Les syndicats de l’hôpital dénoncent un « gaspillage » du budget alors que la direction fait face à un projet de 1,3 milliard d’euros et a dû fermer 100 lits.
Le Centre Hospitalier Universitaire de Nantes a suscité la polémique parmi les syndicats affiliés à son établissement en s’offrant un nouveau logo dont le coût est estimé à 185 000 euros. Le FigaroCette commande intervient alors que le centre hospitalier a été contraint de se débarrasser d’une centaine de lits, faute de personnel, d’ici fin juin 2024. Par ailleurs, la direction est confrontée à un projet de 1,3 milliard d’euros nécessaire au financement de ses nouveaux locaux.
« L’establishment est déjà dans le rouge »
Ornant sa façade, ainsi que ses documents administratifs, cette croix étoilée comporte quatre couleurs vives destinées à véhiculer l’idée d’une « convergence d’énergie positive ». L’énergie a certes convergé vers le CHU suite à son rachat, mais cette dernière ne saurait être qualifiée de positive. Les syndicalistes de Force ouvrière (FO) et de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) sont montés au créneau pour dénoncer la somme dépensée dans un contexte financier qui ne s’y prêtait guère.
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« L’établissement est déjà dans le rouge et nous souffrons en plus d’un manque cruel de personnel, ce n’était vraiment pas le meilleur moment », a déclaré Christophe Quillet, délégué CFDT au CHU de Nantes. Le délégué FO au centre hospitalier Tony Gilbert a dénoncé une campagne de communication mal avisée, pointant du doigt des services en sous-effectifs et des fermetures de lits en psychiatrie, pédiatrie, neurologie et réadaptation. « Nous avons eu un pic de 350 lits fermés l’an dernier. Et ce record est bien parti pour être à nouveau dépassé dans les prochains mois. »
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« Attirer les meilleurs soignants, praticiens et chercheurs à l’international »
La direction du CHU de Nantes revendique de son côté la volonté de créer une marque associée afin d’accroître l’attractivité de l’établissement « à l’échelle nationale et européenne ». Et in fine, « d’attirer les meilleurs soignants, praticiens et chercheurs » pour pallier son déficit de personnel. Par ailleurs, une source proche du dossier a souligné auprès du CHU de Nantes la volonté de créer une marque associée afin d’accroître l’attractivité de l’établissement « à l’échelle nationale et européenne ». Et in fine, « d’attirer les meilleurs soignants, praticiens et chercheurs » pour pallier son déficit de personnel. Figaro le fait que les soignants du CHU se soient montrés « volontaires et plus qu’enthousiastes pour ce projet », puisqu’ils ont été 150 à participer à sa création.
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« La direction rêve complètement si elle pense que cela va faciliter le recrutement, balaye d’un revers de main le délégué FO du CHU. Tout cela est pensé à l’envers : le problème n’est pas d’attirer les soignants, mais de garder ceux qui finissent brisés par la souffrance au travail et par l’épuisement. »
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Le déficit des 32 hôpitaux universitaires français a triplé entre 2022 et 2023, atteignant 1,2 milliard d’euros selon un communiqué des directeurs généraux des hôpitaux universitaires, doyens des facultés de médecine et présidents des commissions d’établissements médicaux daté de janvier 2024. « La capacité d’autofinancement des hôpitaux universitaires, et par conséquent d’investissement, a baissé de 86 % », précise le communiqué repris dans Le monde.