Critique de Star Wars Outlaws : l’immersion avant tout
En janvier 2021, Ubisoft annonçait fièrement son partenariat inédit avec Lucasfilm Games pour la production d’un jeu Star Wars. Finalement dévoilé au monde entier lors du Summer Game Fest 2023, Les hors-la-loi de Star Wars sort enfin de l’hyperespace et atterrit dans notre galaxie pour nous permettre d’explorer la sienne. Alors, la saga de George Lucas est-elle compatible avec la recette bien établie du monde ouvert d’Ubi ? Notre test.
Si la saga Star Wars se décline depuis des décennies dans une variété vertigineuse de jeux vidéo (voir l’excellente émission Super Vieux Jeux à ce sujet), La Guerre des étoiles Hors-la-loidans un bon jeu Ubisoft, joue la carte pour la première foismonde ouvert. Ou plutôt DES mondes ouverts. Oui, comme le diptyque Jedi Fallen Order/Survivant EA donne au studio suédois Massive (créateur de The Division) l’opportunité de s’emparer La Guerre des étoiles donne vite envie de voir le monde et de visiter plusieurs planètes.
Dans ce cas, le jeu propose un prologue dans la ville de Canto Bight (vue dans l’épisode VIII) avant de s’envoler vers Toshara, une nouvelle planète dotée d’un spatioport animé et, surtout, de très vastes étendues sauvages évoquant à la fois les steppes africaines et les canyons orange de Monument Valley. Après quelques heures, La Guerre des étoiles Hors-la-loidisponible à partir du 30 août 2024, s’ouvre un peu plus pour vous permettre d’explorer une très grande partie de Tatooine (qui n’a plus besoin d’être présentée), Akiva (et ses jungles humides et luxuriantes) et enfin la glacée Kijimi (une zone beaucoup plus petite, uniquement composée d’une ville labyrinthique menant à différents lieux de missions).
Hors-la-loi nous plonge comme jamais auparavant dans le monde de La Guerre des étoiles
Outre la variété des paysages, La Guerre des étoiles Hors-la-loi étonne par sa capacité à leur donner vie et ainsi nous plonger dans l’univers de la saga comme nous avons rarement pu le faire. En plaçant habilement son intrigue entre L’Empire contre-attaque Et Le retour du JediMassive multiplie les références et nous emmène avec malice dans des lieux vus dans les films pour attraper nos petits cœurs nostalgiques et les faire mieux bondir. S’infiltrer dans un croiseur de l’Empire bordé de Stormtroopers ou traverser Mos Eisley pour aller boire un verre à la cantina, c’est évidemment imparable.
Mais au-delà du côté service des fans supposé, la richesse visuelle et sonore deHors-la-loi complète ce tableau impressionnant. Hurlements de chasseurs TIE au loin, discussions animées, invectives de gardes, rugissements mécaniques, bips de droïdes… Outre la qualité étonnante des décors qui retranscrivent jusque dans leur colorimétrie l’atmosphère des films, on baigne dans une atmosphère presque palpable, qui rend l’exploration d’autant plus exaltante et passionnante. Il est dommage dans un tel contexte de buter sur quelques aléas graphiques, notamment les modèles de personnages, notamment les visages, qui tranchent parfois dans ce bel écrin.
Mercenaire de guerre
Sans surprise, La Guerre des étoiles Hors-la-loi déploie dans ces espaces de jeu un gameplay assez classique pour l’éditeur et qui est très proche de la série Watch Dogs. On incarne Kay Vess, une jeune mercenaire, légèrement kleptomane sur les bords, qui va se laisser aveugler par l’espoir d’un braquage historique qui devrait la rendre très riche et lui offrir une liberté à laquelle elle aspire depuis son enfance. Pour y parvenir, elle doit recruter une petite équipe de personnages secondaires qui l’attendent dans les différents mondes ouverts.Il s’agira d’autant d’arcs narratifs souvent liés aux factions qui se battent pour le contrôle des différentes planètes.
Les hors-la-loi de Star Wars possède en réalité deux versants. D’un côté, il y a cette histoire principale qui déroule tranquillement une jolie série de missions assez variées, avec juste ce qu’il faut de rebondissements et de mises en scène pour créer une aventure époustouflante. Ça, et c’est assez surprenant pour un tel titre – Ubisoft, qui plus est -, ça occupe à peine une vingtaine d’heures de jeu. Vient ensuite la deuxième partie, plus systémique, dans laquelle on peut plonger en parallèle à volonté : incarner un mercenaire dans le monde de La Guerre des étoiles.
La force du RPG ?
Contrairement à ce qui est devenu la norme pour les AAA contemporaines, Hors-la-loi ne tombez pas dans le piège du RPG léger et ignorez tout ce qui est points XP, arbres de compétences et butin armes. Il imagine à la place un système de déblocage de capacités spéciales en relevant des défis avec des PNJ pour se retrouver (certains sont bien cachés) et tout un écosystème d’amélioration d’équipement dans les boutiques ou en effectuant des missions secondaires. Un principe audacieux, encore perfectible, mais très prometteur !
On peut ainsi se lancer dans une myriade de missions et quêtes annexes pour aider ou trahir les différents syndicats du crime (dont le bon vieux Jabba), afin de remplir nos poches et de débloquer des objets et accessoires rares et utiles pour améliorer notre héroïne. Tout cela est encadré par un système de notoriété auprès de ces groupes criminels. Cela peut nous mettre en danger (agir trop contre leurs intérêts et ils risquent de tirer à vue) ou attirer des faveurs (accès sans risque à des lieux, des boutiques spéciales et même des équipements rares). Cette construction permet Les hors-la-loi de Star Wars de diffuser son contenu sans nous y noyer et de proposer une aventure à la carte qui n’impose rien de force et se savoure avec une grande liberté. On se laisse ainsi prendre au jeu de cette héroïne sournoise et souvent piquante (jouez-la en version originale, s’il vous plaît !) qui, tel Han Solo, sait aussi bien se mettre dans les pires bourdes que s’en sortir avec panache (mais parfois avec un peu de fracas).
Reste caché, tu dois
Dans un tel contexte, la sagesse du gameplay fonctionne plutôt bien, car elle est souvent cohérente avec la personnalité de ce jeune voleur peu enclin au chaos et à la violence. Bref, le jeu s’oriente allègrement vers l’infiltration, parfois très exigeante, avec même quelques séquences radicales où se faire repérer mène tout droit à l’échec.
Heureusement, Key peut compter sur un drôle de petit compagnon poilu, Nix, qui joue le rôle d’un mini coéquipier discret capable de distraire les gardes (ou de leur sauter au visage), de voler des objets à distance (y compris des armes), de déclencher un interrupteur, de piéger une alarme… Bref, offrant une jolie petite palette d’actions qui enrichissent doucement ces passages. Ils sont d’autant plus intéressants que le travail sur le conception de niveau L’exploration de certains bastions est plutôt réussie, comme en témoignent les quelques approches possibles pour les plus patients et curieux. On regrettera cependant l’impossibilité de cacher les corps semés derrière nous. Pour un jeu aussi axé sur la discrétion, il s’agit là d’une omission assez paradoxale.
En tant que studio derrière The Division, Massive sait toujours comment faire bouger les choses La Guerre des étoiles Hors-la-loi dans des scènes de combat au blaster très efficaces. Il y a beaucoup de couvertures, de choses à faire exploser et de chemins tortueux pour éliminer les vagues d’ennemis. Le jeu propose également de nombreuses phases de plateforme, qui semblent venir tout droit de Star Wars Jedi : Survivant — y compris la conduite un peu trop flottante (bon point : on peut masquer les chemins balisés).
Enfin, en plus des poursuites en speeder (qui sont au jeu ce que les chevaux sont à Red Dead Redemption), La Guerre des étoiles Hors-la-loi sait voler vers les étoiles et nous emmener dans de grandes zones orbitales liées à chaque planète. Le vaisseau peut explorer certaines stations secrètes, slalomer dans les nébuleuses et surtout se lancer dans combats aériens simple, mais très fluide et nerveux. Une sorte de petit bonus qui apporte une saveur agréable au jeu et renforce cette sensation d’explorer librement l’univers de Guerre des étoiles, un rêve que nous nourrissons depuis la première fois où nous avons vu ces quelques mots écrits sur un écran : » Il était une fois dans une galaxie lointaine, très lointaine… « Et sans sabre laser s’il vous plaît.
Le verdict
Nous avons aimé
- Une sensation d’immersion assez folle
- La campagne principale est rythmée et non diluée
- Un contenu riche et varié délivré de manière intelligente
Nous avons moins aimé
- Techniquement inégal
- Un gameplay à faible risque
- Doublage français paresseux
À première vue, Hors-la-loi coche judicieusement les cases du monde ouvert à gros budget. Il nous emmène sur différentes planètes de la galaxie La Guerre des étoiles pour infiltrer les endroits les plus dangereux et les plus infâmes, exécuter quelques voyous à coups de blaster, faire des courses-poursuites en speeder et même affronter des chasseurs TIE au milieu d’astéroïdes. Mais au-delà de ce cahier des charges bien rempli, le jeu de Massive révèle des univers d’une beauté et d’une crédibilité aussi saisissantes que le rayon tracteur de l’Étoile de la Mort.
Avec de nombreux clins d’œil, des références et un respect de l’esprit des premiers films, les décors de Les hors-la-loi de Star Wars nous plonge dans une ambiance fantastique qui nous donne envie d’explorer et de jouer le jeu de ce mercenaire flirtant avec les pires criminels de la galaxie. Cela fonctionne d’autant mieux que le contenu, bien que gargantuesque, est proposé avec une certaine intelligence, un naturel artificiel qui fonctionne très bien et favorise parfaitement notre immersion dans cet univers fascinant et plein de surprises.