Cyndi Ngamba offrira à l’équipe de réfugiés sa première médaille de l’histoire
MOHD RASFAN / AFP
Cindy Winner Djankeu Ngamba de l’équipe olympique des réfugiés réagit après avoir battu Davina Michel de France en quart de finale de boxe féminine de 75 kg lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 à la North Paris Arena de Villepinte le 4 août 2024.
SPORT – Un mental d’acier et des poings serrés. La boxeuse Cindy Ngamba assure à l’équipe olympique des réfugiés sa première médaille. Sa victoire ce dimanche 4 août face à la Française Davina Michel en quart de finale des -75 kg aux JO de Paris 2024 lui garantit au moins une médaille de bronze. Mais c’est l’or que la boxeuse camerounaise visera dans quelques jours à Roland-Garros.
Il s’agirait d’une consécration pour l’équipe olympique, dont le CIO avait annoncé la création en 2015, une année marquée par le déplacement de millions de personnes – lié notamment à la guerre en Syrie. Au fil des années, la délégation s’est étoffée : passant de 10 athlètes aux JO de Rio 2016 dans trois disciplines, à 29 aux JO de Tokyo 2020 dans 12 disciplines, et enfin 36 athlètes dans 12 disciplines pour les JO de Paris cette année.
Lors de la cérémonie d’ouverture à Paris, la délégation des réfugiés était représentée par Cindy Ngamba, fière porte-drapeau devant les yeux de centaines de milliers de spectateurs. C’est un honneur pour moi de représenter cette équipe spéciale et de porter le drapeau des millions d’autres réfugiés à travers le monde. » dit-elle, rapporte Eurosport.
Réfugiée en Angleterre, elle découvre la boxe par hasard.
Après avoir passé son enfance au Cameroun, Cindy Ngamba arrive en Angleterre à l’âge de 11 ans avec l’un de ses frères, sa famille espérant trouver une vie meilleure. En 2009, je suis arrivée à Bolton, près de Manchester. Il faisait froid, le temps était pluvieux, c’était très difficile au débutelle a confié au média Infomigrants. De plus, j’avais un énorme blocage linguistique, je pensais que je n’y arriverais jamais, je ne comprenais rien. ! ».
Son adolescence au Royaume-Uni n’est pas facile, marquée par le harcèlement de ses camarades de classe. À 15 ans, Cindy Ngamba découvre la boxe par hasard dans son club de sport où elle a d’abord joué au football. Un jour, après l’entraînement, un groupe de gars en sueur sortaient d’une salle, alors je suis allé jeter un œil par curiosité. J’ai ouvert la porte et j’ai trouvé cette salle de boxe… a-t-elle rappelé à Eurosport. Il y avait plein de gars qui frappaient des sacs, tout ce que j’entendais c’était « BOOM, BOOM ! » et ça puait la sueur. J’ai adoré ! J’ai demandé à l’un des entraîneurs à quelle heure commençaient les séances, puis je suis rentré chez moi ce soir-là et je suis revenu le lendemain prêt pour le début du cours.
Son orientation sexuelle l’empêche de rentrer au Cameroun
En 2020, elle a obtenu le statut de réfugiée. Un soulagement, car en tant que lesbienne, elle n’est plus la bienvenue au Cameroun. Dans ce pays, les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont illégales et passibles de peines de prison allant de six mois à cinq ans, comme l’a récemment dénoncé la propre fille du président Paul Biya.
Avant d’obtenir le statut de réfugié, le droit de Cyndi Ngamba à rester au Royaume-Uni était précaire. « J’ai failli être renvoyée au Cameroun en 2019, lorsque je me suis retrouvée dans un camp de détention. C’était l’une des expériences les plus effrayantes de ma vie. »elle a confié à Eurosport.
Bien qu’elle ait obtenu le statut de réfugiée, Ngamba se bat toujours pour obtenir un visa et la nationalité britannique. Même la demande envoyée au Home Office par GB Boxing, qui souhaitait la voir dans ses rangs pour les JO, n’a pas suffi à obtenir un passeport. Pourtant, la boxeuse a l’habitude de s’entraîner avec des championnes britanniques, comme Chantelle Cameron et Lauren Price. Mieux encore, à 25 ans, elle a remporté des titres nationaux amateurs dans trois catégories de poids différentes. Une première depuis les exploits de Natasha Jonas. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est qualifiée pour les JO dans la catégorie des -75 kg.
« Je me pousse, je travaille dur, je continue même quand j’ai envie d’abandonner » elle a confié à la Parisien. Une mentalité qui lui a permis de se remobiliser en huitièmes de finale pour s’imposer face à la Canadienne Tammara Thibeault après un premier tour compliqué. Une détermination qu’il faudra remobiliser lors des demi-finales pour espérer aller au-delà du bronze.
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