Croix gammées, gilet pare balles… À Antibes, un jeune de 16 ans soupçonné de préparer une tuerie de masse interpellé
Cet adolescent, obsédé par les tueries d’Oslo et de Columbine, envisageait de semer la mort dans le lycée horticole d’Antibes, où il avait fait ses études. Le parquet national antiterroriste a été informé.
Le Figaro Nice
Le pire a-t-il été évité ? Un adolescent de 16 ans, soupçonné d’avoir préparé une tuerie au lycée horticole d’Antibes (Alpes-Maritimes), où il avait fréquenté l’école, a été interpellé lundi au domicile de ses parents, apprend-on. Le Figaroconfirmant les informations de CActualités. Tout porte à croire qu’il se préparait à passer à l’action.
Cela faisait plusieurs mois que ce jeune homme de nationalité turque, atteint de troubles psychiatriques, était dans le viseur des forces de l’ordre. Le 23 février, le conseil départemental des Alpes-Maritimes a signalé au parquet de Grasse les propos inquiétants tenus par l’intéressé à son pédopsychiatre, « ce qui faisait craindre un acte imminent à caractère meurtrier », indique le procureur de la République de Grasse, Damien Savarzeix. Le même jour, le parquet de Grasse ouvre une enquête préliminaire contre le chef de« apologie du terrorisme ou du crime », confié au commissariat d’Antibes. Les premières investigations ont conduit à l’arrestation de ce jeune homme et à son hospitalisation obligatoire dans un service de soins psychiatriques le 6 mars. Une information judiciaire a été ouverte immédiatement.
Un mois plus tard, quelle ne fut pas la surprise des policiers d’Antibes lorsqu’ils apprenèrent que le lycéen s’apprêtait à regagner le domicile familial. « Nous savions à quel point il était dangereux et déterminé »murmure une source policière locale. « C’est quelqu’un qui est obsédé par les tueries de masse et qui ne le cache guère », poursuit une autre source proche du dossier. Il serait notamment fasciné par le terroriste néo-nazi norvégien Anders Behring Breivik, responsable de la mort de 77 personnes à Oslo et Utoya en 2011. Mais aussi par le massacre de Columbine aux États-Unis, qui a coûté la vie à onze étudiants et un enseignant le 20 avril 1999. « Les investigations menées par la suite par la police judiciaire de Nice, saisie par le juge d’instruction, ont permis de confirmer que le jeune homme nourrissait un projet de massacre, sans connotation religieuse »confirme le magistrat de Grasse.
Une jeune femme « dans le même délire » interpellée
Vendredi 19 avril, l’adolescent est finalement sorti de l’hôpital psychiatrique, avec l’accord d’un psychiatre. Les agents de la PJ ont immédiatement mis en place un système de surveillance serré autour du suspect. 24 heures plus tard, ils l’ont vu acheter un couteau de chasse. Lundi matin, l’ordre a été donné de l’arrêter au sortir du lit. Dans sa chambre, les enquêteurs niçois ont découvert plusieurs armes blanches ainsi qu’un gilet pare-balles tactique, confirmant leurs soupçons. Des croix gammées et des signes cabalistiques étaient affichés sur les murs. « Les enquêteurs ont également saisi des cahiers décrivant à grands traits son projet criminel »ajoute le procureur Savarzeix.
« La situation était vraiment très alarmante. La police a également découvert une accumulation impressionnante de données et de recherches sur Internet liées à des massacres.», détaille la source proche du dossier. Et pour indiquer à Figaro que l’adolescent a été en contact avec une jeune femme « dans le même délire », résidant dans le nord de la France. « L’exploitation de son ordinateur et de son téléphone a révélé qu’il était entré en contact avec une jeune fille, âgée de 17 ans, hospitalisée en psychiatrie à Cherbourg-en-Cotentin, qui semblait partager ses intentions meurtrières », confirme le parquet. Ce dernier a également été arrêté.
Le Parquet national antiterroriste a conseillé
Il a été présenté le 24 avril 2024 devant un juge d’instruction de Grasse et mis en examen des chefs de « participation à une association de malfaiteurs en vue de préparer un crime », en l’occurrence d’assassinats, et « d’apologie publique du crime ou du délit ». Il a été incarcéré par le juge des libertés et de la détention conformément aux réquisitions du parquet. « A l’arrivée à la maison d’arrêt, sur certificat médical attestant de la nécessité de soins psychiatriques et tenant compte de la dangerosité de cet individu, le préfet a prononcé dans la nuit une mesure ordonnant le placement en établissement de soins psychiatriques »rapporte Benoît Huber, le directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh.
La jeune femme a également été placée en garde à vue suite à une saisine conjointe de la police judiciaire de Caen. Suite à cette mesure, elle a été hospitalisée sans consentement. Le parquet national antiterroriste a été prévenu mais le tribunal de Grasse reste saisi des faits à ce stade. « L’enquête se poursuit et permettra notamment d’évaluer la responsabilité pénale du mineur au vu des troubles psychiatriques qu’il présente »souligne le procureur.