Divertissement

Critique de Loose Brothers sur Apple TV+

LA BELLE ÉQUIPE

Entre l’embarrassant Marche du chaos et la déception Relaison pourrait parfois oublier à quel point Doug Liman était un réalisateur crucial dans l’évolution du blockbuster moderne à Hollywood. Et pourtant, malgré ses récents échecs artistiques, il y a toujours quelque chose de stimulant dans l’idée de découvrir le dernier long-métrage du cinéaste. D’autant plus que le film en question marque ses retrouvailles avec Matt Damon, plus de vingt ans après l’inoubliable La mémoire dans la peau.

Ajoutez à cela les retrouvailles de Matt Damon et d’un frère Affleck, une équipe qui a, encore une fois, fait ses preuves à de nombreuses reprises, et on comprend aisément pourquoi Les instigateurs avait tous les ingrédients d’un petit événement. Le synopsis nous promettait un concept aussi simple qu’efficace : un ancien criminel et un homme au bout du rouleau se retrouvent mêlés à un braquage qui tourne mal avant de prendre une psychologue en otage. Il ne restait plus qu’à confirmer ces belles promesses.

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Comme on peut s’y attendre avec de telles têtes d’affiche, la maîtrise technique est évidente à l’écran. Doug Liman prend un plaisir contagieux à filmer des poursuites en voiture fluides et immersif. Cela est particulièrement évident lors d’un long plan-séquence que le cinéaste lui-même décrit comme une réinterprétation plus légère et plus dynamique de la séquence inoubliable proposée par Alfonso Cuarón dans Les Fils des Hommes. D’autant que tourner au cœur de Boston donne au récit un ancrage réaliste qui rappelle l’importance de filmer dans des lieux réels et de ne pas céder à la facilité du fond vert systématique.

Côté écriture, Casey Affleck et Chuck Maclean proposent un scénario qui mélange efficacement comédie décalée et film de copains. Leur histoire veut jongler sans cesse entre un style de cinéma plus indépendant et le pur produit de divertissement. Mais l’inspiration principale du duo semble se trouver chez Guy Ritchie. On retrouve beaucoup des caractéristiques du cinéaste dans Les instigateurs :des anti-héros malchanceux et pas forcément doués, des seconds rôles charismatiques, des accents très prononcés… tout y est.

Critique de The Instigators 2Critique de The Instigators 2
Océan 2

FOLIE POUR TROIS

Entre son exécution technique et ses inspirations prometteuses, Les instigateurs avait tout pour être un succès retentissant. Mais pour y parvenir, il aurait fallu au film une vraie touche de folie et d’irrévérence. Outre quelques gags hilarants, L’humour noir du film reste beaucoup trop fade. En vérité, la dernière création de Doug Liman souffre du syndrome du bon élève. Les codes du film de braquage sont respectés, ceux du buddy movie aussi… L’histoire se suit sans déplaisir, mais le sentiment de déjà-vu prend vite le dessus.

Même lorsqu’il s’aventure sur des chemins qui peuvent être totalement inattendus, le film reste beaucoup trop sage. On pourrait ainsi citer le personnage du maire, incarné par un Ron Perlman toujours insolent de charisme. Ce personnage d’élu corrompu qui refuse la défaite électorale, quitte à provoquer des émeutes, avait un potentiel excitant dans le contexte politique américain actuel. Une idée brillante qui n’est malheureusement jamais exploitée et se réduit à un simple ressort comique sans réel enjeu scénaristique.

Les instigateurs Matt DamonLes instigateurs Matt Damon
N’ai-je pas déjà entendu cette histoire ?

CEUX QUI SONT SUR LE POINT DE VIVRE

Malgré ses évidentes limites, le long métrage de Doug Liman n’en reste pas moins particulièrement attachant dans sa manière de mettre en scène de magnifiques perdants. Sans avoir la cruauté du cinéma des frères Safdie, Les instigateurs poursuit la même volonté de dépeindre ceux qui ont échoué en quoi que ce soit. Pour mener à bien cette ambition, le film peut compter sur la complicité évidente du duo Matt Damon et Casey Affleck.

Ajoutez à cela la tendresse décalée du personnage de psychologue incarné par un Hong Chau irrésistible, les séquences réunissant nos trois protagonistes à l’écran donnent lieu à des dialogues aussi intelligents que drôlesAu travers de séances de thérapie improbables et improvisées, l’histoire parvient à en révéler davantage sur la vie privée de ses héros inutiles tout en évitant d’être trop bavarde ou de tomber dans des lieux communs inintéressants.

Ben Affleck Matt Damon Les InstigateursBen Affleck Matt Damon Les Instigateurs
L’anti Jason Bourne

Dans une interview, Doug Liman a déclaré qu’il voulait faire une sorte d’anti-Jason Bourne. Son ambition était de passer d’un héros tout-puissant à une histoire d’incompétence et de médiocrité de deux hommes égarés. Un concept qu’il pousse à son paroxysme lors de la préparation du braquage, entre Matt Damon qui prend des notes comme un enfant et Casey Affleck qui n’arrête pas d’interrompre les explications.

Plutôt que de juger ses héros, Les instigateurs observez-les avec une gentillesse touchante. Si cette touche d’humanité ne suffit évidemment pas à révolutionner le genre, elle contribue néanmoins à faire du film une agréable découverte. La formule n’est peut-être pas nouvelle, mais contrairement aux plans douteux élaborés par nos protagonistes, elle fonctionne.

The Instigators est disponible sur Apple TV+ depuis le 9 août 2024

Affiche de The Instigators Matt Damon Casey AffleckAffiche de The Instigators Matt Damon Casey Affleck

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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