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Controverse autour d’un tableau ressemblant à la Cène

C’est une création gigantesque et résolument historique que Thomas Jolly a proposé pour ouvrir les Jeux Olympiques de Paris 2024, vendredi 26 juillet. « Une gifle aux obscurantistes », pour la députée verte Sandrine Rousseau; « propagande éveillée » pour la députée européenne d’extrême droite Marion Maréchal : le spectacle que la réalisatrice a voulu être celui d’un « humanité partagée » sous la forme d’une ode à la différence fait encore couler beaucoup d’encre.

Celle de la presse étrangère, notamment, qui l’a décrite comme « brillant et émouvant » (BBC), de« Uppercut aux déclinistes » (Le soir), ou de « Spectacle pour l’éternité » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Un tableau en particulier, « Festivité »a suscité la controverse. Vendredi à 21h57, Marion Maréchal, s’adressant à « tous les chrétiens du monde » qui aurait été « je me suis senti insulté », a été déplacé sur X (ex-Twitter) par un « parodie drag queen de la Cène ».

Très vite, sur les réseaux sociaux, les internautes s’interrogent : faut-il vraiment voir, derrière ce nouveau tableau montrant la DJ féministe et militante LGBTQ+ Barbara Butch – coiffée d’une sorte de couronne d’étoiles, et assise parmi des drag queens –, une parodie de la Cène, le dernier repas du Christ ? Certains considèrent que la référence au célèbre tableau de Léonard de Vinci est indéniable.  » Mauvais goût « , « christianophobie », « provocation » résonnant comme un « humiliation pour l’Église » – même « erreur diplomatique » contre « tous les pays chrétiens » s’étant précipités pour participer à la compétition mondiale… La polémique fait rage.

La Conférence épiscopale dénonce des « scènes de dérision et de moquerie du christianisme »

Devant l’ampleur du tollé, la Conférence des évêques de France (CEF) a décidé dès le lendemain matin de publier un communiqué de presse pour dénoncer – sans les nommer spécifiquement – « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme. » Tout en évoquant également « de merveilleux moments de beauté, de joie, riches en émotions et universellement salués » Lors de la cérémonie d’ouverture, elle a assuré de sa proximité « ceux qui ont été blessés par les excès et les provocations » de certaines séquences. « Nous voulons qu’ils comprennent que la célébration olympique va bien au-delà des préjugés idéologiques de quelques artistes », ils écrivent.

Dans la presse, Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne et délégué de l’Eglise catholique en France pour les JO de Paris 2024, assure qu’il « Je me suis senti profondément blessé »Au-delà du giron des tenants d’un christianisme identitaire, la levée de boucliers se polarise au sein des communautés chrétiennes. D’un côté, les fidèles revendiquent le cadre français de la « droit au blasphème »et veulent défendre la liberté artistique et la partialité du réalisateur Thomas Jolly – à qui certains ont publiquement demandé  » pardon «  l’intervention des évêques. D’autres, à l’autre extrémité du spectre, réclament « des masses de réparation » pour tourner la page sur ce qu’ils considèrent comme un « affront ».

Une émotion partagée à l’international

L’émotion s’est aussi largement propagée à l’étranger, provoquant des réactions indignées notamment aux États-Unis – un pays qui accorde une place centrale au cadre de la liberté religieuse. Des évêques locaux très médiatisés, comme Mgr Robert Barron de Winona-Rochester, ont ainsi fustigé une parodie qui ne  » honneur «  à un pays ayant envoyé « tant de missionnaires » dans le monde. Parmi les dernières grandes réactions internationales, le Conseil des Églises du Moyen-Orient a également publié une déclaration, dimanche 28 juillet, déplorant « la moquerie des mystères du christianisme et de ce qui est sacré pour des milliards de personnes » pendant la cérémonie.

Pour Isabelle Saint-Martin, directrice d’études à l’École pratique des hautes études, spécialiste des rapports entre christianisme et arts visuels à l’époque contemporaine, les fortes réactions suscitées par cette séquence à l’étranger s’expliquent.  » La Sainte Cène de Léonard de Vinci est devenue, en Occident, un archétype de l’histoire de l’art. Elle a été copiée, parodiée et reprise à maintes reprises dans l’art mais aussi dans la publicité, souligne le chercheur. Mais son utilisation dans le cadre d’un événement international pose question, car une partie du public peut ne pas avoir le cadre de référence nécessaire pour situer cette œuvre dans le très long mouvement dans lequel elle s’inscrit désormais.

La Cène ou « Fête des Dieux » sur le mont Olympe ?

Il faut cependant noter que tout le monde ne voit pas dans ce passage de la cérémonie une réécriture de la Cène. Les internautes ont rapidement souligné sa ressemblance avec la Fête des Dieux par Jan Harmensz van Bijlert (1635), représentation des dieux de l’Olympe célébrant le mariage de Thétis et de Pélée autour d’un banquet. Devant Apollon, couronné au centre, danse Bacchus-Dionysos.

Interrogé à ce sujet sur BFMTV dimanche matin, Thomas Jolly lui-même a déclaré que la Cène n’était pas  » pas (son) inspiration « soulignant l’arrivée, un peu plus tard, d’un Philippe Katerine justement grimé en Dionysos, « dieu de la fête, du vin et père de Sequana, déesse liée au fleuve ». Une position qui semble pourtant aller à l’encontre de ce que Damien Gabriac, l’un des quatre auteurs du récit de la cérémonie, a commenté sur France Inter samedi 27 juillet.

La scène n’est pas la seule à avoir fait réagir. La chanson du révolutionnaire Ah ! Tout ira bien La scène où Marie-Antoinette était décapitée dans l’encadrement d’une fenêtre de la Conciergerie où elle était emprisonnée a notamment choqué certains spectateurs et éditorialistes. Jean-Luc Mélenchon  » critique «  sur son blog, croyant que « L’humiliation du condamné sera toujours trop grande »Le chef des Insoumis n’aimait pas le « Moquerie de la Cène chrétienne »sans « entrer dans la critique du blasphème « .

Il va sans dire, en tout cas, que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024 aura marqué les esprits de ses détracteurs autant que d’autres.

Cammile Bussière

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