Cours de piano, badminton et volets clos… la vie ordonnée des espions russes à Ljubljana
Une vieille blague slovène raconte l’histoire d’un paysan qui reçoit la visite d’un sorcier. Le sorcier lui propose d’exaucer son vœu, à condition : « Je vais faire double emploi avec ton voisin. » « Alors crève-moi un œil », lui répond le paysan. Une plaisanterie cruelle, qui confirme la réputation des Slovènes d’être grossiers avec le paillasson d’en face. A Crnuce, petite ville de banlieue à quinze minutes de Ljubljana, la capitale, les locataires du 35 de la rue Primoziceva étaient du genre fermé. Et personne n’a protesté.
« Ils restaient entre eux, on ne voyait que la voiture passer, et les volets côté rue étaient presque toujours baissés », raconte Jan Hrastnik, étudiant en informatique dont les 23 ans correspondent à la moyenne d’âge du quartier de grands immeubles entourés de jardins potagers, entretenus par une classe moyenne souvent retraitée.