Coup de théâtre, le consortium Onepoint retire brutalement son offre de rachat
(Article publié le mercredi 26 juin 2024 à 9h09, mis à jour à 9h38) Les rebondissements sont infinis. Ce mercredi, le consortium mené par la société française Onepoint, candidate pour assurer le sauvetage financier d’Atos, lourdement endetté, a annoncé retirer son offre.
» Le consortium Onepoint, Butler Industries et Econocom a constaté que les conditions n’étaient pas réunies pour conclure un accord ouvrant la voie à une solution durable de restructuration financière et de mise en œuvre. » de son projet, annonce Onepoint dans un communiqué.
Cependant, le 11 juinLe conseil d’administration de l’ancien fleuron informatique français a annoncé que » Atos travaillera avec le consortium Onepoint (dirigé par David Layani, NDLR) pour parvenir à un accord définitif de restructuration financière qui sera ensuite mis en œuvre via une procédure accélérée dédiée d’ici juillet 2024. »
Juste après l’annonce de Onepoint, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, autre candidat au rachat, a également renouvelé son intérêt pour la reprise des discussions. Il s’est adressé à « une lettre réitérant son intérêt à participer à sa restructuration financière », a confirmé Atos. En attendant la confirmation de l’acheteur, pour « répondre à la demande de liquidité à court et moyen terme du groupe », Atos indique avoir reçu de ses créanciers « une proposition révisée et globale de restructuration financière « .
» Les discussions se poursuivent avec le comité représentatif des créanciers et de certaines banques sur la base de cette proposition en vue de parvenir à un accord dans les plus brefs délais. « , a-t-il ajouté. De nombreuses annonces qui ont finalement été appréciées par les investisseurs, puisque le titre Atos s’est envolé de 10% en Bourse ce mercredi à 9h30.
Atos doit réduire sa dette de 3 milliards d’euros
Pour rappel, embourbé dans une crise financière depuis près de trois ans, qui a notamment fait chuter sa valorisation boursière à des niveaux inédits en dessous de 2 euros, Atos a engagé en février une procédure de restructuration, sous l’égide de la spécialiste du sauvetage d’entreprises Hélène Bourbouloux, qui avait notamment travaillé sur les dossiers Casino et Orpéa. L’ancien vaisseau amiral du Technologie française » a annoncé début mai avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et souhaitait réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui est d’environ 5 milliards d’euros, pour sauvegarder son activité.
Lourdement endetté, Atos a dû choisir un repreneur. Début juin, deux propositions de restructuration financière étaient à la disposition du groupe : celle de l’EPEI, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, allié au fonds Attestor, et l’autre du consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire, et dirigé par David. Layani.
Onepoint préféré pour le rachat d’Atos
Mais la proposition du consortium mené par Onepoint répondait à plus de critères : « Le Conseil d’Administration a conclu, sous l’égide du Conciliateur, que la proposition reçue du consortium Onepoint est la mieux orientée en termes d’intérêt social d’Atos, y compris ses salariés, clients, fournisseurs, créanciers, actionnaires et autres parties prenantess», précise un communiqué du groupe publié le 11 juin. La proposition respecte également le « principaux paramètres financiers fixés par la Société, assure une structure capitalistique plus solide et fournit notamment une liquidité financière adéquate pour financer l’activité « .
Dans le détail, la proposition du consortium Onepoint comprenait principalement la restructuration de la dette financière du groupe ainsi que la mise en place d’une structure de capital durable. Elle proposait également de convertir 2,9 milliards d’euros de dette existante en fonds propres. Sous réserve d’ajustements finaux », elle s’est accompagnée d’un apport de 1,5 milliard d’euros sous forme de dette et d’une augmentation de capital de 250 millions d’euros, aboutissant à la répartition du capital suivante : 21 % pour le consortium mené par Onepoint et 9 % pour les obligataires.
L’Etat veut reprendre les activités stratégiques d’Atos
Autre dossier brûlant sur la table pour Atos : le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé fin mai son intention de placer Worldgrid, la filiale stratégique d’Atos dédiée à «Télécommande » Les centrales nucléaires françaises, sous contrôle de l’Etat. Une annonce qui s’inscrit dans le cadre de la volonté de l’Etat de racheter les activités d’Atos jugées » stratégique « , pour qu’ils ne tombent pas entre les mains d’acteurs étrangers.
Le 14 juin, un communiqué de l’entreprise révélait que l’État avait fait une offre de 700 millions d’euros pour racheter les activités stratégiques et sensibles du groupe, dont les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire. La proposition de l’Etat, formulée dans un « lettre d’offre de confirmation sans engagement « , concerné » l’acquisition potentielle de 100% des activités Informatique Avancée, Systèmes Critiques et Produits de Cybersécurité de la division BDS (Big Data & Cybersecurity) » d’Atos, a précisé ce dernier. Ces activités incluent les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, les contrats avec l’armée française et les produits de cybersécurité. » Cette offre confirmative, sans engagement, porte sur une valeur d’entreprise globale de 700 millions d’euros. », a poursuivi le groupe.
» Nous avons tenu parole. J’ai toujours dit qu’il fallait préserver les activités stratégiques d’Atos, nous le faisons », a réagi peu après l’annonce du 14 juin Bruno Le Maire. » Nous avons pris nos responsabilités pour acheter (ces activités, ndlr) auprès d’autres sociétés qui pourraient être partenaires « , il ajouta.
Le ministère de l’Économie a également accordé un prêt de 50 millions d’euros à l’entreprise et acquis un « action de préférence » lui permettant d’opposer son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ses supercalculateurs. Cependant, l’instabilité politique actuelle à l’approche de nouvelles élections législatives, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, peut encore rebattre les cartes.
(Avec l’AFP)