«Cris dans le stade», une enquête au cœur du racisme dans le football
Poser le genou à terre avant le coup d’envoi d’un match est la nouvelle tradition du football britannique depuis 2020, en soutien au slogan antiraciste Black Lives Matters. Car le racisme est la pire faute mais aussi la plus fréquente que le football ait connue. Le documentaire Des cris dans le stade, présenté par Mohamed Bouhafsi et réalisé par Dimitri Queffelec, a le mérite de nous éclairer – voire de nous émouvoir – sur le sujet grâce à un riche ensemble de témoignages et d’archives.
De nombreux joueurs de haut niveau, retraités ou encore en activité, racontent les épisodes traumatisants qu’ils ont vécus. Un ancien joueur amateur Kerfalla Sissoko témoigne également, presque au bord des larmes, lorsqu’il explique avoir frôlé la mort après un lynchage d’une violence inouïe à son encontre, perpétré par les joueurs adverses et les spectateurs. Quant à Basile Boli, ancienne légende de l’Olympique de Marseille, il peine à trouver ses mots en début d’entretien. Un silence poignant qui révèle des souffrances enfouies, nourries de gestes et d’insultes racistes qui se mêlent à une omerta longtemps entretenue par la sphère médiatique et politique.
La politique, solution ou obstacle ?
Des cris dans le stade s’intéresse également à la dimension psychologique d’un match de football. Le stade est l’un des derniers espaces tolérés pour les émotions débridées, telle une bulle de sauvagerie de la société. Dans cette expression de haine d’autrui qui dépasse la notion sportive d’adversité, croix gammées et saluts nazis apparaissent à travers les groupes de supporters radicaux, « ultras » influencé par l’extrême droite dans les années 1980.
Intelligemment, Mohamed Bouhafsi et Dimitri Queffelec s’interrogent sur la responsabilité de la classe politique face à ce constat implacable et dramatique. Mais plutôt que de sombrer dans la négativité, ils portent un message d’espoir, alimenté par les progrès visibles des acteurs dans la lutte contre le racisme. Un combat qui gagne en notoriété, même s’il est loin d’être gagné.