Contrat de 3 milliards pour 12 avions
La conclusion des négociations pour la vente de 12 avions de combat Rafale à la Serbie marque un tournant important dans les relations bilatérales entre la France et la Serbie. Cet accord, évalué à environ 3 milliards d’euros, n’est pas seulement une transaction commerciale, mais un geste diplomatique qui pourrait remodeler l’équilibre des forces dans les Balkans. L’implication directe du président français Emmanuel Macron dans cette opération souligne l’importance stratégique de cet accord, qui devrait être officiellement ratifié lors de sa visite à Belgrade les 29 et 30 août 2024.
Des négociations prolongées : entre diplomatie et stratégie militaire
Les discussions entre Paris et Belgrade, qui ont débuté en 2021, ont été longues et complexes, reflétant les enjeux géopolitiques sous-jacents à cet accord. Initialement motivées par la nécessité de moderniser sa flotte aérienne, composé notamment de MiG-29La Serbie a fait le choix stratégique de se tourner vers la France pour remplacer ses avions vieillissants par des Rafale, une décision qui marque un éloignement notable de l’influence russe.
L’accord a été influencé par la volonté de la Serbie de diversifier ses partenariats militaires tout en évitant les sanctions américaines imposées par la législation CAATSA. Belgrade a également exprimé son intérêt pour les munitions avancées telles que les bombes Hammer et les missiles SCALP et Meteor, renforçant ainsi sa capacité de défense.
Le Rafale, réputé pour ses capacités « Omnirole », c’est-à-dire sa polyvalence sur différents types de missions, est un atout majeur pour la Serbie. Cet avion peut effectuer une variété de missions, allant de la supériorité aérienne au soutien au sol, en passant par la reconnaissance et la dissuasion nucléaire.Il est équipé de systèmes électroniques avancés tels que le système de guerre électronique SPECTRA et bénéficie de la fusion multi-capteurs pour une meilleure connaissance de la situation.
Une vente sous haute sécurité
La vente de Rafale à la Serbie n’est pas sans soulever des inquiétudes en matière de sécurité. La proximité de Belgrade avec Moscou et Pékin alimente les craintes d’éventuelles fuites technologiques, qui pourraient compromettre la supériorité technologique du Rafale. Pour la France, cet accord représente toutefois une opportunité de renforcer sa position en Europe de l’Est et d’éviter un alignement de la Serbie sur la Russie ou la Chine.
Le contexte diplomatique européen joue également un rôle clé dans cette transaction. En juillet dernier, Emmanuel Macron avait salué les efforts du président serbe Aleksandar Vučić pour normaliser les relations avec le Kosovo, conformément aux accords de Bruxelles-Ohrid, renforçant ainsi la légitimité de cet accord dans le cadre de la médiation européenne.