En friche depuis 2017, la franchise emblématique de science-fiction avait grand besoin de rédemption. Une renaissance qu’elle a confiée au réalisateur Fede Alvarez, aux commandes deAlien: Romulusen salles ce mercredi 14 août.
Un nouvel opus qui tente de revitaliser une franchise moribonde en s’éloignant des enjeux démesurés de Prométhée Et Engagementpour mieux rappeler son ADN horrifique et profondément humain. Voici notre critique, garantie sans spoilers.
L’histoire du film
Une équipe de jeunes colons de l’espace explore les profondeurs d’une station spatiale abandonnée, où ils rencontrent les créatures les plus terrifiantes de l’univers.
Notre avis
En 45 ans d’existence, la franchise Étranger a montré toute sa polyvalence, allant des discussions à huis clos anxiogènes aux Alien, le huitième passager (1979) au film de guerre avec Les extraterrestres (James Cameron, 1986), à travers le thriller carcéral (Alien 3 en 1992), le film de monstre grotesque (Alien, la résurrection en 1997) et le blockbuster biblique (Prométhée(2012).
Sept ans après la déception Alien : Covenantla saga a confié les rênes de son avenir au réalisateur uruguayen Fede Álvarez, habitué aux productions intelligentes (Ne respire pas), et les résurrections de franchises (le remake demal mort en 2013). Et le pari est réussi : entre sens du spectacle, archétypes renouvelés et horreur retrouvée, sa proposition fonctionne à merveille.
Fini le temps des équipages de scientifiques, des vaisseaux massifs et des voyages intergalactiques : Alien: Romulus choisit de réduire l’ampleur de son drame et de se concentrer sur un groupe de parias en quête de liberté. Un point de départ plus modeste qui prend le temps de nourrir des héros attachants que l’on verrait davantage du côté de Blade Runner.
Fede Alvarez assume son retour aux sources en plaçant son intrigue dans le décor familier d’une station spatiale abandonnée, pour mieux développer un récit étouffant à huis clos dans la veine deÉtranger premier du nom. Mais loin de proposer un remake inavoué, il n’oublie pas de nourrir sa référence d’inspirations plus contemporaines.
Romulus emprunte ainsi une structure plus vidéoludique, citant abondamment le brillant jeu Alien : Isolement (sorti en 2014) et son exploration fiévreuse, où chaque salle présente de nouveaux défis, ici brillamment mis en scène. Le film aborde également la dimension horrifique d’une manière jamais vue auparavant dans la franchise.
Alien: Romulus marque un véritable retour à l’esprit des dessins originaux de HR Giger (artiste suisse à l’origine de l’esthétique biomécanique de la saga). Organiques, sexuelles, sanglantes et dérangeantes à souhait : les créatures du film sont particulièrement réussies, dévoilant des facettes répulsives que l’on ne pouvait qu’imaginer à l’époque.
Des décors collants à l’ambiance sonore anxiogène, en passant par la photographie atmosphérique et la musique aux sonorités très « Jerry Goldsmith » de Benjamin Wallfisch (Blade Runner 2049), Alien: Romulus est un véritable festin pour les sens. Cela faisait longtemps que l’univers de Xenomorph n’avait pas été aussi vivant, vibrant et angoissant.
Il faut avouer qu’après plusieurs volets décevants, ça fait plaisir de revoir la saga. Étranger à ce niveau de qualité, même si la partition est loin d’être parfaite. Si le film se veut (relativement) détaché des autres volets de la franchise, il joue allègrement la carte du fan-service – du personnage mémorable à la punchline culte – parfois un peu trop gratuitement.
Alien: Romulus n’évite pas non plus l’aspect très programmatique de son récit. Le film reste ainsi une variation réussie, mais sans pour autant briser le moule fatigué de la franchise. On regrettera à ce titre un dernier acte improbable, et une poignée de thèmes esquissés (la maternité, le libre arbitre…) et malheureusement sous-exploités.
Peu importe ces défauts, Alien: Romulus a conquis le cœur de nos fans avec sa beauté folle, ses idées géniales et sa tension incessante. Le Xénomorphe est bel et bien de retour, et c’est une joie.
Alien: Romulus sort en salles le 14 août 2024.
- Regardez la bande annonce du film :