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Crise du logement : chronique d’une catastrophe annoncée

Si j’avais eu 100 $ de plus pour chacune de mes chroniques qui, depuis les années 2000, sonnaient l’alarme sur une crise du logement qui n’a fait qu’empirer depuis, croyez-moi, je serais riche.

Ce qui crie dans le désert face à une classe politique qui, à tous les niveaux confondus, peine à se réveiller. Et encore une fois, à pas de tortue.

Deux jours avant le fatidique 1euh Juillet est de pire en pire. Partout au Québec, d’innombrables ménages sont encore à la recherche d’un logement.

Ce n’est certainement pas le cas de Justin Trudeau, de François Legault ou de Valérie Plante. Ni de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, de qui on attend toujours l’ombre d’un plan d’action en matière d’habitation.

Soyons réalistes : la crise du logement est en réalité une crise sociale bien réelle.

L’augmentation fulgurante du nombre de personnes sans abri, notamment parmi les familles et les femmes seules, en est le visage le plus frappant et le plus choquant. Bien d’autres visages, moins visibles, mais tout aussi souffrants, s’ajoutent.

Il y a ceux qui, ne pouvant trouver un logement plus cher ailleurs, se retrouvent coincés dans des logements insalubres ou négligés par le propriétaire.

Ceux qui, parcourant frénétiquement les annonces sur le web, voient bien que la pénurie de logements ne s’applique pas aux condos locatifs aussi petits que chers, dont la construction explose depuis des années.

Ceux qui, refusant d’abandonner ou de faire euthanasier leur compagnon animal, sont automatiquement rejetés par une majorité de propriétaires.

Déraciné de force

Ceux qui, confinés dans un des HLM de Montréal laissés à l’abandon par les autorités, « cohabitent » de force avec une ménagerie de vermine.

Ceux qui ne peuvent pas rester dans leur quartier en raison de la hausse vertigineuse des loyers sont contraints de partir. Ils perdent leur réseau social et leurs repères de longue date. Ce deuil imposé peut conduire à la dépression.

Au cours des vingt dernières années, l’abandon de la construction de logements sociaux et abordables hors marché par les paliers provincial, municipal et fédéral y est certainement pour beaucoup.

Idem pour l’absence d’un véritable contrôle des loyers et d’un registre des baux, ce qui a pour effet d’encourager des augmentations abusives des loyers.

Et qu’en est-il des très rares services d’inspection communale ? La multiplication des locations de type Airbnb qu’il faudrait interdire ?

Déconnecter

À Montréal, le fléau des expulsions sévit aussi depuis près de vingt ans. Les organismes de défense des locataires, dont le FRAPRU et le RCLALQ, le crient haut et fort depuis longtemps.

L’immigration temporaire et la pandémie ont le dos large. Or, la réalité est que tous les éléments constituant cette crise étaient déjà en place bien avant. C’est pourquoi le réveil soudain et très timide des décideurs politiques est manifestement trop tardif. Le mal, comme on dit, est fait.

En ce week-end de déménagement dans une crise du logement pire que jamais, combien pariez-vous que la plupart des décideurs politiques se ménageront dans leur chalet, leur penthouse, leur maison tentaculaire ou leur hôtel pendant leur voyage ?

S’il y a un domaine parmi d’autres où se joue la déconnexion des dirigeants avec la dure réalité d’une partie croissante de la population, c’est celui du logement. Et là, on se demandera pourquoi on a les sondages qu’on a.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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