Contrôle technique : les motards plus sérieux que les automobilistes
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Contrôle technique : les motards plus sérieux que les automobilistes

Contrôle technique : les motards plus sérieux que les automobilistes

A Versailles, dans un centre de contrôle Autovision, Christian Delavault croise les doigts pour sa moto révisée mais qui date de 2008. « J’ai un peu peur de devoir payer », confie ce père de famille de 50 ans, qui a repris la moto après une longue pause. Sa puissante Yamaha R1 se faufile entre une Porsche et une petite Toyota pour entrer dans le garage. Freins, guidon, éclairage, pneus : le contrôleur vérifie 77 points en une vingtaine de minutes, pour 70 euros.

L’idée de ce test, en vigueur depuis longtemps dans de nombreux pays européens, est d’améliorer la sécurité des véhicules de catégorie L (motos, scooters et voitures sans permis), mais aussi de limiter leur pollution. Le niveau sonore sera contrôlé à partir du 1er mars 2025, pour sanctionner notamment les pots d’échappement illégaux.

Au début, on n’était pas forcément pour, mais on a un peu changé d’avis.

Depuis la mise en place de cette procédure le 15 avril, 242 000 contrôles de catégorie L ont été effectués en France, selon Mobilians, qui représente les centres de contrôle technique. Plus de la moitié des motos en circulation devront être contrôlées cette année (celles immatriculées avant 2017), selon l’Observatoire des métiers de l’entretien automobile. « Au début, on n’était pas forcément pour, mais on a un peu changé d’avis », confie Romain Thevard, 36 ans, responsable du centre de contrôle technique de Versailles et lui-même motard. « On a vu des choses… Des fuites de joints d’étanchéité (à l’intérieur du moteur, ndlr) sur la fourche ou le scooter d’un ado de 16 ans avec deux leviers de frein qui ne fonctionnaient pas. »

A ce jour, 57% des centres de contrôle technique français ont demandé une extension d’agrément pour contrôler les deux-roues. Il s’agit aussi d’éviter de perdre des clients motards qui font déjà contrôler leur voiture dans le centre, selon Romain Thevard.

La Fédération des motards en colère appelle au boycott

De son côté, la Fédération des motards en colère (FFMC) ne baisse pas les bras. Après un « tour de France des vaches à lait » en juin, elle continue d’appeler au boycott des contrôles techniques et prévoit une manifestation nationale durant le week-end des 21 et 22 septembre.

La FFMC a déposé deux recours au Conseil d’Etat et compte également saisir le prochain ministre des Transports, « pour lui rappeler que les contrôles techniques n’améliorent en rien la sécurité des usagers et ne sont qu’un impôt supplémentaire », fait-elle valoir.

Un taux de retour des visites d’environ 10 %

En tout cas, le premier bilan est fidèle à ce qu’annoncent les motards : les motos (plus de 50 cm3) sont les bonnes élèves de l’ensemble du parc roulant, avec un taux de contrôle technique de l’ordre de 10%, selon Mobilians.

Mais l’obligation de passer le test avant une revente pourrait avoir poussé de nombreux propriétaires à devancer l’appel, toujours selon Mobilians, et donc à présenter des motos conformes. Le rythme de réinspection pourrait ainsi augmenter dans les mois à venir.

Le premier motif de refus est le niveau de pollution, le deuxième est l’usure ou le mauvais état des pneus et le troisième, un manque de visibilité des plaques d’immatriculation, selon Autovision.

22,5% des scooters et 34% des voitures sans permis ont échoué

Les scooters, en revanche, sont dans un état bien pire, avec un taux de recontrôle d’environ 22,5 %. Et les voitures sans permis sont rejetées à un taux de 34 %, notamment en raison de défaillances du châssis ou de problèmes de freinage.

Dépenser de l’argent fait toujours mal. Mais nous le faisons depuis des années pour les voitures, il est logique de le faire pour les motos.

A Versailles, Christian a passé l’examen « avec succès », lui a dit l’inspecteur Louis Olivier, 51 ans. « On se retrouve dans trois ans », lui a-t-il dit. « Mais attention au repose-pied gauche, il a pris un petit coup et il commence à craquer ».

Christian Delavault est soulagé : « Cela fait toujours mal de dépenser de l’argent. Mais on le fait depuis des années pour les voitures, ça a du sens de le faire pour les motos », conclut-il.

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