Le stade Marcel-Michelin a failli devenir le théâtre d’un exploit retentissant en Coupe de France. Soutenus par 10 000 supporters, le FC Espaly et ses joueurs ont été émerveillés par la salle clermontoise… contrairement à l’entraîneur du PSG, Luis Enrique.
C’est Espaly. Le temps d’une soirée, l’horloge ovale s’est brusquement arrêtée au stade Marcel-Michelin pour laisser la place au football. Les abords du repaire des Jaunard étaient quasiment en état de siège, avec la rue du Clos Four complètement bloquée, les camions de police scintillant dans la nuit auvergnate et les contrôles plus intenses que d’habitude. Le football et ses coutumes débarquent donc chez Michelin, vingt-cinq ans après un match de Coupe de France, déjà, entre Issoire et Bordeaux. Le rouge et le noir du club de Haute-Loire ont largement remplacé le traditionnel jaune et bleu, tandis que quelques maillots floqués des plus brillantes stars du PSG déambulaient entre les stands de restauration. « Ils sont déjà arrivés, je pense. » L’un d’eux a justement prédit, à propos des célèbres ultras du club parisien. Dès 18h30, les aficionados du PSG les plus fervents et bruyants ont afflué dans la tribune Phliponeau, entonnant des chansons moins d’une heure plus tard… pour moquer l’élimination de l’Olympique Lyonnais face à une ville bien connue de nos lecteurs : Bourgoin -Jallieu. Dans les allées du stade, Frédéric Charrier commandait son « truffadou » (une crêpe fourrée à la truffade) tandis que Christophe Urios s’impatientait déjà, dans les loges de l’Espace Édouard, lui qui porte Luis Enrique, l’entraîneur parisien, très haut dans son estime.
Une autre ambiance régnait dans cet avant-match passionnant, où les zones de pesée (où les spectateurs se tiennent tout autour du terrain) étaient malheureusement fermées pour des raisons de sécurité. Malheureusement oui, car on aurait sans doute payé un peu plus cher pour voir les stars parisiennes se faire chahuter gentiment par les supporters des Espaviot bruyants dès le début de la rencontre. Parce que juste après deux ou trois passages de la chanson « En rouge et noir » par Jeanne Mas, et le coup d’envoi donné par l’icône de la région, Aurélien Rougerie, le FC Espaly a marqué dès la quatrième minute. Dès lors, les ultras du 43 ne perdent pas l’occasion de provoquer leurs adversaires du soir. LE « Où sont les Parisiens ? a résonné dans le Michelin où tout un club croyait légitimement à l’un des plus grands exploits de la Coupe.
C’est un stade fait pour le rugby, mais pas pour jouer du bon football. La balle rebondit trop sur cette pelouse !
Et malgré une égalité avec le PSG pendant 75 minutes, et deux buts inscrits, le FC Espaly est tombé les armes à la main. Les ultras parisiens n’ont pas hésité à clamer leur joie « Je n’entends plus chanter les paysans » à la fin du jeu. De la « paysans » ce qui a malgré tout donné des maux de tête à la meilleure équipe de France. Si dans les tribunes le spectacle était assuré, avec une attitude remarquable des supporters de la capitale, le terrain n’a pas enchanté Luis Enrique. Loin de là. « C’est un stade fait pour le rugby, mais pas pour jouer du bon football. Le ballon rebondit trop sur ce terrain ! a regretté le sélectionneur espagnol. « Est-ce que la pelouse lui a manqué ? Ouais, eh bien… Pour nous, c’était un billard, ça nous convenait largement ! a souri Lionel Vaillant, entraîneur de l’Espaly, qui a participé avec ses joueurs à un tour d’honneur bien mérité au terme de la bataille menée par ses joueurs. « C’est une immense fierté d’avoir pu jouer dans ce stade. Nous avons pu arriver la veille pour l’appréhender et dédramatiser le drame. J’ai dit aux joueurs que nous serions liés à vie après ce match, et c’est même plus vrai vu le contexte ! Ici, c’était Espaly.