Covid 19 : des troubles psychiatriques déclenchés quelques mois après des infections graves
Il s’agit d’une conséquence relativement méconnue du Covid-19 : les maladies psychiatriques déclenchées quelques mois après l’infection. Elle concerne des patients, sans antécédents psychologiques, qui développent des formes sévères, avec hospitalisation. Les chercheurs en psychiatrie l’ont identifiée depuis le début de l’épidémie. Mais sur ce point, des chercheurs français publient cette semaine les résultats de leur étude dans une revue du groupe Nature. Une étude portant sur une large cohorte : près de 35 000 patients des hôpitaux franciliens de l’AP-HP et qui identifie plus précisément une association entre le Covid-19 et les troubles psychiatriques.
Leur étude, publiée cette semaine dans la revue Molecular Psychiatryprouve un lien entre certaines manifestations du Covid 19 sévère et l’apparition de troubles. Ces chercheurs de l’équipe Moods de l’Inserm et de Paris-Saclay ont étudié les données de ces patients, et il en est ressorti que 10% d’entre eux ont développé par la suite un trouble, comme l’anxiété ou la dépression notamment.
Interception
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Marqueurs présents chez les patients qui développent des troubles mentaux
Ce que montre l’équipe de Matthieu Gasnier, psychiatre à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, c’est que lors du Covid, certains marqueurs biologiques sont présents chez les patients qui développent ensuite une maladie psychiatrique : «Il y a le fait de rester à l’hôpital plus de sept jours, d’avoir un épisode de confusion pendant l’hospitalisation, d’avoir des monocytes qui sont une cellule sanguine dédiée à l’inflammation. Ces marqueurs, observés lors d’une hospitalisation pour Covid, permettent de prédire des troubles psychologiques déclenchés dans un délai de 6 à 12 mois.« , avec un risque de 72 % lorsque vous avez séjourné plus d’une semaine à l’hôpital et de 50 % lorsque vous avez souffert de confusion.
Dans leur étude, ces données permettent aux chercheurs de produire un modèle pour prévenir la survenue de troubles dépressifs ou anxieux. Un modèle qui quantifie donc les probabilités. Ainsi, si les trois marqueurs (hospitalisations, confusion, monocytes) sont présents pendant le Covid, une femme de plus de 65 ans aura 50 % de risque supplémentaire de déclencher une troupe psychiatrique.
Un résultat qui pourrait aider à mieux prévenir l’apparition de pathologies psychiatriques dans d’autres contextes, selon Matthieu Gasnier, qui espère ainsi mieux les détecter : «Il est tout à fait envisageable que les résultats soient extrapolables en dehors du contexte du Covid-19 et permettraient des stratégies de prévention des troubles des patients à l’hôpital.« D’autant plus qu’une détection précoce peut améliorer considérablement les soins », a-t-il déclaré.