Le principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire a eu du mal à mobiliser ses troupes après l’exclusion de son candidat Tidjane Thiam de la course présidentielle d’octobre.
À Abidjan, une capitale économique de 6 millions d’habitants, une marche a été prévue à 9h00 (local et GMT), de la permanence du parti dans le Plateau Business District au tribunal voisin. Mais seulement quelque 200 militants se sont réunis dans les bureaux des partis avant de se disperser. Aucune marche n’a été signalée à l’intérieur du pays.
Plusieurs rues autour de la permanence du parti et du tribunal avaient été achevées au début de la matinée par la police. Le gouvernement avait averti que « le trouble ne sera pas toléré ».
Six mois presque aujourd’hui avant l’élection présidentielle du 25 octobre, c’était un test important pour découvrir si l’adversaire Tidjane Thiam, un banquier international de 62 ans actuellement en France, a réussi à mobiliser ses partisans.
Les périodes électorales sont toujours tendues dans le pays francophone le plus riche d’Afrique subsaharienne, toujours traumatise par la violence mortelle en 2010-2011. Il est devenu un poteau de stabilité dans une région secouée par des coups d’État militaires et des attaques djihadistes.
Lors de la permanence du parti, les militants ont tourné à leur tour l’hymne national, celui du Parti démocrate de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition) alors dansé en agitant de petits drapeaux ivoriens et quelques signes. « Titi Président! » Ils ont chanté – le surnom de leur chef.
Mais à la fin de la matinée, l’enthousiasme s’est replié.
« Nous avons décidé de reporter la marche », a déclaré le chef des députés du PDCI, Simon Doho, à la presse, qui a appelé à des marches avant tous les tribunaux du pays la veille.
Un tribunal d’Abidjan qui devait se concentrer sur une procédure qui peut être en mesure de rejeter Thiam de ses fonctions en tant que président du parti jeudi, a reporté l’audience jusqu’au 8 mai. Une militante du PDCI conteste en effet sa légitimité.
« Nous pensions qu’il n’était pas nécessaire de faire cette promenade », a déclaré Simon Doho, mais « le 8 mai, nous serons présents ».
Maria Blanc, une publicité de 39 ans, a déclaré qu’il était « très déçu » que la marche n’ait pas eu lieu. « Chaque fois que le parti pousse les actions, il retarde le processus pour faire de Thiam le candidat à la présidentielle », a-t-elle déclaré. Mais « ce n’est pas grave, lors de la prochaine réunion, nous y serons », a déclaré Daniel N’Guessan, un informaticien de 31 ans.
– « de la voie à faire » –
« En étant loin de ses bases, Tidjane Thiam espérait se mobiliser largement? Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. C’est le début d’une longue marche politique » pour lui, a déclaré à Afp Ousmane Zina, professeur de sciences politiques à l’Université de Bouaké (Côte d’Ivoire).
Pour le politologue Geoffroy Kouao, le jour de jeudi ne constitue pas « un baromètre parfait pour mesurer la popularité » de Tidjane Thiam.
Les tensions politiques ont progressivement augmenté ces dernières semaines dans le pays, le premier producteur mondial, depuis l’expulsion d’autres opposants, comme l’ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011), exclu de la race en raison d’une condamnation judiciaire.
Mais les choses ont été soudainement accélérées mardi lorsque le tribunal d’Abidjan a remporté M. Thiam de la liste électorale, croyant qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne lorsqu’il s’est inscrit sur cette liste en 2022. La décision ne fera probablement pas appel et ferme donc la porte à sa candidature.
Né en Côte d’Ivoire, il avait obtenu la nationalité française en 1987 et y avait abandonné en mars afin de se présenter à l’élection présidentielle, un bulletin de vote pour lequel un candidat ne peut pas être binational.
– « moi ou personne » –
Tidjane Thiam s’est déclarée déterminée à aller de l’avant: « C’est moi ou personne, nous ne présenterons aucun autre candidat », a-t-il assuré dans un entretien téléphonique avec l’AFP.
Si ses partisans ont dénoncé une décision « politique » visant à rejeter leur candidat, le parti au pouvoir a répondu à ne pas être impliqué dans cette affaire.
« Il a toujours été un cas interne de la PDCI », a déclaré le porte-parole du parti au pouvoir jeudi, le rassemblement des Houphouëttes for Democracy and Peace (RHDP) lors d’un point de presse, croyant également que « l’opposition, avec le PDCI, s’est lancée dans une vaste et intense campagne d’intoxication, de menaces (…) contre le RHDP ».
Pour sa part, le parti au pouvoir n’a pas encore nommé son candidat. Mais le président Alassane Ouattara, 83 ans, président depuis 2011, a déclaré qu’il était « impatient de continuer à servir son pays ».
Publié le 24 avril à 19h33 AFP