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Craintes d’escalade après de nouvelles frappes israéliennes au Liban

Israël a tué près de 500 personnes au Liban, lundi 23 septembre. En une semaine, l’Etat hébreu a changé d’objectifs et vise désormais le Hezbollah, soutenu par l’Iran. Au risque de plonger toute la région dans un conflit sans précédent, près d’un an après le début de la guerre contre le Hamas à Gaza.

Nouvelle montée des tensions. En une semaine, Israël a multiplié les attaques contre le Liban, affirmant viser les dirigeants du Hezbollah, mouvement islamiste pro-iranien. Mais les civils ont aussi été victimes de l’Etat hébreu. Rien que lundi 23 septembre, 1 600 personnes ont été blessées et 492 tuées dans des frappes menées par Tsahal, selon les chiffres fournis par le Centre des opérations d’urgence du ministère libanais de la Santé. Il s’agit de la journée de conflit la plus meurtrière depuis la guerre de 2006.

L’armée israélienne s’est dite « prête » à intervenir militairement au Liban. Quelques heures plus tard, la France a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU et les Etats-Unis se sont opposés à toute invasion terrestre.

« Nous sommes au bord d’une guerre totale », a résumé ce soir à New York le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Traversée de Gaza vers le Liban

Depuis les attentats terroristes du 7 octobre en Israël et le début de l’intervention militaire israélienne dans l’enclave palestinienne, le Hezbollah a tiré de nombreuses roquettes sur l’État juif en soutien au Hamas palestinien, forçant des milliers d’Israéliens à quitter leurs maisons et à fuir vers le sud de l’État juif.

Au cours des 12 derniers mois, les forces israéliennes et le groupe armé libanais ont échangé des tirs quasi quotidiens. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé ces derniers jours que le retour des 60 000 habitants du nord du pays figurait désormais parmi les objectifs de guerre de son gouvernement.

Le cessez-le-feu, envisagé au printemps par Joe Biden et les médiateurs américains, paraît désormais inconcevable. Des dizaines d’otages sont toujours détenus par le Hamas ou portés disparus, malgré la pression de la société civile israélienne pour un accord. Et des milliers de Palestiniens bombardés quotidiennement souffrent du manque d’eau et de nourriture.

Le Hezbollah subit un coup « sans précédent »

Le 17 septembre, des milliers de bipeurs utilisés par les militants du Hezbollah ont explosé simultanément dans tout le pays. Une opération préparée depuis plusieurs mois par le Mossad, qui a piégé les engins avec une petite dose d’explosifs. Le lendemain, répétition avec des talkies-walkies. Le bilan est sans appel : 37 morts et près de 3 000 blessés. Des membres du mouvement islamiste ont été tués mais aussi des civils, comme une fillette de dix ans.

Jeudi 19 septembre, le chef du Hezbollah a reconnu que son organisation avait reçu un coup « sans précédent », mais a promis une réponse « terrible » à l’attaque. « Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu’à la fin de l’agression à Gaza », a promis Hassan Nasrallah.

Moins de 24 heures plus tard, le Hezbollah avait reçu un nouveau coup dur. Israël avait frappé Beyrouth, vendredi 20 septembre : 14 personnes avaient été tuées, dont Ibrahim Aqil, le chef de l’unité d’élite du mouvement libanais.

Le Hezbollah a riposté en tirant près de 90 roquettes sur le territoire israélien le 21 septembre. Lundi, le Hezbollah a déclaré qu’il visait des entrepôts de l’armée israélienne. Les sirènes ont retenti à Haïfa, le principal port du nord de l’État hébreu..

« La politique d’Israël est de ne pas attendre les menaces »

La communauté internationale tout entière appelle depuis des mois au calme dans la région.

« La politique d’Israël n’est pas d’attendre les menaces mais de les anticiper, c’est ce que nous faisons », a déclaré lundi Benjamin Netanyahu, affirmant vouloir « inverser l’équilibre des forces » dans le nord.

« C’est une catastrophe, un massacre », a déclaré lundi à l’Agence France-Presse (AFP) Jamal Badrane, médecin à l’hôpital du Secours populaire de Nabatiyé, ville du sud du pays. « Les frappes ne s’arrêtent pas, ils nous ont bombardés pendant que nous évacuions les blessés », a-t-il expliqué.

Des milliers de familles ont fui les zones bombardées, selon le ministère de la Santé. Des images publiées par l’AFP montrent d’énormes embouteillages sur les routes libanaises lundi soir.

Des milliers de personnes fuient le sud du Liban le lundi 24 septembre 2024, après les bombardements de l'armée israélienne
Des milliers de personnes fuient le sud du Liban, lundi 24 septembre 2024, après les bombardements de l’armée israélienne © Fadel ITANI / AFP

Benjamin Netanyahu a, en fin de journée, recommandé aux Libanais de « s’éloigner des zones dangereuses » en attendant la fin de « l’opération ».

Et maintenant ?

Cette « opération » va-t-elle prendre fin ? Ou va-t-elle déboucher sur une « guerre totale » comme le craignent de nombreux diplomates ? L’Irak a déclaré vouloir une « réunion urgente » des pays arabes en marge de l’Assemblée générale de l’ONU pour « arrêter » Israël, que la Turquie accuse de vouloir « mener toute la région au chaos ».

Le président iranien Massoud Pezeshkian a également accusé Israël, ennemi juré de Téhéran, de vouloir « élargir » le conflit. L’Iran n’a toujours pas mené de réponse d’ampleur depuis l’assassinat à Téhéran par l’armée israélienne du chef du Hamas fin juillet.

Lorsque les bips se sont déclenchés mardi 17 septembre, l’une des premières réactions des diplomates américains a été de demander à l’Iran de ne pas « utiliser le moindre événement pour tenter d’alimenter l’instabilité et d’aggraver davantage les tensions dans la région ».

Les Etats-Unis ont promis lundi de soumettre des « idées concrètes » pour réduire les tensions à la frontière libano-israélienne. La France a de son côté demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont « exhorté » leurs ressortissants à quitter le Liban et annoncé qu’ils enverraient « un petit nombre » de militaires supplémentaires au Moyen-Orient. La Chine a appelé ses ressortissants à quitter Israël « le plus vite possible » tandis que le Kremlin a exprimé sa profonde inquiétude.

Ce week-end, un responsable des Nations Unies s’est montré plus que sceptique, affirmant que le Moyen-Orient était au bord d’une « catastrophe imminente ».

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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