Divertissement

Critique d’une guerre presque totale

Malgré la finale guerrière de l’épisode précédent, La Maison du Dragon risque de décevoir à nouveau ceux qui l’accusent de se soustraire sans cesse à son devoir. Et si c’était là sa plus grande force ?

Difficile à oublier : épisode 4 de La Maison du Dragon La saison 2 s’est terminée à feu et à sang, laissant le sort de certains personnages en suspens. La guerre bat désormais son plein et les affrontements semblent inévitables. Cependant, cet épisode 5 perd encore une fois tout intérêt à ce sujet.révélant l’audace d’une saison 2 qui refuse résolument de mettre en scène le combat homérique attendu. ATTENTION, SPOILERS !

Tout pourri

La série HBO suit une structure narrative assez classique, Il était logique que cet épisode 5 ne soit pas aussi tonitruant que le point culminant de la mi-saison.. L’heure est au deuil et surtout à la gestion des conséquences de l’affrontement entre feu Rhaenys, les braises d’Aegon et le bien vivant Aemond. D’un côté, le conseil de Rhaenyra s’effondre. De l’autre, le roi ressemble au croque-monsieur que l’auteur de ces lignes dégustait devant sa télévision.

Les deux camps sont sous le choc et se préparent même lentement mais sûrement à toucher le fond. Depuis le début, Les auteurs ont constamment établi des parallèles entre les ennemisqui prétendent s’opposer mais vivent la situation de façon presque identique. Les deux vont donc se retrouver simultanément dans une mauvaise position, et c’est bien sûr le peuple qui en paiera le prix. Un peuple représenté par une petite famille à charge d’un enfant malade, qui pour l’instant fait encore office de garant.

Quand ton fils a oublié de mettre de la crème solaire

Particulièrement important dans cet épisode, où les dirigeants des deux factions sont confrontés à leur imprévisibilité, les prolétaires de Westeros sont mieux traités à travers la déconnexion de leurs dirigeants que lorsqu’ils apparaissent à l’écran. Oui, les Targaryen instrumentalisent leur volonté sans vraiment s’en soucier (une fois de plus, leur prétendue misogynie est un instrument politique), mais le scénario fait la même chose. Dommage, tellement Game of Thrones, malgré ses défauts, nous avait offert des personnages roturiers complexes.

L’intérêt de cet épisode permet aussi de souligner efficacement certains de ses défauts. Forcée de s’attarder à la fois sur la prise de pouvoir d’Aemond et sur les mésaventures de Rhaenyra et de prolonger la comparaison entre les deux camps, l’histoire survole les problèmes disséminés ici et là, à commencer par les bad trips incestueux de Daemon, qui expliquent assez largement ses failles et ses ambitions mal placées. Plus que jamais, cette saison est imparfaite… mais passionnante.

« Cette descente est douloureuse. »

Plus de donjons, moins de dragons

Les téléspectateurs qui ont regretté les détours pris par les premiers épisodes risquent donc de râler encore davantage. Le cliffhanger de l’épisode 4 n’annonçait pas réellement une accélération du rythme de la saison. Pourtant, c’est justement en refusant l’appel du grand divertissement guerrier que les scénaristes se montrent malins. Désormais, la note d’intention apparaît clairement : La Maison du Dragonen tant que bon observateur de la dynamique du pouvoir, suggère un regard sur la guerre qui va au-delà du plaisir de la violence et des grandes épopées.

Le conflit qu’elle décrit peut entraîner la mort de centaines de soldats, mais il se joue entre les murs de cachots, tous plus froids les uns que les autres, certains littéralement hantés par les batailles précédentes. Et surtout, bien que meurtrières, les batailles ne sont que les façades de joutes souterraines entre les puissants et des mouvements sociaux dont ils peinent à saisir la logique ou l’importance. Bref, c’est la guerre sans la gloire et les autres mensonges, sans ses faits d’armes et ses grands hommes. (ils sont tous pathétiques).

Le Manuel Valls de Westeros

Ensuite, il y a les dragons, des guerriers moins majestueux qu’une version médiévale de la menace nucléaire. Et lorsque la dissuasion échoue, les humains se montrent à nouveau incohérents, au point d’infliger un grave syndrome de stress post-traumatique à ce salaud de Cole. Certes, La Maison du Dragon n’est pas sans défauts, mais pour le moment elle sait contourner les attentes du public (et la promotion) de s’intéresser aux modalités réelles – dérisoires – d’une guerre de cette ampleur, dans laquelle la vie cesse d’avoir toute importance.

La dernière scène va donc décevoir certains, mais c’est d’une importance capitale : en désespoir de cause, Rhaenyra pourrait bien faire tomber l’un des murs entre les gens du pouvoir et le petit peuple, qui se fait de plus en plus entendre au fil de l’épisode. Et si les grands gagnants de cette confrontation absurde n’étaient ni dans le camp vert, ni dans le camp gris ?

Un nouvel épisode de la saison 2 de House of the Dragon disponible tous les lundis depuis le 17 juin 2024 sur la plateforme Max en France.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
Bouton retour en haut de la page