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Crise en Nouvelle-Calédonie : l’incompréhension des touristes français toujours bloqués sur le Caillou

Alors que 1 630 touristes français et étrangers ont pu être rapatriés dans leur pays de résidence, de nombreux métropolitains encore bloqués sur le territoire ressentent une forme d’abandon de la part des pouvoirs publics. Le haut-commissariat répond que tout est fait pour répondre aux situations d’urgence.

Une vue dégagée sur la Baie des Citrons, de magnifiques couchers de soleil et une température d’une vingtaine de degrés. Les conditions sembleraient idéales à Thomas* s’il n’avait pas été confiné depuis près de trois semaines dans l’archipel, commencé avec la fermeture de l’aéroport de La Tontouta suite aux émeutes.

Cela fait neuf jours que ce Français vivant au Japon aurait dû prendre l’avion pour rentrer chez lui. Venu assurer une formation en Nouvelle-Calédonie, il attend désormais désespérément de pouvoir retourner à Tokyo. Et pour cause : sa femme doit accoucher dans les prochains jours.

« La date d’accouchement est le 5 juin. Au début je me suis dit que dans trois semaines, j’avais tout le temps de la rejoindre, mais le temps passe et la situation ne s’améliore guère »il explique.

Dans le hall de son hôtel, Thomas dit avoir frappé à toutes les portes, envoyé des dizaines de messages, d’e-mails, WhatsApp et créé un profil Twitter. Il contacte le haut-commissariat, le ministère de l’Intérieur, l’ambassade du Japon en France, celle de la France au Japon et son adjoint. Cette dernière lui dit qu’elle ne pouvait pas faire grand chose pour lui.

Le Haut-commissariat, qu’il contacte quotidiennement, l’a inscrit sur la liste des personnes à rapatrier d’urgence depuis plusieurs jours, sans résultat. En désespoir de cause, on lui a même suggéré de contacter le consulat australien.

« Je comprends la situation, je comprends que nous sommes bloqués depuis une semaine, mais maintenant cela fait plus de deux semaines ». La conversation est interrompue par son épouse japonaise qui remue elle aussi ciel et terre pour obtenir le retour de son mari.

Arnaud Flamant, quant à lui, ne séjourne pas à l’hôtel mais chez des membres de sa famille aux Portes-de-Fer. Lui et sa femme auraient dû quitter le territoire il y a plus d’une semaine.

« Quand tu appelles le 200 200 (le numéro mis en place pour les voyageurs bloqués)nos interlocuteurs sont très sympathiques mais à part nous dire qu’ils vont nous donner des renseignements et qu’il faut regarder la télé, les choses n’avancent pas« , déplore le Savoyard de 47 ans, qui n’a reçu quasiment plus de nouvelles depuis l’envoi d’un formulaire dédié le 21 mai.

Son patron se montre certes pour l’instant compréhensif, mais la situation reste néanmoins délicate. « Au début, le Haut-Commissariat nous avait dit que ce serait publié dans une semaine, mais nous ne voyons toujours aucune amélioration », poursuit le touriste. Et pour conclure : « Quand il y a du flou, il y a un loup. Ils ne savent peut-être pas où ils vont mais je préfère l’entendre. »

Inquiétudes et frustration semblent partagées par beaucoup si l’on en croit les nombreuses publications critiques sur la gestion de crise sur les réseaux sociaux.

« Que prévoient-ils pour les touristes qui attendent chaque jour un message et qui ne pourront plus payer les frais d’hôtel engagés si cela continue. Je n’appelle pas cela du soutien mais de l’abandon »fustige un internaute.

« On a l’impression que le problème, c’est d’être français. Les gouvernements néo-zélandais et australien sont bien plus efficaces. »dit un autre touriste, désillusionné.

Un mécontentement tel que certains envisagent désormais de manifester devant les portes du Haut-Commissariat. L’idée est en tout cas évoquée sur la page « Touristes coincés en NC », dont les 185 membres partagent quotidiennement leurs inquiétudes et informations pratiques. Une manifestation qui serait alors illégale puisque le décret instaurant le couvre-feu interdit également les rassemblements.

Dans un communiqué diffusé ce mercredi 29 mai, le Haut-commissariat a répondu en partie aux critiques exprimées, citant « des contraintes opérationnelles pour accompagner le départ des touristes et le retour des Néo-Calédoniens ».

Parmi les obstacles au déroulement des opérations, on cite notamment «horaires restreints pour l’accueil du public civil (entre 6h et 18h) », « des impératifs liés à l’acheminement des renforts »contraintes liées « faire le plein » ou encore l’importance de « manutention du fret« comme les médicaments et les bagages, « imposer l’utilisation d’avions militaires ».

Le communiqué indique également qu’en moyenne, 200 passagers civils sont rapatriés quotidiennement depuis La Tontouta. Le Haut Commissariat « pris des mesures pour optimiser
ces capacités et permettre au plus grand nombre de rejoindre leur domicile (…) Une priorisation a été effectuée, notamment pour les préoccupations sanitaires.

En attendant que cette possibilité se concrétise, pour les touristes bloqués, diverses solutions sont envisagées pour quitter le Caillou. Certains ont même contacté des skippers pour rejoindre Brisbane par la mer. « Cela m’a semblé étrange au début », avoue Thomas, « mais si je l’avais fait, je serais déjà arrivé en Australie où j’aurais pu prendre un vol pour Tokyo. »

*Prénom Istaken

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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