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L’ombre d’Attal risque d’assombrir (un peu plus) la campagne du candidat macroniste

SAMEER AL-DOUMY / AFP Gabriel Attal et Valérie Hayer lors du lancement de la campagne européenne à Lille le 9 mars 2024.

SAMEER AL-DOUMY / AFP

Gabriel Attal et Valérie Hayer lors du lancement de la campagne européenne à Lille le 9 mars 2024.

POLITIQUE – « Je ne sais pas ce que (Gabriel Attal) va faire. (…) Il y a un débat cette semaine, c’est ce qui compte le plus, entre notre tête de liste et M. Bardella.» Mardi 30 avril sur LCI, le porte-parole de la campagne du camp présidentiel pour les élections européennes Clément Beaune aurait souhaité que les questions portent davantage sur le débat de son candidat avec la tête de liste RN prévu deux jours plus tard. Hélas, c’est toujours de Gabriel Attal dont nous parlons, le Premier ministre jamais loin de la campagne de la Renaissance et de ses alliés.

Le face-à-face ce jeudi 2 mai sur BFMTV entre Jordan Bardella, en tête dans les sondages, et Valérie Hayer, numéro 2 (de plus en plus) loin derrière lui, est le tout premier du genre. Jordan Bardella a déjà débattu en tête-à-tête avec Raphaël Glucksmann, mais jamais avec le leader du camp présidentiel. La rencontre est donc loin d’être anecdotique.

Pourtant, c’est un autre face-à-face, encore hypothétique, qui retient l’attention : Gabriel Attal contre Jordan Bardella. Est-ce confirmé ? Quand ? Sur quelle chaîne ? À ce jour, rien n’est réglé. Et aucune des deux parties n’a réagi à ces confidences émanant de sources gouvernementales. Mais après deux refus catégoriques de Gabriel Attal de débattre avec Jordan Bardella, la volte-face du Premier ministre est frappante. Et brouille le signal.

Un débat qui en éclipse un autre

Dès le début de la campagne, Gabriel Attal s’est impliqué. C’est lui qui a lancé Valérie Hayer lors de son premier meeting à Lille le 9 mars. Il l’a également accompagné lors d’un de ses premiers porte-à-porte, dans sa circonscription des Hauts-de-Seine. Il recula ensuite. L’objectif était alors d’accroître la notoriété du candidat, peu connu au niveau national. Il est clair que cela n’a pas fonctionné.

Pourtant, deux mois plus tard, ni les déplacements ni les premiers débats n’ont permis à ce stade d’insuffler une dynamique positive à la liste Hayer. A moins de cinquante jours du scrutin, loin d’atteindre le seuil des 20 % espéré au départ, le camp présidentiel décline lentement mais sûrement semaine après semaine. La liste est à 17% des intentions de vote fin avril dans l’enquête électorale Ipsos avec le Cevipof, l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le monde. Soit 15 points de moins que le RN et seulement trois points d’avance sur la liste PS/Public. Alerte rouge.

Dans ces conditions, la majorité souhaite remobiliser les troupes et compte sur le « poids lourd » du gouvernement. A commencer par le numéro 1, Gabriel Attal lui-même – autrefois présenté en Macronie comme « l’arme anti-Bardella »même s’il l’a défendu sur BFMTV le 18 avril.

Le Premier ministre a pour lui d’être habitué aux plateaux de télévision, de ne pas retenir ses coups (et punchlines) sur le Rassemblement national et surtout d’avoir déjà affronté Jordan Bardella lors de l’entre-tour de la présidentielle 2022. De vrais atouts contre le président du RN. Mais aussi une pression supplémentaire sur Valérie Hayer qui a reconnu début mars être « en pleine rodage médiatique » et manquant de notoriété nationale. Contrairement au Premier ministre qui jouit d’une cote de popularité supérieure à celle du président de la République.

Des stratégies contre-productives ?

Dans le même temps, le timing des fuites dans la presse, deux jours avant le débat Hayer-Bardella, pose question, tant les risques sont nombreux pour Valérie Hayer. Il y a d’abord celui de reléguer au second plan son face-à-face avec Bardella. Ensuite, l’image de Valérie Hayer, leader sauvée par le chef du gouvernement, en prend un coup. Alors que se pose la question suivante : la majorité anticipe-t-elle une contre-performance au point de déjà préparer le match retour avec le Premier ministre ?

Résultat : le contexte ne joue pas en faveur de Valérie Hayer. D’autant que le candidat issu du camp présidentiel doit aussi composer avec un Premier ministre qui défend une ligne politique penchant à droite, avec des annonces sur l’autorité, la jeunesse et la sécurité. Ceci, alors qu’elle multipliait elle-même en début de campagne les éléments de langage pour retenir l’électorat de centre-gauche, tenté de basculer vers Raphaël Glucksmann. Là encore, le signal n’est pas clair.

Et une fois de plus, alors que la campagne entre dans son dernier mois et que les courbes ne montent pas, c’est la stratégie du camp présidentiel qui est remise en cause. Le 30 avril, Nathalie Loiseau, députée européenne sortante et porte-parole, a réitéré son regret que son groupe ait « On a trop parlé de nos adversaires et pas assez de ce que nous avons fait ces 5 dernières années. Avant de diviser un  » conseil «  à son collègue de Strasbourg et leader : « Ne vous en prenez pas à Bardella mais imposez-lui plutôt votre histoire, qui elle est, ce qu’elle a fait, ce que nous voulons faire. » Clément Beaune appelle à aller au-delà du « fonderie » de la liste pour se concentrer sur « la vision que nous avons pour l’Europe ». Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’un Premier ministre, leader de la majorité et figure la plus populaire du gouvernement, décide d’entrer dans l’arène.

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Cammile Bussière

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