Crise en Nouvelle-Calédonie. Une association de l’Ile des Pins alerte sur la situation

On entend une seule voix à l’île des Pins, avec la création d’une association, AMI, pour Alliance pour la Mobilisation et l’Investissement sur Kwenyï-île des Pins. Elle rassemble des acteurs économiques et associatifs, des institutionnels et le corps médical. Ce sont des forces vives qui veulent améliorer le quotidien des habitants et trouver des solutions à la crise que traverse l’île des Pins. Et il y a urgence, selon son président Steeve Koutchaoua, également président de l’association des parents d’élèves. Il est l’un des initiateurs du mouvement.

« Nous sommes sur une île. Etre une île signifie que nous étions déjà touchés par des problèmes de liaisons maritimes et aériennes avant les événements. À cause de cette crise, la situation est pire. Nous avons parlé d’une urgence car nous allons bientôt manquer de médicaments pour nos aînés et de nourriture pour nos enfants qui vont à l’école. L’impact est général sur la société, civile ou professionnelle. » . « 

L’île des Pins fait face depuis plusieurs jours à de nombreuses exactions. Vols et dégradations, incendies d’infrastructures et agressions. Et face à l’insécurité grandissante, le territoire va très vite connaître une perte de soignants : un médecin, la sage-femme et l’infirmière ont décidé de partir. Une infirmière libérale a été agressée il y a quelques jours. Cela pose des questions sur l’accès aux soins, le suivi des patients, des femmes enceintes et l’organisation des urgences avec un effectif réduit.Le dispensaire fonctionnera en mode dégradé, il pourra même être amené à fermer certains joursexplique Nicolas Pannier, le secrétaire général de la Province Sud. Notre priorité est la sécurité de notre personnel, nous comprenons leur approche » . « 

« Ils seront très difficiles à remplaceril ajoute, Donc ces actes, ces agressions, ce racisme subi par ces soignants auront des conséquences, malheureusement. Ils quitteront leur poste le 31 août, nous essaierons de les remplacer mais je ne peux pas garantir que nous en aurons trouvé un d’ici là. » A cela s’ajoute le départ annoncé du professeur de mathématiques. Les enseignants sont revenus sur l’île, mais le risque est réel que certains d’entre eux repartent.

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Sur le plan économique, la situation est également préoccupante. Le tourisme, principale activité, est à l’arrêt depuis mai. Les hôtels, lodges et autres structures d’hébergement sont fermés. Le personnel est au chômage partiel. Le tourisme, qui fait vivre la moitié de la population de l’île, représente 600 emplois directs et 400 emplois indirects selon l’AMI.

Christian Vakié est le directeur de l’hôtel cinq étoiles Le Méridienqui emploie 70 personnes. Pour lui, la situation est critique.C’est catastrophique pour nous, car en juin et juillet, nous étions à 70 % d’occupation. L’hôtel est fermé jusqu’au 31 août, donc on commence à parler de licenciements, malheureusement. À un moment donné, on va devoir licencier des gens parce qu’on ne pourra pas avancer le chômage partiel pour tout le monde. Les derniers arrivés partiront les premiers… Ce sont des jeunes parents qui vont être licenciés.« 

En attendant des jours meilleurs, l’AMI lance également un appel à la population et aux coutumiers. Ces préoccupations ont été présentées à la grande chefferie de Kwenyï le mercredi 10 juillet. Une autre réunion sera organisée prochainement avec la commune. L’AMI souhaite ensuite lancer un appel à la Province du Sud et au gouvernement.