Le Bangladesh s’enfonce dans le chaos. Depuis début juillet, les manifestations antigouvernementales ont fait des dizaines de morts, la plupart tués par des tirs de la police. La Première ministre Sheikh Hasina a imposé un couvre-feu et déployé l’armée dans les rues. Voici les dernières nouvelles
Quelle est l’origine des troubles ?
Les manifestations, qui ont lieu presque quotidiennement depuis début juillet, visent à mettre fin aux quotas d’embauche dans le secteur public. Ceux-ci réservent plus de la moitié des postes à des groupes spécifiques, notamment les enfants des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971, et favorisent les personnes proches du gouvernement.
Beaucoup affirment que le programme bénéficie principalement aux enfants des groupes pro-gouvernementaux qui soutiennent Sheikh Hasina, 76 ans, qui dirige le pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote sans réelle opposition.
Le gouvernement de Sheikh Hasina est également accusé par des groupes de défense des droits de l’homme d’utiliser abusivement les institutions de l’État pour renforcer son emprise sur le pouvoir et éradiquer la dissidence, notamment par l’exécution extrajudiciaire de militants de l’opposition.
Quelle a été la réaction des autorités ?
Un couvre-feu a été décrété vendredi soir à minuit et le bureau du Premier ministre a demandé à l’armée de déployer des troupes, la police ayant de nouveau échoué à contrôler les troubles. « Le gouvernement a décidé d’imposer un couvre-feu et de déployer l’armée pour aider les autorités civiles », a déclaré à l’AFP Nayeemul Islam Khan, attaché de presse de Sheikh Hasina.
Les rues de la capitale Dhaka étaient presque désertes à l’aube, avec des soldats à pied et des véhicules blindés de transport de troupes patrouillant dans la mégapole tentaculaire de 20 millions d’habitants. Plusieurs conducteurs de pousse-pousse du centre-ville qui ont ignoré les ordres de ne pas partir en patrouille ont été priés de rentrer chez eux par la police. Le couvre-feu restera en vigueur jusqu’à 10 heures dimanche, a rapporté la chaîne de télévision privée Channel 24.
Sheikh Hasina devait quitter le pays dimanche pour une tournée diplomatique, mais elle a renoncé à ce projet après une semaine de violences. « Elle a annulé ses visites en Espagne et au Brésil en raison de la situation actuelle », a déclaré Nayeemul Islam Khan.
Les autorités ont finalement imposé jeudi une coupure nationale d’Internet qui reste en vigueur, entravant gravement les communications à l’intérieur et à l’extérieur du Bangladesh.
Quel est le bilan humain ?
Les violences de cette semaine ont fait au moins 115 morts jusqu’à présent, selon un décompte de l’AFP basé sur des sources hospitalières. Les tirs de la police sont à l’origine de plus de la moitié des décès recensés depuis le début de la semaine, selon les descriptions fournies à l’AFP par le personnel hospitalier.
La police bangladaise a tiré à balles réelles sur des manifestants dans la capitale Dhaka samedi, a rapporté un journaliste de l’AFP.
« Le nombre croissant de morts est la preuve choquante de l’intolérance totale des autorités bangladaises à l’égard des manifestations et de la dissidence », a déclaré Babu Ram Pant, d’Amnesty International, dans un communiqué.
Au moins 300 policiers bangladais ont été blessés lors des affrontements de vendredi, a indiqué samedi à l’AFP un porte-parole de la police. « Cent cinquante autres ont reçu les premiers soins », a déclaré le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, Faruk Hossain, précisant que les forces de l’ordre avaient fait face à « des centaines de milliers » de manifestants.
