Éteignez le feu. La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 a tenté ce jeudi de calmer le jeu après un incident diplomatique entre son pays et Paris. Dans un discours prononcé mercredi devant les représentants des Etats insulaires, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a dénoncé l’histoire coloniale de la France et les « crimes » du « régime » d’Emmanuel Macron dans ses territoires d’outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie.
La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé quelques heures plus tard, depuis Paris, qu’elle n’assisterait plus à la COP29 après ces attentats, qualifiés d’« inacceptables ». Une absence que certains considèrent avant tout symbolique, l’UE ayant le mandat de négociation pour les 27 Etats membres. Mais « quand un ministre est là, sa voix est davantage écoutée », regrettent d’autres.
L’Union européenne a affiché sa solidarité avec la France et les Pays-Bas, également visés par Ilham Aliev pour leur contrôle des territoires d’outre-mer. « Au-delà de tout désaccord bilatéral, la COP doit être un forum où toutes les parties se sentent libres de venir négocier pour le climat », a réagi jeudi Jacob Werksman, le négociateur en chef de la Commission européenne.
Les mauvaises relations entre la France et l’Azerbaïdjan, liées au soutien de Paris à l’Arménie, ennemi historique de Bakou, se sont exacerbées depuis la reprise du contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh à la suite d’une offensive éclair azerbaïdjanaise, en septembre 2023, au prix de l’exode. de plus de 100 000 Arméniens. Le président français n’est pas venu au sommet des dirigeants de mardi et mercredi.
Malgré tout, la délégation française présente
« Nous avons ouvert notre porte pour que chacun puisse participer à des discussions constructives et fructueuses. Notre porte reste ouverte», a tenté de rattraper son retard ce jeudi Ialtchine Rafiev, principal négociateur azerbaïdjanais pour la COP29, interrogé lors d’une conférence de presse sur l’annulation de la visite du ministre français chargé du climat la semaine prochaine. .
«Le pays hôte a veillé à ce que le processus soit inclusif», a assuré celui qui coordonne au quotidien les difficiles négociations de la conférence des Nations Unies. Il a rappelé que quelque 80 dirigeants étaient venus à Bakou et que « des centaines de ministres » devaient prendre le relais des négociateurs techniques lundi.
Même si ni Emmanuel Macron ni Agnès Pannier-Runacher n’ont fait le déplacement, la délégation française est toujours présente en nombre, avec une quarantaine d’experts interministériels, « autant que les années précédentes », assure le cabinet. du ministre de la Transition écologique.
Près de 200 pays participent aux COP. Le rôle de la présidence du pays hôte est de fournir le cadre permettant de parvenir au consensus par lequel les décisions sont prises. Mais l’incident de mercredi s’ajoute à une ambiance déjà tendue pour cette conférence, organisée dans un pays autoritaire, boudé par de nombreux dirigeants du G20 et assombri par la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis.