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Crypto : la Flat Tax menacée par le NFP ?


20h00 ▪
11
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Thomas A.

La victoire législative du Nouveau Front populaire (NFP) ajoute de l’incertitude économique. En effet, le programme du NFP prévoit de supprimer la taxe forfaitaire de 30 % sur les plus-values ​​au profit d’un impôt sur le revenu. Cette nouvelle taxe pénaliserait lourdement les plus-values ​​importantes. Mais selon les premières études, l’État perdrait des recettes fiscales… De plus, le nombre d’investisseurs dans les cryptomonnaies dépasse celui des actions. La fiscalité des plus-values ​​sera au cœur des débats dans les prochains mois.

NFP et impôt forfaitaire

Le nouveau programme du Front populaire : ISF, Flat Tax, IR, etc.

La victoire du Nouveau Front Populaire (NFP) pourrait conduire à une révision importante de la fiscalité sur les cryptomonnaies. Le PFN propose notamment de supprimer le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %. L’introduction du PFU en 2018 a notamment constitué une étape vers la simplification du régime fiscal applicable aux plus-values ​​issues d’actifs numériques. Toutes les plus-values ​​réalisées sur les cryptomonnaies sont ainsi taxées jusqu’à aujourd’hui au taux de 30%. Mais le NFP entend taxer ces plus-values ​​comme des revenus du travail, selon les 14 tranches d’imposition établies.

Le programme budgétaire du Nouveau Front Populaire est principalement composé des points suivants :

  • «  Augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu à 14 tranches
  • Rendre la CSG progressive
  • Rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) renforcé avec un volet climat
  • Supprimer l’impôt forfaitaire et rétablir la taxe de sortie

(…)

  • Réformer l’impôt sur les successions pour le rendre plus progressif en ciblant les personnes les plus fortunées et introduire un héritage maximum

(…)

  • Faire la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales une priorité : dégager les moyens humains et financiers nécessaires, prendre des initiatives en lien avec tous les pays déterminés à mener ce combat. »

PROGRAMME-FRONT-POPULAIRE.pdf (lafranceinsoumise.fr)

Fiscalité : ce que le programme NFP changerait

La surpression de la Taxe forfaitaire en faveur de l’impôt sur le revenu aurait l’impact suivant :

  • Réduire l’impôt sur les plus-values ​​pour les faibles revenus et les faibles plus-values.
  • Augmenter l’impôt sur les plus-values ​​sur les revenus élevés et les gains en capital importants.

Il convient également de noter que l’impôt sur le revenu proposé par le PFN impose les revenus de 1 € ou plus, c’est-à-dire qu’il taxe les plus pauvres. Ce n’est pas le cas dans le système fiscal actuel.

Le taux marginal d’imposition est par exemple de 30 % à partir d’un revenu de 34 000 €. Au-delà de 34 000 € de revenus, le « Taxe forfaitaire  » chaque nouvelle plus-value deviendrait donc plus coûteuse que dans le système actuel.

Le barème de l’impôt sur le revenu souhaité par le NFP. Source : Nouveau Front Populaire : une hausse de la pression fiscale aux conséquences incertaines – Boursorama

Par ailleurs, les cryptomonnaies sont des valeurs mobilières qui seraient incluses dans le calcul de l’impôt sur la fortune exigé par le NFP. Cet ISF serait renforcé par le « coût » climatique.

Cette nouvelle fiscalité pourrait donc avoir deux effets. D’une part, cette réforme réduirait l’assiette fiscale, c’est-à-dire le nombre de personnes qui payaient le taux de 30%. D’autre part, cette réforme augmenterait considérablement le taux d’imposition sur les gros portefeuilles et pourrait même conduire à une double imposition avec l’ISF.

Enfin, nous savons que les cryptomonnaies sont souvent utilisées par des profils mobiles internationaux. La restauration de laimpôt de sortie recherché par le NFP pourrait indirectement bénéficier aux crypto-monnaies.

Une réforme qui coûterait cher à l’État ?

Selon les calculs de l’Institut Montaigne, la suppression de la Flat Tax entraînerait en réalité une perte de recettes fiscales pour l’État ! En réalité, la base d’imposition serait réduite et chaque contribuable paierait en moyenne moins d’impôt. L’effet de la suppression de la Flat Tax serait en réalité un coût pour les finances publiques. En d’autres termes, le NFP préfère « taxer les pauvres » ou ceux qui ne sont pas soumis à la Flat Tax, pour faire payer « plus » aux plus riches les grosses plus-values… Une telle réforme bénéficierait donc certes à la plupart des investisseurs actuels, mais les plus gros investisseurs seraient très lourdement touchés.

«  Toutefois, les réformes précédentes ont montré que le montant des dividendes est très sensible au taux d’imposition. La suppression du PFU correspondant à une augmentation du taux des prélèvements, la mesure entraînerait probablement une réduction de l’assiette fiscale, et donc une baisse des recettes. Si la base imposable revenait à son niveau de 2017, soit avant l’instauration du PFU, le rendement de la suppression du PFU pourrait être négatif et générer une perte de 700 millions d’euros. »

Nouveau Front Populaire | Supprimer la flat tax et rétablir l’exit tax | Élections législatives 2024 | Institut Montaigne

Dans un contexte de déficit croissant des finances publiques, il paraît difficile d’imaginer la mise en œuvre d’une mesure aussi contreproductive. De plus, le contexte de majorité très relative rend cette mesure non prioritaire.

La fiscalité actuelle en France

À ce jour, les cryptomonnaies sont considérées comme des biens mobiliers. Elles sont soumises à l’impôt sur le revenu lorsqu’elles sont vendues contre des devises fiduciaires (euros, dollars, etc.). Les bénéfices réalisés sont imposés à un taux forfaitaire unique (PFU), également appelé taxe forfaitairede 30 %. En outre, la taxe forfaitaire comprend 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de cotisations de sécurité sociale.

En outre, ce régime fiscal s’applique principalement aux personnes physiques effectuant des opérations occasionnelles. Pour les commerçants professionnels ou ceux dont l’activité commerciale est considérée comme régulière, les bénéfices sont imposés au barème progressif de l’impôt sur le revenu, auquel s’ajoutent les cotisations de sécurité sociale. Avec le NFP, ces cotisations sociales deviendraient progressives.

Enfin, les valeurs mobilières, y compris les cryptomonnaies, ne sont actuellement pas soumises à l’impôt sur la fortune. L’impôt sur la fortune actuel ne prend en compte que les biens immobiliers. Un rétablissement de l’ISF par le PFN conduirait à l’intégration des cryptomonnaies dans le patrimoine imposable des Français.

Combien rapporte la taxe forfaitaire sur les crypto-monnaies ?

En 2022, plus de 20 000 personnes ont déclaré des gains en cryptomonnaies, selon les données fournies par la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Ces 20 000 Français ont déclaré près de 400 millions d’euros de plus-values. Ce qui représente, avec le taux forfaitaire de 30%, près de 120 millions d’euros. Cependant, le nombre de déclarants reste nettement inférieur au nombre de comptes de cryptomonnaies.

En effet, plusieurs enquêtes montrent qu’environ 10% des Français posséderont des cryptomonnaies en 2023. De plus, 85% des Français ont déjà entendu parler des cryptomonnaies. En d’autres termes, le nombre de Français possédant des actions (moins de 7%) serait bien inférieur au nombre de personnes possédant des cryptomonnaies. Cette proportion resterait néanmoins inférieure à celle de nos voisins européens. Par ailleurs, 26% des Français envisageraient d’investir dans les cryptomonnaies dans les années à venir. Malgré tout, les Français placeraient moins de 10% de leur épargne en cryptomonnaies.

Une perte de revenus importante ?

Par conséquent, le problème de la Flat Tax est plus important sur les crypto-monnaies que sur les actions. Mais la part des déclarations fiscales reste très faible sur les cryptomonnaies, et les moyens de contrôle sont très limités. Dans un contexte de hausse du marché des cryptomonnaies en 2024, le manque à gagner pour l’Etat pourrait représenter à nouveau plus d’un milliard d’euros.

« Avec le prélèvement forfaitaire de 30 %, l’État aurait dû collecter 1,2 milliard d’euros si le mode de calcul de ce chiffre est conforme au code général des impôts. Il y a un écart énorme entre les 43,5 millions d’euros d’impôts de nos clients et ce chiffre »note Pierre Morizot, patron du cabinet Waltio, spécialisé en fiscalité.

On sait combien de Français ont déclaré leurs gains en cryptomonnaies au fisc (bfmtv.com)

Le manque de déclaration fiscale de la part de la communauté des crypto-monnaies peut s’expliquer par :

  • Les faibles montants généralement investis sur les plateformes.
  • Le caractère « libéral » et anonyme des cryptomonnaies.
  • L’absence de retenue à la source sur les Bourses, comme cela peut être le cas pour les actions.
  • La complexité du système fiscal.
  • Le public est plutôt jeune et peu informé sur les questions fiscales.

Malgré les efforts de simplification, la fiscalité des cryptomonnaies reste complexe. Les contribuables doivent parcourir de nombreux formulaires et satisfaire à des exigences de déclaration rigoureuses, ce qui peut être difficile pour ceux qui ne connaissent pas les aspects techniques de la fiscalité.

Conclusion

À terme, la majorité relative obtenue par le NFP pourrait transformer de manière significative la fiscalité sur les cryptomonnaies. Le NFP entend supprimer le Flat Tax pour taxer les plus-values ​​au même titre que le travail. La suppression de la Déduction Unique Forfaitaire de 30%, actuellement en vigueur, aurait deux effets majeurs :

  • L’augmentation du taux de prélèvement pour les plus-values ​​importantes, notamment lorsque les revenus de l’investisseur dépassent 30 000 € par an.
  • La réduction du taux de collecte dans le cas contraire.

Par ailleurs, les cryptomonnaies seraient incluses dans le patrimoine mobilier et soumises à l’ISF. Or, les différents calculs effectués montrent qu’une telle mesure ferait perdre des recettes à l’État en réduisant le nombre d’investisseurs imposables au taux précédent.

Enfin, la quasi-totalité des investisseurs en cryptomonnaies ne déclarent pas actuellement leurs plus-values. De plus, le manque à gagner pour l’État dépasserait le milliard d’euros… Une somme considérable à l’heure où le nombre d’investisseurs en cryptomonnaies dépasse celui des investisseurs en actions.

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Thomas A.

Auteur de plusieurs ouvrages, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, j’ai développé depuis de nombreuses années une véritable passion pour l’analyse et l’étude des marchés et de l’économie.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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