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La Française de 23 ans a décroché samedi la médaille d’argent du 100 m haies, premier et unique podium de l’équipe de France d’athlétisme aux Jeux olympiques de Paris. Elle est passée à un centième de seconde du titre suprême.
L’argent de la libération et du soulagement. Il aura fallu attendre le dernier jour au Stade de France pour voir une médaille tomber dans l’escarcelle française en athlétisme. Dans les habits du sauveur de l’équipe de France : Cyréna Samba-Mayela (12″34), argent sur 100 m haies, samedi 10 Août, derrière l’Américaine Masai Russell (12″33) et devant sa partenaire d’entraînement, la Portoricaine Jasmine Camacho-Quinn (12″36).
A 19h36, allongée en larmes sur le tartan violet du Stade de France, la Française lâche « tout le stress » accumulé. L’or lui échappe d’un centième de seconde, mais cette médaille d’argent « ça a le goût de l’or, avec tous les défis rencontrés cette année »assure celui qui devra désormais assumer le statut de leader des Bleus de l’athlétisme, à seulement 23 ans années.
« J’ai tenté ma chance et je suis partie m’entraîner aux États-Unis avec un coach irlandais. Être confrontée à une culture que je ne connaissais pas, parler une autre langue, vivre loin de ma famille, c’était très dur. Il y a eu de nombreux moments où j’ai eu envie de tout laisser derrière moi. »
Cyréna Samba-Mayela, vice-championne olympique du 100 m m haieslors d’une conférence de presse
Si discrète jusqu’à son départ pour le pays de l’Oncle Sam À l’automne 2023, le Tricolore a fait un tour d’honneur de dix ans minutes, drapé dans une bannière tricolore, sautant dans les airs, partageant son bonheur avec le public dans l’enceinte dionysiaque. Depuis qu’elle s’entraîne en Floride, à Orlando, ses coéquipiers de l’équipe de France, comme le directeur de la haute performance, Romain Barras, l’ont remarqué. :l’athlète semble plus épanoui et souriant. « Je ne pense pas avoir changé, je pense avoir évolué, rétorque la jeune femme. LPartir aux États-Unis m’a revigoré et m’a permis de découvrir d’autres aspects de moi-même.
Pour offrir à la France sa seule médaille en athlétisme, Cyréna Samba-Mayela est revenue de « enfer ». A Rome, début juin, le champion du monde en salle du 60 m haies 2022 a battu son record personnel sur 100 m haies et s’est rapprochée du record d’Europe pour s’assurer la couronne continentale. Un chrono de 12″31 synonyme d’une place parmi les favorites pour le titre olympique. Derrière, la machine s’est enrayée. L’athlète a attrapé le Covid, qui l’a clouée au lit pendant une semaine et l’a laissée très fatiguée pendant près d’un mois.
« J’avais l’impression que mon talent avait disparu et que je devais tout reconstruire », retrace l’athlète, qui cite le travail avec son entraîneur, son manager, son agent et son préparateur mental pour remettre les choses en perspective et reprendre confiance. « Pendant un moment, je n’ai plus cru en moi, je pensais que je n’y arriverais jamais. Mais ils m’ont rappelé que tout le travail que j’avais accompli n’allait pas être détruit comme ça. »
Pour finaliser sa préparation, elle suit de près son entraîneur irlandais, John Coghlan, avec qui « Ça a tout de suite cliqué ». Toujours avec un pied dans l’avion, elle navigue entre la France, où elle est exemptée des championnats de France pour cause de Covid, les États-Unis et l’Irlande. « Gardez votre système nerveux actif »affaiblie par le Covid, elle s’aligne en compétition au Luxembourg et en Suisse. Les chronos ne sont pas totalement rassurants (12″66 puis 12″72 en finale). Mais, à la veille de son arrivée au village olympique, la Française assure « avoir retrouvé une bonne forme ».
Après un premier tour correct (12″56), Cyréna Samba-Mayela a échappé de peu à la sanction en demi-finale avec une grosse erreur sur la dernière haie (12″52). Mais l’essentiel était là. Qualifiée pour la finale, elle a sauvé l’honneur de l’équipe de France avec l’argent. « Elle est phénoménale. Ce qu’elle a réussi à faire, à faire des changements techniques à chaque tour, sous pression, c’est incroyable », a salué son entraîneur.
L’argent à Paris, le même métal que l’unique médaille décrochée à Tokyo trois des années plus tôt, par le décathlonien Kevin Mayer. « Je pense que beaucoup de gens n’y croyaient pas vraiment, surtout après l’annonce du retrait de Kevin Mayer. glisse le tout nouveau vice-champion olympique.
« J’ai eu confiance en mon travail et cela a payé. J’espère que cela motivera beaucoup d’autres personnes à croire davantage en elles-mêmes. Les Français ne sont pas toujours super optimistes et je pense que cela peut leur donner un coup de pouce. »
Cyrena Samba-Mayelalors d’une conférence de presse
Si l’unique médaillée d’athlétisme aux Jeux de Paris ne se voit pas en sauveuse de son clan, elle porte déjà le message très américain de sa foi en l’avenir. « TCela ne s’arrête pas là. jeL’aura de Los Angeles (en 2028)d’autres Jeux Olympiques, d’autres championnats. J’ai confiance en nous, en c« Ceux d’aujourd’hui et de demain, afin qu’ils ramènent à la maison plus de médailles. » Le rendez-vous est pris.