es au courant ? On a fait 1,8 million ! ».
Ce qui est un très joli score…
Je me rends plus bien compte. Je suis un petit peu de la vieille école, donc pour moi faire 1,8 million ce n’est pas énorme. Néanmoins, je me souviens de l’échange que j’ai eu avec Stéphane Salé de Chou la veille de la diffusion. Je lui ai dit : « J’aimerais beaucoup que pour cette première, on fasse au moins 1 million ». Et il m’a dit : « Vincent, ne t’emballe pas, si tu nous fais entre 650 et 800.000 je serai très content ». C’est vrai que 1,8 million avec vingt-huit chaînes, ce n’est pas la même chose que 6 millions avec six chaînes. À la limite, j’ai presque envie de dire que c’est plus fort d’avoir fait 1,8 million avec vingt-huit chaînes que 6 millions avec six chaînes.
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Quel a été votre sentiment à l’annonce de ce chiffre ?
J’ai été très, très ému de savoir que j’avais donné aux téléspectateurs qui me suivent depuis tant d’années ce qu’ils attendaient. Ils voulaient quelque chose de simple, d’honnête, sans prétention, juste quelqu’un de nature qui arrive, qui déconne, qui ne se prend pas au sérieux.
Qui vous a appelé ou envoyé des messages ?
Olivier Minne, Guillaume Genton, Patrick Sébastien, Olivier Lejeune, Willy Rovelli, Moundir, Julien Courbet, Guillaume Pley, Alexia Laroche-Joubert, Pierre Billon, Arnaud Ducret, Nicolas de Tavernost, Gérard Louvin, Laurent Fontaine, Jean-Pierre Foucault, Christophe Beaugrand, Jean-François Lancelier, Jean-Luc Reichmann, Cauet, Éric Naulleau… Du monde de tous bords, il y a du populaire, de l’intello, du branché. Ça a duré toute la journée. Ça m’a fait terriblement plaisir de voir que toutes ces personnes avaient un petit mot gentil pour moi, et pour la plupart ce sont des gens que j’aime beaucoup et qui ne m’ont jamais lâché.
Avez-vous célébré ce record ?
Pas du tout, ce n’est pas mon genre. Je fais mon boulot puis je vais dormir, parce que le lendemain matin je me lève tôt. J’ai des choses absolument essentielles, comme aller marcher dans la colline avec mes chiens, aller faire du paddle, etc. Ma vie est d’une simplicité drastique dirais-je pour être en forme et en bonne santé.
Sur BFMTV, vous avez tenu dédier ce succès à Fabrice Bailly, directeur d’antenne de TF1…
Pour être très honnête, ce petit tacle m’a fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de bien. Étant entendu que je n’ai pas taclé TF1, loin de moi l’idée de cracher dans la soupe. Mais j’avais un vieux compte à régler avec Fabrice Bailly. Il y a 17 ans, il avait été en dessous de tout au niveau élégance. À l’époque, j’avais fait « Le Bigdil », « Le Juste Prix » et « Boom », je n’étais plus sous contrat avec TF1. Lors d’un déjeuner au restaurant de la chaîne, j’avais proposé à Jean-François Lancelier [directeur des antennes, des programmes et de la production, NDR] et Fabrice Bailly de reprendre « Le Bigdil », mais en prime time et une fois de temps en temps. En réponse, Fabrice Bailly m’avait balancé en pleine gueule : « C’est une excellente idée, il faudrait quand même changer l’animateur et le nom de l’émission ». Depuis, je l’avais en travers de la gorge. Comment ce mec peut se permettre de parler à quelqu’un qui a bien œuvré pour TF1 ? Je l’avais vraiment très mal vécu et je me disais qu’un jour ou l’autre, j’aurais l’occasion de lui remettre dans la figure. Là, c’était l’occasion inespérée.
Savez-vous à quelles autres chaînes a été proposé « Le Bigdil » ?
Je sais que qu’Arthur et Antoine Henriquet l’ont proposé à plusieurs chaînes. M6 a dit : « Non , ça ne nous intéresse pas ». Quand on enregistrait « Le Bigdil » à la Cité du cinéma, ils tournaient « La Roue de la fortune » avec Éric Antoine dans le studio à côté du nôtre. Antoine Henriquet m’a dit qu’ils ont bien eu les boules quand ils sont venus dans la régie pendant qu’on enregistrait.
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Avec le retour du « Bigdil » et cette première audience, vous revenez sur le devant de la scène. Pensez-vous que cela va changer quelque chose ?
Ça va changer que, peut-être, on va m’écouter un peu plus quand je dirai ce que j’ai envie de faire. J’ai dit plusieurs fois que ça me plairait de reprendre « Le Bigdil » mais je n’ai jamais téléphoné à qui que ce soit pour dire : « J’ai besoin de travailler, j’ai envie de travailler, reprenez-moi !». Jamais ! Antoine Henriquet a été le producteur le plus intelligent car il a respecté à 100 % la façon dont je voulais reprendre « Le Bigdil » et il a entièrement tenu tous ses engagements. On parle le même langage, il a des tatouages, il aime les voitures de sport, il est jeune, quand il veut dire merde à quelqu’un, il lui dit dans les yeux.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de la diffusion du deuxième numéro du « Bigdil » ?
Je n’ai plus d’angoisse car je sais que, de toute façon, une première a l’effet de surprise et, après, les audiences baissent un petit peu. Mais soyons fous, imaginons qu’avec le bruit que ça a fait, le bouche à oreille, les gens soient tout aussi curieux. Si j’arrive à égaler l’audience qu’on a faite pour la première, je serai l’homme le plus heureux du monde. Je vais être ironique. Cyril Hanouna avait dit qu’il ne croyait pas à mon retour, il avait dit qu’on ferait 500.000. Bah il n’avait pas tort, on a fait 500.000… mais le surlendemain à 19 heures en rediffusion. Au final, on est déjà à 2,3 millions de téléspectateurs.
Est-il prévu de tourner d’autres numéros ?
Non, pour l’instant, rien n’est acté.
Que ferez-vous si d’autres chaînes vous contactent ?
Dans « On refait la télé » sur RTL, j’avais dit que ce n’est pas parce que je suis en ce moment chez la voisine que je ne retournerai pas au bercail. Je n’aurais pas dû parce que c’était déplacé. Aujourd’hui, si TF1 venait me chercher, je pense que j’aurais du mal à me regarder dans une glace si je disais oui. Que dirait le public ? Je passerais pour quoi ? Je ne me vois pas lâcher des gens qui m’ont permis de faire ce que j’ai fait. Je suis bien à RMC Story, on ne me prend pas la tête avec les audiences, on ne me prend la tête avec rien. Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est que le bonheur d’avoir un patron de chaîne qui vous appelle et qui vous dit : « Tu veux quoi ? ».
Ne regrettez-vous pas d’avoir si mal négocié votre salaire ?
Si je n’avais pas divisé mon cachet par cinq, on n’aurait pas fait l’émission. Ce n’est pas Canal+, ce n’est pas Netflix, RMC n’a pas les mêmes moyens. De plus, il faut savoir qu’Antoine Henriquet ne gagne pas une thune, il a fait ça pour le prestige. Maintenant, il va pouvoir négocier avec RMC pour la suite. Si la chaîne veut le faire avec une autre boîte, je dirai non. J’ai commencé avec lui, je finis avec lui.