« Une dérive dangereuse. » C’est ainsi qu’un journaliste représentant l’Association de la presse présidentielle (APP) a décrit les critiques sévères d’Emmanuel Macron à l’encontre de la presse et de ses ministres, mercredi 23 octobre, lors du rapport du Conseil des ministres, après la divulgation de ses propos sur la création de l’État. d’Israël. Des propos tenus le 15 octobre lors de la séance à huis clos du Conseil des ministres, donc en principe confidentiel. Cette affaire avait déclenché une véritable chasse aux taupes à l’Elysée, avec dans le viseur la ministre de l’Éducation Anne Genetet, soupçonnée d’avoir mangé le morceau.
« Remettre en cause le professionnalisme et l’éthique des journalistes lorsqu’ils font honnêtement leur travail, afin de faire pression sur leurs sources, nous semble être une dérive dangereuse »a déclaré Thomas Despré, le représentant de l’APP, devant Maud Brégeon, porte-parole du gouvernement. « Par ailleurs, il nous semble très grave que le président estime (…) que « ce qui n’est pas dans un communiqué ou un rapport n’existe pas ». Notre travail ne peut se réduire à répéter des déclarations officielles ! Il s’agit aussi et surtout de permettre aux citoyens de savoir ce qui se passe une fois les micros coupés. Notre métier est de pouvoir enquêter librement dans les couloirs du pouvoir pour permettre à chacun de se faire une opinion. Cette liberté, fondamentale en démocratie, ne peut être remise en cause au gré des tempêtes politiques.a poursuivi le journaliste. Et d’ajouter : «la définition du journalisme ne sera jamais une prérogative présidentielle. Et en ces temps où les tentations populistes mettent à mal la liberté d’informer, notre association appelle au respect du travail des journalistes.»
Le gouvernement rappelle son « attachement » à la liberté de la presse
Le porte-parole du gouvernement a voulu calmer le jeu. « Personne, ni le Président, ni le Premier ministre, ni le gouvernement, n’a remis en question et ne remettra jamais en question la liberté de la presse. C’était une précision à l’égard de ses ministres qu’il invitait au professionnalisme. C’est tout à fait normal, ce qui se dit en Conseil des Ministres peut être confidentiel et c’est à nous de respecter cette confidentialité. Il s’agit simplement de rappeler qu’une déclaration rapportée ne constitue pas une déclaration officielle et qu’une déclaration rapportée sortie de son contexte devient une déclaration qui change de couleur.»a réagi Maud Brégeon, insistant sur l’attachement du gouvernement à la liberté de la presse qui participe « pour le bon fonctionnement de la démocratie ».
La colère d’Emmanuel Macron contre ceux qui ont révélé ses propos s’explique par le mini incident diplomatique qu’ils ont provoqué avec le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, avec qui les relations sont tendues. Selon ses propos rapportés par plusieurs participants, il a déclaré que « M. Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. Ce n’est donc pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU.» Le chef de l’Etat s’est indigné lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet européen à Bruxelles, jeudi 17 octobre, mais sans démentir les propos rapportés. Dans une grande tirade, il a fustigé le « ventriloques » qui a parlé pour lui et « manque de professionnalisme des ministres qui ont répété des propos déformés, des journalistes qui les ont répétés et des commentateurs qui n’ont pas mis l’accent sur la réalité et la véracité de tels propos ». « Si les mots rapportés, tronqués et déformés, sont mis entre guillemets, cela ne sert plus à rien de tenir des conférences de presse. » avait lancé le chef de l’Etat.