Crise énergétique : un manifeste exhorte le gouvernement à « sauver l’industrie »

L’association Retour de l’industrie en France (fondée par un ancien Schneider), les Forces françaises de l’industrie (proche du label Origine France Garantie), la jeune et ambitieuse Relocalisations.fr et la vénérable Société d’encouragement pour national l’industrie, fondée en 1801, partagent tous le même constat : « 10 à 13 milliards d’aides [engagées par l’Etat] ne suffira pas à corriger une hausse qui coûterait au moins 45 milliards aux entreprises ». D’autant que le fossé est profond, qui sépare ce montant des aides déployées outre-Rhin : « Nos voisins allemands », pointe le manifeste, versent-leur, « 100 milliards de subventions au minimum sur leurs industries ». Olivier Lluansi, l’ancien délégué aux territoires industriels sous François Hollande et l’un des principaux instigateurs du manifeste, a fait ses calculs : « Sur France Relance, un tiers des 100 milliards d’euros mobilisés étaient destinés à l’industrie française – ce qui lui a permis de passer l’épreuve Covid. Deux ans plus tard, sur les 110 milliards d’euros débloqués pour la crise énergétique, seuls 10 % du montant sont destinés à ce secteur. »
Jeunes pousses et vieux sages
Pour se faire entendre du gouvernement, les intervenants se sont donc succédé sur la scène de l’Hôtel de l’industrie, place Saint-Germain-des-Prés à Paris, des jeunes entrepreneurs aux sages de l’industrie, comme Louis Welsh. Le coprésident de la Fabrique de l’industrie a également jugé que le plan français n’était pas suffisamment ambitieux pour préserver les entreprises. Et d’appeler à « l’arrêt de la formation du prix de l’électricité qui ne marche pas » en obtenant un plafonnement du prix du gaz – toutes choses décidées au niveau européen et que le gouvernement allemand refuse. « On ne peut pas éviter une clarification avec l’Allemagne sur ces questions énergétiques : Berlin ne peut pas jouer en solo dans l’Union européenne », a martelé l’ancien patron d’Airbus.
Lire aussiPas encore d’accord dans l’UE sur le plafonnement des prix du gaz
L’appel est donc très politique. Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement productif sous François Hollande, et Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, ne s’y sont pas trompés. Tous deux ont joué les invités « surprises » à cette rencontre, pour stigmatiser la lenteur d’un gouvernement qui ignorerait le danger. « Nous sommes à la veille d’une vague de faillites », a lancé le premier, désormais fort de son parcours entrepreneurial avec les miels Bleu Blanc Ruche. « C’est un moment d’urgence nationale ; il faut se réveiller et reprendre nos intérêts », juge-t-il.
Cet appel à la mobilisation nationale de l’ancien élu socialiste n’est pas loin des revendications du chef des députés LR : Olivier Marleix exhorte également l’exécutif à appliquer pour la France un découplage du prix du gaz, qui a décollé avec la guerre en L’Ukraine, celle de l’électricité – à l’instar de l’exception obtenue par l’Espagne et le Portugal. L’élu s’est précipité sur le manifeste en descendant de la tribune pour y apposer sa signature.
Distance des grands groupes
Mais le gouvernement n’est pas le seul à avoir fait les frais de ce vent rebelle, qui souffle sur le terrain. Les grands syndicats institutionnels, comme l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et France Industrie, n’étaient pas dans les bonnes grâces des entrepreneurs présents. « Ces grandes organisations nous considèrent trop petits », se plaint l’un des organisateurs. « Ces syndicats professionnels sont trop attachés à la gestion de leurs relations institutionnelles avec le gouvernement », a regretté un autre. Si l’union sacrée s’installe entre PME et ETI industrielles, la distance reste avec les grands groupes, même dans la crise.
zimonews Fr2En2Fr