Ce fut, pendant plus de deux heures, une délicieuse opposition de styles. Une lutte souvent inégale, jamais ennuyeuse, un combat sur une ligne de crête. D’un côté, un elfe animé par un brin de folie, créatif et excessivement émotif, amoureux du risque. De l’autre, 15 centimètres plus haut perché, un gaillard robuste, à tendance cartésienne, coriace jusqu’à la faute, mais pas hostile au beau gibier, loin de là. Et, entre les deux hommes, des pointes dantesques par moments, quelques échecs vite balayés par des gestes savoureux, ponctués d’improbables revirements.
Comment résumer ce match fou ? Peut-être par la balle de match : le « petit », qui avait infligé douze services au « grand » à la cuillère, a conclu par un as. Des instants de liesse. Vendredi 31 mai en fin de soirée, Corentin Moutet a battu l’Autrichien Sebastian Ofner (3-6, 6-4, 6-4, 6-1), sur un court Suzanne-Lenglen en extase. Pour la première fois de sa vie, à 25 ans, le 79e Le joueur mondial atteint les huitièmes de finale à Roland-Garros. Une première depuis 2020 pour un Français.
Dans les tribunes, à l’approche de minuit, les 10 000 places sont encore largement occupées. Et malgré l’heure tardive, les spectateurs se lèvent d’un bond en criant : « Celui qui ne saute pas, ce n’est pas Moutet, hé ! » Entre les sets, ils chantaient La Marseillaise, enchaîna les olas. Jusqu’à présent, en ce début de tournoi morose, les occasions de s’énerver avaient été rares pour le public français, qui ne s’y est pas trompé. En retour, Corentin Moutet, un habitué des « shows », a livré aux spectateurs un rare résumé d’émotions.
Tout sourire sur le court après son joli tir, le Français savoure au micro : « Bravo à nous, nous avons été forts, merci beaucoup pour votre soutien. » Lui, le gamin de Neuilly-sur-Seine, vient de réaliser un rêve d’enfant : « Roland, en tant que français, c’est un tournoi qui nous accompagne dans notre jeunesse. J’ai vu Nadal gagner 25 fois ici ! J’espère que vous avez apprécié ce soir et que vous l’apprécierez dimanche. » L’affiche sera belle face à l’Italien Jannik Sinner, grand champion du jeu clinique et n°2 mondial.
Quelques heures avant la fin de la folle soirée, tout avait commencé par un premier twist théâtral. En fin d’après-midi, la pluie, omniprésente, devient un peu trop forte. Dans ce Roland-Garros détrempé, où les averses succèdent aux bruines, où le ciel maussade hache les matchs, que penser du match entre Moutet et Ofner, programmé en dernier lieu sur le court Simonne-Mathieu ? Les organisateurs ont alors trouvé une ouverture pour le programmer sur Lenglen, aidés par le Grec Stefanos Tsitsipas, qui venait de remporter son match en trois sets de suite. Avec sa nouvelle toiture, le court offre la garantie d’éviter les coulures et la promesse d’un spectacle ininterrompu. De quoi consoler Moutet, jusque-là vainqueur de ses deux premières manches sur la Simonne-Mathieu.
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