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Coupe du monde de rugby : « Une centaine de femmes, dont aucune blanche, qui ont été sifflées… » Abdelatif Benazzi marqué à vie par cet épisode du Mondial 95


l’essentiel
L’ancien troisième ligne (55 ans, 78 sélections) revient dans une interview sur l’épopée des Bleus de 1995, stoppés en demie (19-15) par l’Afrique du Sud, lors d’un Mondial où « la politique avait pris le pas » sur le rugby. A sa mémoire, un souvenir particulièrement marquant : avant la demi-finale contre les Springboks, disputée dans des conditions météorologiques épouvantables, des femmes noires avaient tenté, sous les huées de la foule, de rendre le terrain praticable à l’aide de balais.

Abdelatif Benazzi, peut-on dire qu’après les tournées victorieuses en Afrique du Sud (1993) et en Nouvelle-Zélande (1994), vous entrez dans la compétition en position de favori ?

Effectivement. Des trois Coupes du monde auxquelles j’ai participé (1991, 1995, 1999, NDLR), c’était la période la plus favorable pour la remporter. Cette équipe détenait le record de victoires contre des équipes de l’hémisphère sud à domicile. Nous avions aussi un formateur (Pierre Berbizier) qui était un pionnier par rapport à ce qui se fait aujourd’hui, qui était en avance sur son temps.

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Comment se passe votre arrivée là-bas ?

Nous sommes arrivés une semaine avant tout le monde dans un camp d’entraînement loin de Pretoria et nous avions comme partenaires d’entraînement des détenus. On avait un cadre qui était pratiquement le même depuis trois ou quatre ans, ce qui était rare à cette époque. Après l’apartheid, les Sud-Africains voulaient montrer au monde que même s’ils n’étaient pas une bonne équipe un an auparavant, ils se préparaient physiquement comme des monstres. Les All Blacks, qui avaient subi quelques humiliations, se sont bien préparés. Il a fallu se préparer très dur pour être au sommet en quarts de finale, en demi-finale, ce qui explique pourquoi nous sommes montés crescendo, sans crainte, même si ce match contre l’Ecosse (22-19) nous a vraiment fait peur. . Nous marquons un essai d’Émile Ntamack à la 84e minute.

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Il n’y a pas photo en quarts de finale face à l’Irlande (36-12) juste avant de rencontrer les Springboks en demi-finale dans des conditions difficiles…

Cela nous a dérangés. Nous ne savions pas si nous allions jouer. On ne pouvait pas annuler le match pour le jouer ailleurs, rien n’était prévu. Il a fallu attendre une heure et demie avec cette image qui reste d’une centaine de femmes, aucune blanche, qui balayaient le champ pour enlever l’eau et se faisaient siffler par le public. Cette longue période nous a un peu déjoués. En première mi-temps, nous avons été un peu dominés physiquement même si nous n’avons pas été menés au score. Je me souviens surtout de la deuxième période. On a passé presque 35 minutes chez eux, on aurait pu marquer trois ou quatre fois avec une répétition de mêlées que nous avons dominées. L’arbitre n’a pas pu siffler un essai de penalty.

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Que ressens-tu alors ?

Il y a une sorte de doute qui s’installe avec l’arbitre qui siffle très vite, jusqu’à cette dernière action. Je l’ai refait 20 fois, 200 fois, je suis passé derrière la ligne avec la vitesse qui était la mienne avec le terrain glissant. Malgré la présence de Philippe Saint-André qui est au sol juste devant moi et sur qui je bute, je tombe et j’aplatis mais l’arbitre a eu cette réaction très spontanée et a ordonné une mêlée à 5 mètres. C’est un sentiment d’injustice qui prédomine. Je pense que la politique a pris le pas. Cela s’est confirmé lors de ce dîner officiel d’après-finale où il a été remercié par une montre en or.

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Quelle était l’ambiance après le match ?

Il y avait beaucoup de frustration de la part de toute l’équipe et j’ai dû calmer le vestiaire en disant que je n’avais pas marqué pour qu’on puisse rester concentrés et jouer la troisième place pour aller chercher cette médaille. le bronze, et surtout briser cette spirale face aux Anglais qui nous battent depuis cinq ans. Cela nous a bien servi puisque nous les avons battus (19-9). Nous avons brisé ce mythe de l’incompréhension avec leur fameux « Good game ! passer une énorme troisième mi-temps avec eux.

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Comment voyez-vous, vous, originaire d’Oujda (Maroc), la victoire finale des Sud-Africains ?

Encore une fois, il se passait autre chose. En tant que croyant, j’ai vu que c’était une question de destin pour ce pays et tant mieux. Voir la présence si importante de Mandela qui fut prisonnier pendant vingt-sept ans avec ce maillot N.6 symbolise tout. Voir sa joie de remettre la Coupe du monde, voir l’enthousiasme du public, ces blancs et noirs s’embrassant dans les tribunes, ces couleurs arc-en-ciel flottant, c’était inconcevable il y a deux ans. En tant que personne née en Afrique et ayant toujours lutté contre les problèmes de discrimination et d’obscurantisme, cela m’a beaucoup calmé. Je me suis dit que le rugby c’est bien aussi pour ça, c’est autre chose que perdre ou gagner, ça résout des problèmes sociaux et politiques dans certains pays. »

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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