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Coût, date… Ces 5 questions soulevées par le maintien des anneaux olympiques sur la tour Eiffel


La maire de Paris Anne Hidalgo envisagerait d’installer de nouveaux anneaux olympiques, « plus légers », pour remplacer les anciens, sans dévoiler plus de détails. Une « étude technique » a été lancée.

Nouveaux anneaux olympiques « aussi grand mais plus léger » Bientôt « installé au même endroit » que ceux qui trônent actuellement sur la Tour Eiffel ? C’est l’ambition de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui vient d’annoncer sa volonté de préserver ce symbole fort de la réussite de cet événement planétaire. « C’est une belle idée d’associer la Tour Eiffel (…) aux Jeux. Je veux que les deux restent unis. »Elle s’est exprimée dans un entretien à Ouest France ce week-end, assurant qu’elle était seule maîtresse de cette décision et qu’elle avait, en plus, l’accord du CIO (Comité international olympique) au préalable. Mais au-delà de l’effet d’annonce, et alors que beaucoup protestent déjà contre cette décision soudaine prise, selon eux, sans concertation, de nombreuses questions restent en suspens. Le Figaro fait le point.

Où en est le projet à ce stade ?

« Toute décision d’aménagement relative à la tour Eiffel doit faire l’objet au préalable d’une instruction prenant en compte les enjeux techniques », confirme l’entourage de la maire de Paris. Raison pour laquelle le CIO « mène actuellement une étude technique pour examiner les modalités, le coût et le calendrier d’une telle installation »ils disent à la mairie. Les conclusions sont attendues « dans les mois à venir ».

Entre-temps, la municipalité entend faire « pour perpétuer le symbole olympique »avec « l’installation temporaire d’anneaux sur le pont d’Iéna, qui seront réservés aux piétons, cyclistes, bus et véhicules de secours » après les Jeux, selon les souhaits du maire. Ses équipes ajoutent qu’elle « soutiendra toute initiative positive qui contribuera à maintenir l’esprit des Jeux vivant après les Jeux ».

Pourquoi ne pas garder les vieilles bagues ?

Pour rappel, les anneaux olympiques officiels – qui pèsent pas moins de 30 tonnes d’acier – ont été fabriqués par ArcelorMittal. Ils ont été assemblés en une nuit, début juin, avant d’être hissés entre le premier et le deuxième étage de la Dame de Fer. Cette installation de 29 mètres de long et 13 mètres de haut – dont le coût est resté confidentiel – a été entièrement prise en charge par le Cojo, et devrait être démontée à la fin des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, à la mi-septembre.

Or, l’accord tripartite signé par Arcelor Mittal, Paris 2024 et la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE) ne prévoit pas le maintien des anneaux olympiques au-delà des Jeux. « La pose des anneaux au sol, prévue pour la mi-septembre, comme l’étaient leur fabrication et leur installation, fait en effet partie de notre contrat. Il appartiendra ensuite aux autres parties de décider ce qu’elles en feront. »explique ArcelorMittal. Le groupe n’est en effet plus propriétaire des désormais célèbres anneaux olympiques depuis qu’ils ont été accrochés à la tour Eiffel.

Quant à savoir s’ils pourraient rester en place, c’est hors de question : « tout simplement parce que les anneaux ont été créés sur la base d’un accrochage temporaire, en été, prévu pour être retiré à la mi-septembre »Il serait donc trop dangereux de les laisser là plus longtemps, confirme la municipalité de Paris.

Qui soutient le projet ?

Si l’idée de conserver des symboles forts des Jeux olympiques et paralympiques à Paris semble faire consensus, l’idée de conserver les anneaux olympiques sur la tour Eiffel ne fait pas vraiment l’unanimité. « Garder ces bagues à Paris me semble bien (…) mais les garder sur la Tour Eiffel serait une erreur »croit par exemple le député de Paris Renaissance Sylvain Maillard, qui voit dans la Dame de Fer « un monument intemporel ». « Je pense qu’il ne faut pas trop toucher à la Tour Eiffel »il a déclaré lundi sur Bleu de France.

Au sein de l’opposition municipale, on s’agace d’avance de ce projet décrit, sans détour, comme « mauvaise idée ». Pour le vice-président du groupe Changer Paris, David Alphand, « C’est une mode totale qui ne répond à aucune demande ». Il évoque même « Un caprice de Madame Hidalgo. » « Quand la France a remporté sa première Coupe du monde en 1998, personne n’a eu l’idée folle d’accrocher une réplique de la coupe au sommet de la tour Eiffel. Ce n’est pas fait pour y accrocher tout et n’importe quoi. »il le dit encore.

Combien coûteront ces bagues ?

A ce stade, et en attendant les conclusions de l’étude technique, personne n’est en mesure de dire combien coûteront ces anneaux. Dans l’entourage d’Anne Hidalgo, on préfère esquiver la question : pour l’instant, personne ne sait rien. Même désarroi du côté de la SETE, qui peine à répondre à toutes les questions soulevées par cette annonce tonitruante, ainsi que du Cojo, qui se limite à constater qu’il « Ce sera aux acteurs compétents de s’exprimer » sur le sujet.

« C’est une installation qui serait probablement assez coûteuse. »craint tout de même David Alphand, prédisant que les anneaux installés en permanence devront « pour résister aux intempéries, ne pas être trop exposé au vent et ne pas être trop lourd, sans se désagréger ». « On se souvient de l’affiche olympique à l’Hôtel de Ville, qui a coûté 1,2 million d’euros, ça donne déjà une idée de ce que la mairie de Paris est capable de brûler pour faire de la communication »il s’attaque ailleurs.

Le maire de Paris a-t-il vraiment le droit de faire ça ?

Un coup de pub que la ministre de la Culture, Rachida Dati, ne compte pas laisser faire, considérant que la Tour Eiffel est « un monument protégé ». « Le respect de son geste architectural et de son œuvre nécessite, avant toute modification substantielle, une autorisation de travaux et une étude d’impact, conformément au code du patrimoine »Elle a dit. La suspension des anneaux olympiques « avait été exceptionnellement exempté par la loi olympique »mais seulement « temporairement ». Avant d’ajouter : « Avant toute décision et toute annonce dans ce dossier, il est important que toutes les procédures et consultations visant à protéger le patrimoine soient respectées ».

Le code du patrimoine (article L. 621-27) prévoit que « le bâtiment inscrit au titre des monuments historiques ne peut faire l’objet d’aucune modification sans que le préfet de région n’ait été prévenu quatre mois à l’avance ». Cet article précise en outre que « la décision d’octroi du permis ou la décision de non-opposition ne peut être prise sans l’accord de l’autorité administrative chargée des monuments historiques ». De son côté, la maire de Paris assure que cette décision « relève de la compétence de la Ville de Paris, compte tenu du statut de la Tour Eiffel, et du CIO concernant l’utilisation des anneaux ». Sur ce dernier point, elle affirme également avoir « a reçu un soutien fort » par Thomas Bach, président du CIO.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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