Nouvelles sportives

Coupe des Champions – Technique. Qu’est-ce que le jeu debout « à la toulousaine » (1/2) ?

Souvent copié, parfois moqué, le concept « d’école toulousaine » alimente les fantasmes depuis une cinquantaine d’années, du fait de sa modernité permanente. Un rêve de jeu qui se transmet de génération en génération avec l’envie de faire bouger le ballon et les hommes, dont nous vous proposons ici de vous dévoiler les secrets…

Un jeu de mains, un match de Toulouse, disent-ils… Et si les supporters du Stade peuvent parfois se montrer insupportables pour leurs adversaires, il faut néanmoins reconnaître que leur slogan demeure, au fil des générations. Fruit d’une véritable école de jeu, héritière des préceptes théorisés par René Deleplace puis enseignés par Robert Bru au Creps de Toulouse il y a une cinquantaine d’années, avant d’être transmis de génération en génération par Skrela, Villepreux, Novès et autres Mola… Une culture dont beaucoup s’enorgueillissent, mais que peu d’entre eux seraient susceptibles de vulgariser ou de synthétiser, tant ses racines sont profondes et ses ramifications complexes. Ce sur quoi nous allons nous concentrer ici, en toute humilité…

Le premier principe de l’école toulousaine ? Cela consiste, en somme, à être perpétuellement en alerte pour guetter la moindre opportunité. Et par opportunité, nous embrassons un vaste paradigme qui va de la plus infime subtilité de régulation (le désordre autour de la « loi Dupont » étant la dernière en date) à la plus infime possibilité découlant d’un temps d’arrêt. La notion d’« arrêt de jeu » n’arrête en rien la réflexion et la recherche d’opportunités, puisque c’est souvent à partir de phases arrêtées que le jeu toulousain se développe le plus naturellement. A savoir, d’une courte expulsion, ou bien sûr d’une remise en jeu ou d’un penalty rapidement joué. Ceci sans oublier bien sûr les contre-attaques depuis le terrain profond ou sur les ballons de récupération… Autant de phases de jeu qui ne sont dynamisées que par un seul objectif : sortir le jeu d’un certain « ordre » pour générer un maximum de désordre et chaos, où s’expriment le mieux les principes du jeu toulousain…

L’éternel « diamant » du triple support

Ces principes ? Ils sont si nombreux qu’il est impossible de tous les énumérer ici, qui vont de « le collectionneur n’est pas l’utilisateur » au célèbre «dernier passeur, premier soutien»évidemment de passage « porteur de ballon responsable, accompagnement responsable du porteur ». Des mantras inoculés tout au long de la formation du toulousain pour lui faire acquérir cette fameuse « référence commune » qui permet aujourd’hui à Ntamack, Marchand, Ramos, Cros et autres de lire simultanément – ​​et spontanément – ​​les actions de la même manière… A ce titre, le meilleur L’illustration réside sans doute dans l’organisation du support « diamant » professé dans toutes les écoles de rugby de France, mais dont les Toulousains sont les maîtres absolus de par leur propension à se projeter ensemble, proposant toujours trois solutions à celui qui le porte. Qui ont aussi, dans l’apprentissage du « jeu debout », le souci constant de laisser le temps à leurs partenaires d’arriver, en vue de continuer le jeu après eux. Proposant ainsi régulièrement au public chanceux d’Ernest-Wallon ce qui ressemble le plus, à nos yeux, à une poésie en mouvement, un cadavre exquis du rugby tout sauf surréaliste. Sauf peut-être pour les adversaires…

Quart de finale contre Exeter.  Capturez le numéro 1.
Quart de finale contre Exeter. Capturez le numéro 1.

Voir capture d’écran 1.

1. Première illustration de la culture de jeu toulousaine, lors du quart de finale face à Exeter : lorsque Julien Marchand perce la défense anglaise à la 77e minute, un boulevard s’ouvre devant lui. Il n’en reste pas moins que ses partenaires (cercle noir) ne font pas moins d’efforts, à ce moment du match, pour accélérer leur course pour lui offrir du soutien. Et pas n’importe comment…

Toulouse-Exeter.  Capturez le numéro 2.
Toulouse-Exeter. Capturez le numéro 2.

Voir capture d’écran 2.

2. Retrouvant automatiquement leur structure « losange », les Toulousains offrent un soutien à Marchand à gauche, à droite et dans l’axe (flèches noires). Après avoir analysé la situation en tournant la tête dans les deux sens, le talonneur international a finalement choisi de réparer le défenseur anglais en faisant appel à son support interne, Josh Brennan.

Toulouse-Exeter.  Capturez le numéro 3.
Toulouse-Exeter. Capturez le numéro 3.

Voir capture d’écran 3.

3. Servi, Brennan (cercle rouge) crochète pour jouer son duel contre le prochain défenseur. Une initiative à laquelle réagira immédiatement le troisième ligne François Cros (flèche noire), toujours exceptionnel dans son rôle d’appui primaire, en changeant son angle de course pour rester en ligne tandis que Marchand (cercle blanc) changera instantanément en appui droit, pour avoir parfaitement « joué debout ».

Toulouse-Exeter.  Capturez le numéro 4.
Toulouse-Exeter. Capturez le numéro 4.

Voir capture d’écran 4.

4. Utilisant ses deux appuis extérieurs (flèches blanches) pour créer l’incertitude, Brennan (cercle rouge) débute son duel sur le défenseur anglais tandis que Cros, assurant un bon appui axial, converge à sa hauteur dans le dos du défenseur, afin de mieux recevoir le déchargement et faciliter le travail de votre partenaire.

Toulouse-Exeter.  Capturez le numéro 5.
Toulouse-Exeter. Capturez le numéro 5.

Voir capture d’écran 5

5. Cros (cercle noir) continue le mouvement tandis que Brennan, qui est également resté debout après avoir joué le contact, se déplace vers la gauche. Une initiative à laquelle a réagi instantanément le demi de mêlée remplaçant Paul Graou (flèche blanche), devenu appui dans l’axe tandis que Marchand restait à droite, pour maintenir la structure en losange.

Toulouse-Exeter.  Capturez le numéro 6.
Toulouse-Exeter. Capturez le numéro 6.

Voir capture d’écran 6

6. Cros (cercle noir) ayant à son tour joué après contact pour Machand (cercle blanc), ce dernier peut enfin servir Graou, dont la position axiale lui a permis de venir très vite en appui à son talonneur (flèche blanche), bien aidé par Brennan dont la course vers la gauche (flèche rouge) a permis de maintenir la structure en losange jusqu’au bout. Ce qui aurait quand même pu permettre de prolonger l’action tant que les joueurs restaient debout, d’autant que de nouveaux soutiens avaient fait l’effort d’arriver…

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
Bouton retour en haut de la page