Contre le trafic de drogue, ce que compte faire le gouvernement de Michel Barnier
CLÉMENT MAHOUDEAU / AFP
Bruno Retailleau et Didier Migaud à Marseille le 8 novembre 2024.
POLITIQUE – Un programme en deux temps. Didier Migaud et Bruno Retailleau, les ministres de la Justice et de l’Intérieur, ont dévoilé ce vendredi 8 novembre depuis Marseille les grandes lignes du plan du gouvernement Barnier contre le trafic de drogue. C’est « une menace » OMS « sape les fondements de notre République »ont insisté les deux ministres.
Le plan contre le crime organisé sera réalisé en deux étapes. A terme, le gouvernement soutiendra le projet de loi transpartisan issu du dernier rapport sénatorial sur le trafic de drogue. L’examen, prévu au Palais du Luxembourg à partir du 27 janvier 2025, s’effectuera selon une procédure accélérée – une seule lecture par chambre -, a indiqué Bruno Retailleau, ancien sénateur et à l’origine de la mission d’information sur le sujet. .
Mais » ce vecteur législatif n’épuise pas toute la lutte contre cette pieuvre », a estimé le ministre. D’autres mesures à mettre en œuvre à court terme ont donc été dévoilées, principalement du côté judiciaire.
· Moyens renforcés et agents de liaison à Bogota
Le ministre de la Justice a annoncé la création « dans les semaines à venir » d’une unité de coordination nationale « responsable de l’évaluation de la menace, de la définition d’une stratégie opérationnelle et de sa mise en œuvre ».
Parallèlement, les ressources humaines seront renforcées dans plusieurs secteurs. Ce sera le cas des équipes du parquet de Paris qui travaillent à la lutte contre la criminalité organisée au niveau national, avec un renfort de 40% et cinq postes de juges supplémentaires seront également créés dans la capitale. Hors du territoire national, le gouvernement envisage de déployer un magistrat de liaison à Bogota en Colombie, premier maillon de la chaîne du trafic de cocaïne notamment.
Bruno Retailleau a également annoncé un « nouvelle organisation administrative » concernant l’OFAST, « fondamental sur un rôle de pilotage, de coordination, d’enquête et d’investigation ». Des moyens supplémentaires seront alloués aux 24 antennes de l’Office de lutte contre le trafic de drogue.
· Un parquet national spécialisé
La création d’un parquet national contre la criminalité organisée (et non contre les stupéfiants, comme évoqué dans le rapport sénatorial) a également été confirmée. Mais en attendant l’indispensable feu vert du Parlement sur ce point, Didier Migaud a promis que « sa main ne tremblera pas » mobiliser les autres moyens dont elle dispose.
La transmission d’informations entre les juridictions sera » OBLIGATOIRE « a-t-il déclaré, déplorant le manque de coordination et de centralisation des informations entre les différentes équipes mobilisées. Il s’est également déclaré favorable à la création de cours d’assises spéciales, composées uniquement de magistrats professionnels, pour « crimes de gangs organisés » liés notamment aux stupéfiants. Utiliser uniquement des magistrats professionnels plutôt que les jurys populaires qui composent normalement les cours d’assises « supprimerait le risque de pressions exercées sur les jurés en vue d’orienter la décision judiciaire finale ».
Bruno Retailleau et Didier Migaud ont également présenté plusieurs mesures visant à faciliter les enquêtes: une évolution du statut des repentis, « Mieux protéger les enquêteurs en contact avec des informateurs »la possibilité d’utiliser une identité numérique empruntée…
· Nouveau cadre dans les prisons
Une partie de l’intervention du Ministre de la Justice a également été consacrée aux changements organisationnels dans les prisons pour « ne pas faire de la détention une caisse de résonance pour les réseaux criminels comme c’est parfois le cas. » Il a donc appelé à la création de « des quartiers spécifiques pour empêcher la poursuite des activités criminelles en prison »un recensement des établissements pénitentiaires les plus à même d’accueillir les détenus du crime organisé et la mise en place d’un « dispositif de détection fine de profils de détenus haut de gamme ».
· Frappez le portefeuille
Enfin, les deux ministres ont plaidé pour des mesures touchant aux ressources des trafiquants, avec des « mesures spécifiques » pour les mineurs qui occupent le plus souvent le bas de l’échelle des trafics (guetteurs, livreurs, etc.).
Possibilité de fermeture par le préfet des commerces soupçonnés de participation au blanchiment, obligation d’ouvrir une enquête patrimoniale dans les enquêtes liées au trafic de stupéfiants, création d’une procédure administrative d’urgence de gel des avoirs… Le ministre de l’Intérieur s’est également prononcé pour « couper l’aide sociale » Et « expulser le délinquant qui fait du trafic de son domicile ». « Le voyou qui conduit un gros moteur doit pouvoir expliquer son financement », il a crié.
Voir aussi sur HuffPost :