TOUS LES CHEMIN MÈNENT À ROME
Si le péplum a souvent associé Antiquité et profusion de moyens, il l’a d’abord fait pour le grand écran (Ben Hur Et Spartacus sont les exemples les plus connus), avant d’appliquer cette même recette au format sériel, avec Rome dans ce cas. Et c’est bien au cœur de l’Empire romain, cette fois en 79 après J.C., que se déroule cette première saison de Ceux qui sont sur le point de mouriradapté du roman éponyme de Daniel Mannix.
Rome est à cette époque le centre névralgique de toutes les tensions politiquesL’empereur Vespasien (Anthony Hopkins) arrive au terme de son règne et s’apprête à transmettre sa couronne à l’un de ses deux fils, Titus et Domitien. Ce passage de flambeau déchaîne rapidement les passions dans les hautes sphères, mais aussi dans le peuple, d’où émergent plusieurs figures montantes, à commencer par Tenax (Iwan Rheon, vu dans Game of Thrones), un propriétaire de taverne avec une ambition dévorante.
Bien sûr, ces luttes de pouvoir fleurissent aussi bien dans les coulisses qu’au grand jour, lors des jeux du cirque. Des défis sportifs qui deviennent de véritables exploits de bravoure sous la caméra d’Emmerich (le dynamiteur le plus fou d’Hollywood après Michael Bay), et donner un sérieux coup de fouet au récit, la plupart des intrigues trouvant leur résolution dans le feu de l’action. Une tactique payante, car il aurait été facile de réduire ces séquences tourbillonnantes à de vaines parenthèses.
Le divertissement est donc total (Budget de 140 millions de dollars s’il vous plaît), mais le revers de la médaille est justement cette opulence extravagante, qui implique un excès de générosité à tous les niveaux. À force de multiplier les personnages, les enjeux et les conflits, la série menace plus d’une fois de s’effondrer sous le poids de ses propres excès, et certains arcs narratifs (l’introduction de Kamwé parmi les gladiateurs par exemple) semblent laissés en suspens sans raison. Heureusement, ce sentiment s’estompe après les premiers épisodes.
On se souvient alors davantage l’esprit feuilleton de la série qui réussit finalement à tout embrasser en établissant des alliances inattendues, d’où un effet domino jubilatoire lorsqu’une situation échappe au contrôle de l’un ou l’autre personnage et impacte indirectement ses acolytes. Ceux qui sont sur le point de mourir s’appuie sur cette logique avec une propension à la cruauté qui semble sans limite, se référant constamment à la maxime de Ténax : « S’élever ou mourir » .
C’EST DU SANG !
» J’ai l’impression que les gens n’étaient pas aussi sensibles à l’époque. Quelqu’un pouvait être tué par un animal, et les spectateurs ne sourcillaient pas. Ils étaient même amusés. Nous sommes simplement devenus un peu plus civilisés.« , a confié Emmerich lors d’une interview pour le site Scénario créatifS’il n’a peut-être pas tort, on ne peut s’empêcher de constater que nos sociétés modernes partagent toujours ce même goût du massacre, et en ce sens, la série est tout à fait pertinente.
Je dois dire que Ceux qui sont sur le point de mourir nous invite à un véritable massacre. Oui, la galerie de personnages est impressionnante, mais le nombre de pertes humaines l’est tout autant. Une loterie impitoyable qui ne tient compte ni des profils, ni des nationalités, ni du rang social, et rétablit une forme d’équité face à la mort. Dans ce grand melting-pot romain, on s’amuse alors à repérer les têtes fortes, les fins stratèges, les âmes charitables, et à prédire leurs chances de survie. On se rend alors compte à quel point on est (très) loin du compte.
Alors que le dernier tiers de la saison commence, menant au bain de sang final (la libération du crocodile et l’attaque du lion valent la peine d’être vues), la tragédie rivalise enfin avec la farce. Emmerich regarde les hommes et quelques femmes tomber avec une ironie plus mordante que jamais, évoquant le souvenir de 2012 et ses morts grotesques en cascade. On sent surtout qu’il prend un malin plaisir à faire souffler un vent de panique parmi ceux qui ont déjà assisté sereinement au massacre.
Bien sûr, C’est aussi une question de jalousies et de trahisons familiales.. À cet égard, le duel fratricide entre Titus et Domitien tient toutes ses promesses. Il représente le centre de gravité autour duquel tout le reste gravite et propulse la série en plein essor. Suspense shakespearien. Les grosses bottes sont certes de mise, mais c’est encore une fois grâce à ce délicieux ton tragi-comique que Ceux qui sont sur le point de mourir parvient à trouver le bon équilibre.
Ceux qui sont sur le point de mourir est disponible dans son intégralité sur Amazon Prime Video depuis le 19 juillet 2024.