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Coupe de France. A huis clos face aux Girondins, « le rêve s’est transformé en cauchemar » pour Seudre Océan

A A l’abri du petit club-house qui jouxte la tribune du stade Léon-Collin, pendant que leurs compagnons terminent leur entraînement sous la pluie, Agathe, Margot et Shanez s’appliquent, pinceaux à la main. Mardi, Lola les a aussi aidés à peindre deux banderoles que les joueurs accrocheront au stade de la Ligue à Puymoyen, près d’Angoulême (Charente), mais la compagne de Théo De Oliveira, gardien reconverti en défenseur central au pied gauche soyeux, n’a pas pu se libérer ce jeudi. « La Coupe de tous les possibles », ajoute Agathe en couleur. « Après tout, ça reste la Coupe de France », veut croire Agathe, sans ironie.

Six jours plus tôt, l’euphorie réveillait le petit groupe rassemblé devant l’écran du Cuivre, un bar populaire du front de mer de Royan, géré par Brice et Kevin, alias « Kiki », lui-même attaquant du FC. Océan Seudre. En découvrant le nom de leur adversaire à 4e Tour de Coupe de France, les Girondins de Bordeaux, nom prestigieux malgré leur relégation administrative en National 2, la petite troupe exultait visiblement. Tout le monde se préparait pour la grande fête tant attendue. Expérimentés, Brice et Kevin se voyaient déjà gérer la buvette. Ceux qui se savent trop justes pour faire partie de l’aventure sportive ont imaginé former un kop de supporters de la petite équipe Mathes.

« Joyeux 30 secondes »

Mais en quelques jours, « le rêve s’est transformé en cauchemar », raconte amèrement Thierry Molle. « Au moment du tirage au sort, j’étais content, évidemment, mais trente secondes. L’affiche est belle pour nous, mais l’organisation, je savais que ça serait tout pour moi. Je n’ai pas dormi depuis des jours. » D’emblée, le petit stade Léon-Collin, ouvert aux quatre vents, est apparu inadapté à accueillir un public de plusieurs centaines de passionnés de football, attirés par le nom des Girondins de Bordeaux.


Shanez, Agathe et Margot ont mis tout leur cœur et leur talent artistique pour créer deux banderoles que leurs compagnons emmèneront à Puymoyen et accrocheront aux abords du terrain synthétique de la Ligue. Pour rappeler que leurs supporters pensent à eux. Dimanche à 15h, ils seront réunis à l’Espace Multi-loisirs des Mathes pour suivre le match sur grand écran.

Fanny Blanchard

En réalité, la perspective d’un huis clos s’est imposée presque immédiatement aux instances dirigeantes du football néo-aquitain, aux services de l’Etat et aux collectivités. « Tout ça parce que les supporters d’un même club ne s’entendent pas », s’agace Mathys Besson, arrière gauche au FCSO, qui a lancé mercredi une pétition en ligne pour exiger que le match se joue en public. En vain, évidemment.

La confirmation du huis clos n’est toutefois intervenue qu’après une semaine d’incertitude. Un faux suspense qui a irrité Emmanuel Courandière, dit « Manu », l’un des dirigeants du FC Seudre Océan jeudi soir. « Les quatre derniers jours ont été quatre jours de non-préparation, les joueurs n’ont que ça en tête, ces problèmes d’organisation… »

« La marche est haute »

La déception restera longtemps gravée dans l’âme des joueurs et supporters du FCSO, aussi lourde à supporter que la boue accrochée aux crampons un dimanche d’automne. C’est l’un des seuls désagréments dont seront épargnés les joueurs de Mathieu Granjon en organisant le match sur un terrain synthétique. « Techniquement, sur synthétique, ça va être dur. Pour nous, ça ira vite. J’ai dit aux garçons de prendre cette rencontre comme un grand match amical. On va essayer de s’amuser, bien sûr, en faisant l’exploit, mais la marche est haute quand même… »

Un match comme celui-ci est le plus beau jour de votre vie sportive, quand vous jouez à notre niveau.

Un « exploit », l’équipe Départementale 1 en a accompli un au tour précédent, le 15 septembre, en éliminant (3-2) l’équipe phare du Pays Royannais, l’AS Cozes (Régional 1). En accédant à 4e Tour de Coupe de France, les coéquipiers de Nicolas Ramos éprouveront la fierté de porter un maillot spécialement orné du logo de la compétition. Nicolas en sera à son cinquième. A 39 ans, il passe ses dernières saisons dans le petit club familial, après avoir progressé en R3.

Sur grand écran

« Un match comme celui-ci, c’est le plus beau jour de ta vie sportive, quand on joue à notre niveau », s’enthousiasmait Nicolas quelques jours avant d’apprendre que lui et ses coéquipiers le vivraient loin de leur famille, de leurs amis. . « On vole ce rêve aux joueurs, souffle Thierry Molle. « La maire de Mathes, Marie Bascle, a essayé de nous aider, mais où est la fédération française de football ? Elle nous vend la magie de la Coupe de France, mais je n’ai pas eu un seul contact avec la FFF ! »

La renommée de La Palmyre tient généralement plus à son hippodrome (en arrière-plan) et aux entraîneurs d'obstacles qui y sont installés, les meilleurs de France, qu'au petit stade Léon-Collin, qu'aux joueurs du FC Seudre dont Océan aurait été fier. mettre en lumière en y accueillant les Girondins.


La renommée de La Palmyre tient généralement plus à son hippodrome (en arrière-plan) et aux entraîneurs d’obstacles qui y sont installés, les meilleurs de France, qu’au petit stade Léon-Collin, qu’aux joueurs du FC Seudre dont Océan aurait été fier. mettre en lumière en y accueillant les Girondins.

Fanny Blanchard

Loin de leurs yeux, les joueurs du FC Seudre Océan resteront proches du cœur de leurs supporters, qui ont prévu de se rassembler à l’Espace Multi-loisirs des Mathes, pour suivre le match sur grand écran. Un membre du club dispose d’une caméra spéciale « qui filme le match en plan large en suivant automatiquement le ballon ». Via l’application VO-Live, le match est retransmis en direct. Un pis-aller, mais au moins le « match d’une vie » ne sera pas totalement invisible.

Cammile Bussière

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